Originaire de Bretagne, Marine Pescot a toujours été sensible à la thématique environnementale à une époque où les ados n’avaient pas encore leur Greta Thunberg. « Petite, j’habitais à la campagne et je vivais donc au rythme des saisons. Et puis j’ai beaucoup voyagé avec mes parents qui travaillaient dans une compagnie aérienne. Mes voyages en Afrique m’ont marquée, car je me suis rendue compte qu’avoir de l’eau potable qui sort du robinet était en fait un vrai luxe », se souvient-elle.
Un intérêt pour l’écologie qu’elle explore aujourd’hui pleinement avec sa société Racing for the Oceans, après un parcours dans la publicité et un dernier poste de Marketing Manager France chez SendCloud. « J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’envie de monter ma structure afin d’établir mes propres règles. Dans les boîtes où j’ai travaillé, je me suis toujours engagée sur les questions de parité, notamment quand j’ai recruté des jeunes femmes », explique-t-elle.
Faire les bonnes rencontres
Avant de lancer Racing for the Oceans, Marine Pescot a notamment imaginé une ligne de vêtements technologiques qui s’adapterait aux contraintes environnementales comme la pollution. « Mais tout le monde autour de moi m’a dit de creuser davantage le concept, alors je ne me suis jamais lancée. Ce n’est que maintenant que je comprends qu’il s’agissait avant tout d’y aller au culot et surtout de rencontrer les bonnes personnes », poursuit-elle.
Et cette bonne rencontre, ce sera celle avec son futur associé Benoît Formet. A l’époque, le garçon s’est lancé le défi un peu fou de traverser l‘Atlantique en solitaire sur le plus petit bateau de course au large du monde, le mini 6.50. Pour réaliser son rêve (la Mini-Transat La Boulangère), Benoît doit réussir à convaincre des sponsors de le financer à hauteur de 180 000€. Et c’est Marine qui va l’aider dans cette tâche.
« Plus que de trouver des financements, je me suis dit qu’il fallait utiliser le bateau comme levier de communication pour les entreprises qui ne peuvent pas sponsoriser d’énormes événements comme la Vendée Globe, mais qui souhaitent s’exprimer sur leur politique RSE à travers des conférences ou encore des animations sur le bateau lors de week-ends de navigation. Et pour moi, le gros sujet à l’heure actuelle pour les océans est le plastique : c’est ainsi qu’est née la marque Racing for the Oceans », raconte la jeune femme.
« Un hôtel de 48 chambres génère plus de 100 000 emballages à usage unique par an »
C’est en cherchant ces sponsors que Marine fait la seconde rencontre déterminante de son parcours entrepreneurial. En effet, son associé Benoît évolue dans le secteur de l’hôtellerie pour lequel il vend des solutions digitales. C’est ainsi que Marine et Benoît vont taper à la porte de Charles-Etienne de Corson, alors Directeur de l’hôtel Opéra Liège.
« Nous lui avons proposé d’organiser des événements pour faire vivre son hôtel à travers le projet Racing for the Oceans. L’idée était de communiquer sur le fait que l’établissement allait prendre un engagement pour devenir plus responsable et consommer moins de plastique. Sauf que Charles-Etienne nous a dit : communiquer c’est bien, mais pourquoi ne pas le faire ? Nous avons dit immédiatement oui, mais nous n’avions aucun réseau de fournisseurs. Et puis le défi était de taille. En quelques mois, nous devions éliminer de l’hôtel tous les plastiques à usage unique », explique-t-elle. Il faut savoir qu’un hôtel de 48 chambres génère plus de 100 000 emballages à usage unique par an !
Bien décidée à relever le défi, Marine quitte son job chez SendCloud et se lance dans l’aventure soutenue par les fondateurs de son ancienne entreprise avec lesquels elle a noué de fortes relations. « Ils m’avaient confié pour mission de monter le bureau à Paris, alors j’ai pu constater que j’étais capable de mener un gros projet de manière autonome, ce qui a renforcé ma confiance en moi », observe-t-elle.
Marine et Benoît commencent alors à chercher des fournisseurs pour entamer la démarche zéro plastique unique, mais la tâche n’est pas facile car ils désirent sourcer du local, du premium, du bio.. le tout à des prix très raisonnables. « Il faut savoir que tout ce que l’on retrouve dans une chambre d’hôtel (shampoing, après-shampoing, savon, crème hydratante, chaussons…) ne coûte que 2€. Aujourd’hui, nous avons réussi à atteindre un coût de 2,70€ par chambre avec nos solutions zéro plastique à usage unique », expose-t-elle.
Objectif zéro packaging
L’objectif était d’éliminer purement et simplement les packagings, tout en préservant une expérience premium, ce qui n’est pas nécessairement le cas avec les gros dispensers fixés sur les murs. C’est en partenariat avec la marque HD Fragance, bien connue du monde de l’hôtellerie, que la solution magique a vu le jour. Un pain de savon capable de faire aussi shampoing et après shampoing permettant ainsi de regrouper les coûts, le tout disposé sur un très joli support accueillant également un savon pour les mains et le visage pouvant faire office de mousse à raser, et une huile sèche dans un contenant en verre.
« Nous avons également cherché à remplacer les cartes des chambres en plastique par des clefs en bois. Mais nous n’avons pas trouvé de fournisseur en Europe, et avons dû aller en Chine, ce qui n’était clairement pas notre but au départ. De manière générale, nous nous sommes rendus compte que beaucoup de marques qui se prétendaient zéroistes dans leur démarche ont elles-mêmes leur propre fournisseur en Chine. Notre but a donc été d’aller à la source pour pouvoir assurer des coûts viables pour l’hôtel », explique-t-elle.
Déjà contactés pour d’autres projets dans l’hôtellerie, Marine et Benoît envisagent deux leviers de développement pour leur entreprise : le premier serait d’évoluer vers un label, et le second de travailler en stratégie pour de grands groupes hôteliers, voire dans les secteurs de l’alimentation ou de l’aérien.
tel, « Notre valeur ajoutée est clairement notre sourcing de fournisseurs qui a été fastidieux. Nous sommes maintenant capables de dupliquer notre modèle, mais nous ne pourrons pas nous investir pour chaque hôtel comme nous l’avons fait pour ce projet pilote, c’est pourquoi nous pensons plutôt au conseil. L’idée n’est clairement pas de porter un jugement de valeur sur les entreprises, mais bien de les accompagner pour qu’elles consomment de moins en moins de plastique », conclut-elle.
Paulina Jonquères d’Oriola
>Feiy quand le digital se met au service de l’écologie
>Positive Impact : 5 business women qui façonnent le nouveau monde