Homo Entrepreneurus : Quand l’histoire inspire les entrepreneurs d’aujourd’hui

Homo Entrepreneurus

Sandie Giacobi est spécialiste en stratégie marketing BtoB depuis 20 ans. Elle a co-fondé en 2010 l’agence My Marketing Xperience avec sa soeur jumelle Laurie Giacobi. Elle est la créatrice de My Marketing Podcast, un programme qu’elle co-anime avec son associée, classé dans le top 5 des podcast marketing en France.

Passionnée de paléoanthropologie, dans son livre Homo Entrepreneurus (Ed. Eyrolles), elle décrypte les stratégies de réussite de Sapiens et comment les appliquer pour développer et faire durer son entreprise.

Pourquoi certains prospèrent tandis que d’autres disparaissent ? Comment s’adapter à un environnement en perpétuel changement ? Autant de questions auxquelles elle répond dans son ouvrage, en mêlant sciences humaines et stratégie d’entreprise.

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Nous avons voulu en savoir plus sur cette approche originale et sur les clés qu’elle propose aux dirigeants et entrepreneurs en quête de résilience et d’innovation. Interview.

Vous expliquez dans votre introduction que votre passion pour la paléoanthropologie a inspiré ce livre. Qu’est-ce qui vous a frappée dans l’histoire de Sapiens et de ses cousins pour en tirer des leçons applicables au business ?

Sandie Giacobi : Ce qui m’a fascinée, c’est que Sapiens n’a pas survécu parce qu’il était le plus fort, ni même le mieux adapté à l’instant T. Face à des concurrents aussi robustes que Néandertal, il a misé sur la coopération, l’innovation et l’exploration de nouveaux territoires. C’est exactement ce qui fait la différence entre une entreprise qui prospère et une autre qui disparaît : la capacité à percevoir les changements, à s’entourer des bonnes personnes et à ne jamais rester figée.

La naissance de Homo Entrepreneurus est décrite comme un “pari fou”. Quel a été le principal défi pour créer ce “métissage” entre sciences humaines et stratégie d’entreprise ?

Homo EntrepreneurusSandie Giacobi : Le plus grand défi a été de rendre ce mélange accessible et concret. Comment transformer des découvertes scientifiques et paléoanthropologiques en conseils actionnables pour des dirigeants d’entreprise ? Il fallait éviter deux écueils : être trop scientifique et perdre le lecteur, ou au contraire, rester trop superficiel et anecdotique. J’ai donc construit le livre Homo Entrepreneurus comme un pont entre ces deux mondes, en vulgarisant la science tout en la rendant directement applicable au business.

Pourquoi pensez-vous que l’histoire de notre espèce peut éclairer les entrepreneurs d’aujourd’hui ?

Sandie Giacobi : Parce que l’entrepreneuriat, c’est une question de survie, d’adaptation et d’innovation – exactement comme l’histoire de Sapiens. Ce que nous vivons aujourd’hui en tant que dirigeants, nos ancêtres l’ont expérimenté sous une autre forme : faire face à l’incertitude, s’imposer face à une concurrence féroce, affronter les changements… Les stratégies gagnantes existent déjà. Il suffit de les observer et de les adapter.

Vous abordez le “biais du survivant” dans le premier chapitre. Pourquoi est-il si important de se méfier de cette tendance à ne voir que les succès en entrepreneuriat ?

Sandie Giacobi : Parce que ça fausse complètement notre perception du risque et des vrais facteurs de réussite. On entend parler des entreprises qui réussissent, mais jamais de celles qui échouent – pourtant, elles sont bien plus nombreuses. Croire qu’il suffit de copier les gagnants, c’est ignorer tout ce qui n’a pas fonctionné pour les autres. C’est aussi un piège qui pousse à sous-estimer l’importance du contexte, du timing et… du facteur chance.

Dans votre chapitre sur la résilience et la créativité, vous parlez du “combo gagnant”. Pouvez-vous expliquer pourquoi ces deux qualités sont indissociables dans un parcours entrepreneurial ?

