Lili.ai : l’assistante virtuelle qui va révolutionner la gestion de projet

Lili.ai

C’est en travaillant pour une entreprise dans le secteur de la construction que Milie Taing découvre le montant pharaonique que peuvent atteindre les pénalités de retard, avec à la clef des entreprises ébranlées. Afin de retracer et anticiper les difficultés liées à la gestion de projet, la jeune femme fonde Lili.ai en 2016, une assistante développée grâce à l’intelligence artificielle.

Racontez-nous l’histoire de la naissance de Lili.ai ?

Milie Taing :  Après mon master à l’EM Lyon, j’ai commencé un Doctorat pour faire plaisir à mes parents, mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Je suis alors partie en backpacking aux Etats-Unis et au Canada, avant de poser mes valises à Vancouver où je suis restée plus de trois ans. Formée à la gestion de projet, ma spécialité au départ est de manipuler un grand volume de données numériques en macro Excel.

J’ai voulu travailler dans une entreprise du secteur de la construction pour être dans le concret. J’ai découvert que les retards étaient extrêmement graves dans ce domaine, entraînant d’énormes pénalités : on parle de millions, voire de milliards. Dans mon ancienne entreprise, trois chantiers livrés en retard ont mené à un plan social de 100 licenciements durant lequel j’ai vu mes meilleurs amis partir.

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Un jour, mon vice-président est venu me voir pour me demander de retracer l’historique des événements afin de pouvoir exposer la situation au client et récupérer les pénalités. Mais clairement, sur des projets à plusieurs millions, la masse de données est devenue ingérable humainement. C’est comme cela que l’idée de développer un outil a commencé à germer.

Vous qui n’êtes au départ pas ingénieure, comment avez-vous appréhendé ce projet très technique ?

Milie Taing :  A la base, je ne pensais pas réussir à développer une boîte dans l’intelligence artificielle. Je voulais mener mon projet en interne, mais ce n’était pas nécessairement le meilleur moyen. Je me suis donc présentée à un concours de start-up à Vancouver où j’ai terminé dans les quatre derniers sur 180 startups. Mon nouveau vice-président qui assistait à mon pitch est venu me voir pour me dire : « Milie, je vais te faire un cadeau : je vais te licencier, te donner un chèque personnel pour que tu commences, et je t’accompagnerai ».

Après une petite pause, je suis rentrée en France, notamment car nous avons parmi les meilleurs spécialistes au monde de l’IA. J’ai rencontré ma première collaboratrice et associée Floriane le Floch, ainsi que Matthieu Somekh, l’ancien directeur de l’incubateur de l’école polytechnique.

Comment a été accueillie votre idée ?

Milie Taing :  Il y a trois ans, l’intelligence artificielle n’était pas un buzz word comme aujourd’hui. Pour ma part, je me suis mise à l’IA avant tout parce que c’était la solution à mon problème. J’ai eu des retours très difficiles, notamment dans le domaine de la gestion de projet où un homme m’a dit un jour que j’étais une ignorante ! Heureusement, de grandes entreprises nous ont suivis car elles ont compris les enjeux de pouvoir analyser rapidement de grandes masses de données. De plus, elles ont cette discipline de documenter les archives d’un projet.

Vous ne travaillez pour l’instant qu’avec des entreprises qui mènent des projets à plus de 10 millions d’euros. Cette taille critique est nécessaire pour pouvoir entraîner Lili ?

Milie Taing : Effectivement, dans un premier temps, nos algorithmes utilisent la donnée passée pour retrouver les temps forts et établir une chronologie. C’est d’ailleurs ce segment qui nous permet de réaliser un chiffre d’affaires cumulé de 450K. La grande innovation de Lili est de ne pas s’appuyer simplement sur l’analyse des chiffres mais aussi sur le Natural Langage Understanding (NLP).

Les équipes projets s’écrivent au quotidien pour se coordonner, signaler des problèmes et rendre compte d’avancements. Au fur et à mesure, le projet se complexifie pour une multitude de raisons. Sur un chantier, il peut s’agir d’une grève, de la livraison d’un mauvais béton, de la découverte d’obstacles sur le terrain etc. Ce qui est important, c’est de pouvoir établir qui est responsable de quoi afin de mieux répartir les coûts de dépassement en millions, milliards.

Milie Taing, la fondatrice de Lili.ai

Mais Lili.ai entend aller bien plus loin : il ne s’agira pas juste de retracer les événements passés mais bien d’anticiper les problèmes à venir grâce à une plateforme qui centralisera les données en temps réel ? 

Milie Taing : Nous avons effectivement développé une plateforme pour inciter les équipes à mieux documenter le projet au quotidien. Mon objectif premier n’est pas de servir le senior management mais vraiment les équipes, car je sais par expérience comme il est long et fastidieux de rentrer toutes ces informations à la main.

Enfin, la dernière étape consiste à faire travailler nos algorithmes sur cette donnée capturée afin de détecter en temps réel les signaux faibles annonciateurs de difficultés. C’est pour développer cette phase très technique que nous tentons de lever des fonds actuellement. La détection à partir des mots est véritablement une technique de pointe. Nous allons déposer 3 brevets et collaborons avec le corps professoral de Polytechnique.

Cela nous vaut de figurer parmi les cinq dernières équipes européennes du X Prize. Ce prix a pour objectif d’attirer les meilleurs talents et investisseurs pour régler un challenge sociétal. Chez nous, cela se traduit par des projets moins chers de 30% avec à la clé des logements, transports ou énergie moins chers ; et surtout des projets encore plus ambitieux. Lili.ai 

A terme, votre solution devrait aussi être accessible à de plus petites structures ?

Milie Taing : C’est clairement un objectif. La beauté de l’IA est de pouvoir créer des modèles appris sur une grande masse de données et de s’en servir sur des plus petites structures. D’ailleurs, les gros clients qui utilisent notre solution travaillent avec un écosystème de plus petites entreprises et ont besoin que celles-ci soient davantage organisées.

Quid de l’internationalisation ?

Milie Taing : Elle est clairement l’une de nos priorités car le marché américain est énorme, très standardisé grâce au Project Management Institute, et les habitudes de contractualisation y sont plus prononcées.

@Paojdo

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