Participer, de façon massive, à la décarbonation de l’industrie. Voilà l’ambition de Jimmy Energy qui conçoit, depuis 2020, des mini réacteurs nucléaires. Il s’agit de générateurs thermiques atomiques chargés de remplacer les énergies fossiles. L’innovation y a, bien entendu, la part belle pour cette entreprise qui entend « réinventer le nucléaire ». « Si elle peut être technologique, l’innovation peut également être une nouvelle réponse à un problème existant. Il faut de nouvelles manières de faire pour décarboner, pas seulement de technologies. Nous avons besoin d’innover », décrypte Mathilde Grivet, co- fondatrice et COO de cette start-up innovante. Elle nous dévoile 5 clés de réussite pour avoir un état d’esprit qui vous autorise, vous aussi, à innover.
Soyez étonnée
Souvenez-vous de cette note que vous avez rendue à peine arrivée depuis quelques semaines dans l’entreprise. Vous deviez brosser le tableau de ce qui vous a surpris dans l’organisation et ses façons de faire, forte de votre regard neuf. Le fameux « rapport d’étonnement » est régulièrement effectué par Mathilde Grivet qui a co-fondé Jimmy Energy avec Antoine Guyot, qui, comme elle, vient de l’univers du conseil.
« J’essaye d’avoir un regarde critique quand je vois quelque chose pour la première fois. C’est une forme d’étonnement presque naïf qui permet de remettre en question l’acquis et de ne pas arriver avec des idées préconçues », témoigne l’entrepreneuse. Il s’agit pour l’ancienne élève de Daniélou et d’HEC d’« être entreprenante et créative et de voir ce que l’on fait autrement ». Celle qui dit « apprendre tous les jours », invite vivement à « essayer, tester et challenger l’opportunité telle qu’elle se présente ».
Vous êtes critique ? Tant mieux !
Ne soyez pas dupe. Vous gagnerez temps et efficacité. « Ayez beaucoup de sens critique » conseille Mathilde Grivet incitant à « la prise de recul ». Si vous ne prenez rien pour acquis, la critique se doit, toutefois, d’être constructive. « Il ne s’agit pas simplement de remettre en question mais de réfléchir et de trouver. Par exemple, le nucléaire utilise traditionnellement beaucoup d’outils qui se parlent assez mal entre eux : des logiciels de simulation, d’organisation de projets, d’échange de documents. Cela peut être lourd. Nous avons décidé de mettre en place une plateforme de simulation numérique à un seul endroit, et mon co-fondateur Antoine a codé lui-même cette solution ».
« Aller dans le fond des choses » : voilà son mantra. « Pour faire les choses bien, aller dans les détails, permet d’avancer et de garder la maitrise de ce qu’on fait », témoigne Mathilde Grivet, très sensibilisée aux enjeux environnementaux qui a tenu à avoir un métier « utile » et qui « sert ».
Ne dites pas oui à tout
Oui mais non. « Ne prenez pas ce qu’on vous dit pour acquis ! Ecoutez les retours que l’on vous fait, tout en veillant à bien prendre du recul » conseille Mathilde Grivet, 28 ans. Pour elle, il s’agit de « regarder la réalité avec un nouveau prisme » et d’« aller dans de nouveaux espaces pour innover » même si cela peut étonner d’autres personnes. La COO de Jimmy Energy promeut, ainsi, « une certaine part d’écoute sélective. Avec mon associé, Antoine Guyot, nous savons que nous réagirons au bon moment, s’il le faut. Si on écoute toutes les critiques, on s’arrête tout de suite ». Mathilde Grivet, jeune dirigeante, dans l’univers du nucléaire – un secteur très masculin apporte une nouvelle façon de voir.
Sa différence de perception par rapport à des ingénieurs bien plus âgés, elle en fait un atout pour l’entreprise et pour elle-même. « Cela peut être éprouvant à la longue, mais c’est aussi une vraie force », note-t-elle, affirmant ainsi : « je peux voir les choses autrement ou bien encore détecter les signaux faibles ».
Loin des habitudes
Quoi de pire que le « on a toujours fait comme cela ? » que l’on entend, à longueur de journée, comme un refrain qui se veut rassurer. Il s’agit plutôt de laisser de côté ce qui est installé et convenu. Mathilde Grivet insiste ainsi sur « la capacité à remettre en question des croyances, des habitudes et des manières de faire qui peuvent être très ancrées. C’est quelque chose que mon associé Antoine, qui est à l’origine du projet Jimmy Energy, m’a appris ». Car, elle en est convaincue : « oui, on peut changer les habitudes ».
« Face à une question épineuse, je prends une feuille blanche. Je dessine des colonnes, des cases et des flèches. Je renote les données du problème et m’interroge : ‘de quoi s’agit-il ? de quoi ai-je besoin ?’ », témoigne Mathilde Grivet, COO de Jimmy Energy qui compte maintenant 25 salariés, pour qui, « faire cette pause permet de décaler mon regard et de me détacher des intuitions et de ce qu’on répète tout le temps ». Elle opte pour « le pragmatisme » dans le choix qu’elle pose.
De la détermination
« Allez jusqu’au bout », invite vivement Mathilde Grivet. Pour cela, l’improvisation n’a guère sa place. « Avant de se lancer, un travail d’analyse est nécessaire pour avoir une direction très solide », explique Mathilde Grivet saluant, à cette occasion, la « démarche analytique » de son associé Antoine Guyot, ingénieur.
« Aucune innovation, ne s’est faite du jour au lendemain. Il y a forcément des détours et des demi- tours. Il faut s’interroger : ‘est-ce que je fais un pas de plus vers mon objectif ?’ », conseille ainsi Mathilde Grivet. Elle prône là une attention particulière « qui permet de savoir où l’on va et, en même temps, de rester agile ». Alors, oui, elle est déterminée. Il y a, bel et bien, « de la place pour quelque chose de nouveau ».
Mathilde Aubinaud