Sandie Giacobi : Parce que la résilience sans créativité, c’est de l’obstination. Et la créativité sans résilience, c’est une bonne idée qui ne va jamais au bout. Être entrepreneur, c’est encaisser des échecs, mais aussi savoir rebondir intelligemment. Ceux qui réussissent ne sont pas juste ceux qui tiennent le coup, mais ceux qui trouvent de nouvelles façons d’avancer quand un obstacle se présente.

Vous soulignez que “réussir n’est pas la norme”. Comment un entrepreneur peut-il accepter et tirer parti de cet enseignement dans son quotidien ?

Sandie Giacobi : En arrêtant de considérer l’échec comme un tabou ou la fin de l’histoire. L’échec est une donnée normale du jeu entrepreneurial, pas d’une exception. Au lieu de le voir comme une fatalité, mieux vaut l’intégrer comme un élément du processus d’apprentissage. D’ailleurs, j’aime bien parler de “non-réussite” plutôt que d’échec. On oublie trop souvent que ceux qui réussissent et ceux qui échouent ont en commun le fait d’avoir essayé.

Le storytelling est central dans votre livre. Quels conseils donneriez-vous pour utiliser cette technique de manière efficace dans une stratégie d’entreprise ?

Sandie Giacobi : Le storytelling permet d’ancrer une marque dans l’esprit de son audience en créant une connexion émotionnelle forte. Un bon storytelling doit servir à la fois le message de l’entreprise mais aussi rassembler le public cible autour du message. La répétition est essentielle : une histoire bien racontée une seule fois est vite oubliée. Les marques qui marquent sont celles qui racontent et réaffirment constamment leur message.

Dans un monde où les entreprises dirigées par des femmes sont encore minoritaires, quels sont les atouts spécifiques que vous voyez dans leur manière d’entreprendre ?

Sandie Giacobi : Je ne pense pas qu’il existe des qualités spécifiquement féminines en entrepreneuriat. Les femmes ont tout autant de compétences, d’ambition et de capacité à innover que les hommes! Ce qui est certain en revanche, c’est que la diversité est un levier de performance avéré. Des équipes mixtes, avec des visions et des expériences variées, prennent de meilleures décisions et s’adaptent plus vite aux évolutions du marché. Encourager plus de diversité dans l’entrepreneuriat, c’est bénéfique pour tous, hommes et femmes.

Si vous deviez résumer les trois leçons les plus précieuses que les entrepreneurs peuvent apprendre de Homo Entrepreneurus, lesquelles seraient-elles ?

Sandie Giacobi : D’abord, l’adaptation avant la force : ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais ceux qui savent évoluer le plus rapidement avec leur environnement. Ensuite, occuper le terrain : en business comme dans la nature, la visibilité et la présence continues sont essentielles pour exister. Enfin, la collaboration : Sapiens a prospéré grâce à sa capacité à coopérer et à partager des savoirs. En entreprise, savoir s’entourer et travailler en réseau est un atout majeur pour innover et durer.

À la fin de Homo Entrepreneurus, vous invitez les lecteurs à “agir pour prospérer”. Quelle est la première action concrète que vous recommanderiez à un entrepreneur en plein doute ?

Sandie Giacobi : L’incertitude paralyse, mais il est essentiel d’accepter le risque. Même si c’est très difficile – même pour les dirigeants expérimentés! Cela oblige à sortir du mental et passer à l’action, même petite.  Parlez à votre cible, testez une idée ou même faites-vous accompagnez : mais évitez le statu quo à tout prix.

Vous parlez souvent d’apprentissage à travers l’échec. Quel a été votre échec le plus marquant et qu’en avez-vous tiré ?

Sandie Giacobi : Lors du premier confinement, mon agence My Marketing Xperience a perdu 40 % de chiffre d’affaires. Ce qui nous a permis de tenir est notre modèle économique avec des revenus récurrents, une trésorerie saine et surtout, de rebondir vite. En quelques semaines, nous avons lancé une offre pour répondre aux nouveaux besoins du marché. Cet échec nous a appris qu’être résilient, ce n’est pas juste tenir, c’est savoir transformer un coup dur en opportunité.

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