Lorraine de Gournay : le cachemire de père en fille

Eric Bompard : Lorraine de Gournay, le cachemire de père en fille

C’est dès son plus jeune âge que Lorraine de Gournay a goûté à l’irrésistible sensation de douceur du cachemire. Elle est aujourd’hui Directrice générale de la marque fondée par son père, Eric Bompard, en 1985.

L’aventure Eric Bompard démarre vraiment en 1984 avec la première boutique à Neuilly. Quels sont vos souvenirs des débuts ? 

Lorraine de Gournay : Je me souviens d’avoir surligné des annuaires au Stabilo pour trouver les personnes à qui envoyer le premier catalogue et créer les fichiers clients. J’avais 10 ans, c’était la grande aventure du cachemire qui commençait. En 1985, ce produit n’était pas encore très connu. Et puis rapidement, ceux qui y ont goûté n’ont plus pu s’en passer. Il y a une forme d’addiction au cachemire. Une fois qu’on commence à en porter, on a du mal à mettre autre chose.

Après une maîtrise d’économie à Dauphine, un DEA à Sciences Po et un master à HEC, vous orientez votre début de carrière vers la finance en faisant vos premières armes chez Goldman Sachs. Très peu de temps après, à 26 ans, vous rejoignez l’entreprise familiale. Pourquoi ce revirement si rapide ?

Lorraine de Gournay : Comme j’avais fait des études d’économie et de management, je me suis dit au départ qu’il serait très intéressant de partir à l’étranger, à Londres, pour découvrir le monde de la finance. Au bout de trois ans, j’ai réalisé que pour véritablement donner un sens à ma carrière, il fallait que je revienne à Paris et que je m’ancre dans l’entreprise familiale. Je n’y avais jamais réellement pensé auparavant, mais cela m’est apparu comme une évidence et me tenait beaucoup à cœur. Plus j’évoluais dans le milieu de la finance et plus je le trouvais déconnecté de la réalité. C’est ce qui m’a donné envie d’aller travailler dans une PME. Chaque chose qu’on y fait a un résultat et un impact directs. C’est un univers très concret, à l’inverse de celui que je côtoyais.

Mini Guide Entrepreneuriat

Lorsque vous rentrez chez Eric Bompard, votre mission est de lancer la boutique en ligne. Vous relevez ce pari avec brio puisque le site est aujourd’hui devenu la première boutique de la marque en termes de chiffre d’affaires. Comment les choses se sont-elles faites et pourquoi ce choix ?

Lorraine de Gournay : En 2004, quand on a fait un benchmark pour voir quelles marques haut de gamme avaient un e-shop, nous avons constaté qu’il y en avait très peu. Nous avions le système de vente par correspondance via le catalogue qui existait depuis les débuts de l’entreprise. Cela a été un socle solide pour nous. Notre boutique en ligne est sortie très rapidement, en 5 mois. Depuis, elle a progressé chaque année de 30 à 40% et représente plus de 10% de la totalité des ventes de la marque.

Quels sont les défis que vous fixez aujourd’hui à la marque ?

Lorraine de Gournay : Aujourd’hui, nous avons une version anglaise et française de notre site Internet. Nous lancerons au printemps 2014 un site purement US. En effet, nous nous sommes rendu compte que les Américains achetaient nos produits sans même qu’une version spécifique leur soit destinée. Nous y mettrons en avant le dollar et certaines pièces comme les ultras-fins qui leur plaisent particulièrement.

Nous essayons de creuser les canaux qui vont nous permettre de nous développer à l’international, sur le digital particulièrement, car cela demande moins d’investissements. Pour ce développement, nous nous posons les bonnes questions pays par pays. Récemment, nous avons décidé d’envoyer à nos clients allemands une carte pour la Saint-Nicolas afin d’essayer de générer des ventes en les incitant à acheter pour leurs enfants. Mais nous souhaitons bien sûr également étoffer notre réseau de boutiques à l’étranger.

Qu’est-ce qui fait un bon cachemire ? 

Lorraine de Gournay : Tout commence avec la chèvre. Nous coupons son premier duvet, puis nous allons chercher les poils qui vont faire le cachemire en la peignant. Pour rentrer dans les détails, ce qui compte pour avoir du bon cachemire c’est la longueur du fil : plus il est long mieux c’est, et son diamètre doit être le plus fin possible, sa couleur la plus blanche possible. Sa densité est également primordiale car on paye le cachemire au gramme.

En septembre dernier, la maison a lancé la ligne LABO, une collection exceptionnelle de sept pièces numérotées pour femme et homme. Pourquoi avoir voulu lancer une gamme plus luxe que ce que vous faites déjà ?

Lorraine de Gournay : Il ne s’agissait pas réellement de faire quelque chose de plus luxe que ce que nous faisons habituellement. L’idée était plutôt que nos stylistes se laissent porter par leur exercice de création et ne se mettent aucune barrière. Nous allons voir quel accueil la clientèle réservera à cette nouvelle ligne. Il doit y avoir une trentaine de pièces numérotées, ce qui en fait des pièces d’exception.

Quel est votre quotidien de directrice générale ?

Lorraine de Gournay : Les journées sont très différentes les unes des autres. Je passe bien évidemment beaucoup de temps sur les collections, qui sont les moteurs de la marque. Il y a toujours beaucoup de projets en préparation, des personnes à rencontrer, la relation avec le fournisseur à entretenir, la communication à gérer… Puis tout ce qui vient derrière, comme les ressources humaines, la logistique, l’informatique, la direction financière, etc. Je passe également du temps dans le réseau afin de voir ce qu’il se passe en boutique. Ce que j’aime dans ce travail, c’est son côté très réaliste, le fait d’être tous les jours dans le concret avec le produit et les clients.

Vos bonnes adresses :

Votre restaurant préféré ? Le Café de la nouvelle Mairie, 19 rue des Fossés Saint-Jacques, Paris 5ème, à côté du Panthéon.

Votre boutique préférée ?  La boutique Eric Bompard du 31 rue du Bac, Paris 7ème. J’aime également beaucoup la boutique de design Cassina, située au 236 boulevard Saint-Germain, Paris 7ème.

Votre quartier préféré ? Le quartier de l’Odéon.

Votre institut de beauté préféré ? Ban Sabai, 12 rue de Lesdiguières, Paris 4ème, pour les vrais massages thaïlandais.

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