Les femmes doivent prendre confiance en elles pour conquérir leurs places et ne plus passer à côté de leur carrière ! Tel est en substance le message de la fondatrice de BETC et Présidente executive d’Havas Worldwide, Mercedes Erra : Musclez votre self-confidence !
Qu’est-ce qui fait avancer les femmes ?
Leur belle énergie, à coup sûr. Leur volonté aussi. Qu’est-ce qui les freine ? Leur manque de confiance. En elles-mêmes d’abord. Les racines du mal sont profondes et multiples, mais ancrées dans toutes les cultures du monde. Elles marquent l’enfance, l’éducation, les interdits et les stéréotypes. Les sociétés humaines ont longtemps mis les femmes en position de « confiance faible ». Difficile d’avoir confiance en soi lorsqu’on sait que quelqu’un d’autre, un homme, plusieurs hommes, ont tout pouvoir sur vous. On ne se remet pas d’un système de domination millénaire en une génération.
Les choses changent et les femmes s’émancipent, dans une grande partie du monde.
Mais le déficit de confiance en soi est latent. Lorsque j’annonce une promotion à un homme, il se réjouit, à raison, et se rengorge, sûr de son fait. Lorsque j’annonce la même chose à une femme, elle s’inquiète, doute : est-elle vraiment à la hauteur ? Elle l’est, bien entendu, mais elle a du mal à se le raconter. C’est pourquoi je dis parfois qu’en management, il faut savoir freiner les hommes et pousser les femmes.
C’est aussi pourquoi je suis partisane des quotas dans les secteurs où rien ne bouge depuis longtemps, que ce soit en politique ou dans les conseils d’administration. Il ne faut pas compter sur l’évolution naturelle, trop lente et prompte à se retourner. Il faut mettre en place les femmes et alors, elles verront bien qu’elles y arrivent, qu’elles n’ont rien à envier à leurs collègues masculins, et leur confiance grandira. J’ai un jour fait un slogan pour la Poste qui disait : « la confiance donne de l’avance ».
On pourrait en faire un mantra pour les femmes. Musclez, mesdames, votre self-confidence. On refuse beaucoup moins de choses à quelqu’un dont la confiance en soi est forte et visible. Et quand bien même d’aucuns vous disent alors arrogantes, je suis assez tranquille : entre le niveau moyen d’arrogance des femmes et celui des hommes, il y a encore une belle marge.
On a vite fait de stigmatiser les femmes qui, en matière de pouvoir, utilisent les mêmes armes que les hommes. Mais les tempéraments des femmes sont aussi divers que ceux des hommes et parmi celles qui agissent, qui montent, oui il y en aura aussi d’autoritaires, de têtues, d’orgueilleuses, de caractérielles, et tout autant de normales ! Et alors ? Il va falloir s’habituer. Ce qui me choque, plutôt, c’est lorsqu’on guette l’arrivée d’une femme à un poste élevé, et qu’on s’attelle à saper sa confiance et à la faire tomber.
J’ai vu des femmes d’une rare intelligence, d’un rare talent, se faire débouter de postes où elles étaient éminemment légitimes, parce que leurs confrères masculins majoritaires n’avaient pas envie d’une femme en tête. Ne soyons pas naïves : le lobbyisme masculin existe depuis belle lurette et nous sommes des bleues à côté. Je prône une grande solidarité entre femmes sur ces sujets, car pour mener un combat, qui doit encore l’être, il faut mieux ne pas être divisées.
Lorsqu’on en vient à la création d’entreprise, où intervient l’idée de la prise de risque, la confiance devient primordiale : pour embarquer dans l’aventure les partenaires nécessaires, convaincre les banquiers, les actionnaires, les collaborateurs. Les femmes créent beaucoup d’entreprises, mais ont plus de mal que les hommes à franchir un certain cap, lorsque l’entreprise grandit. Il leur faut beaucoup de courage, pour braver tous les obstacles qui se présentent à elles et les préventions de genre. Je salue toutes celles qui s’attaquent à ce parcours en battantes, et qui vont bientôt faire mentir la statistique.
Mercedes Erra