Comment booster l’ambition des jeunes filles ?

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En tant que cheffe d’entreprise, mère, cadre ou professeure, nous avons toutes un rôle à jouer afin d’asseoir encore davantage l’ambition au féminin. Mais que signifie aujourd’hui avoir de l’ambition ? Comment accompagner au mieux les jeunes filles pour les aider à booster leur ambition ? Regards croisés.

L’ambition au féminin n’est plus un gros mot et l’on ne peut que s’en réjouir. D’après un sondage réalisé par l’institut CSA pour Terrafemina et 20 Minutes en 2013, 69% des femmes âgées de 18 à 24 ans se déclareraient « ambitieuses ». En 2016, un autre sondage réalisé par le site Qapa démontrait même que 34% des femmes concédaient être carriéristes, contre 26% des hommes. Autre point intéressant : une étude menée par IPSOS pour le forum ELLE Active en 2014 révélait que l’ambition féminine était perçue de manière positive par les Français. Les ambitieuses seraient jugées dynamiques (94%), efficaces et courageuses (92%), même si 47% des sondés les trouvaient toutefois égoïstes. Une vision bien plus flatteuse que pour les hommes ambitieux. Acculés de tous les maux puisqu’ils seraient prêts à tout (90%), autoritaires (86%), égoïstes (79%) et arrivistes (77%).

Encore trop d’autocensure

Guide Dev Persot

Pour autant, ces sondages ne peuvent pas obstruer la réalité. Les femmes sont toujours moins nombreuses à monter leur entreprise. Elles demeurent moins bien payées que les hommes, et accèdent plus difficilement aux postes à responsabilité. Professeure émérite à Paris Dauphine, Catherine Léger-Jarniou observe que les freins sont effectivement plus nombreux chez les jeunes femmes. Bien qu’elles réussissent globalement mieux leurs études que les garçons, les filles passent moins à l’acte de création. Qu’il s’agisse de monter leur boîte ou juste d’aller travailler à l’étranger par exemple. Souvent, elles s’autocensurent, car elles craignent de ne pas être à la hauteur. Je fais tout pour les pousser, quelle que soit leur ambition », témoigne-t-elle.

Un mot dont les contours ont changé

Car la question est là : Qu’est-ce qu’avoir de l’ambition ? Il apparaît aujourd’hui très clairement que les jeunes générations ne désirent plus faire carrière. Le terme d’ambition n’est plus employé par les 18-25 ans. Ce qui compte pour eux, c’est d’avoir un job qui leur plaît, et d’équilibrer leur vie personnelle et professionnelle. Avoir de l’ambition, ce serait « devenir la meilleure version de soi-même, et surtout oser devenir la personne que l’on rêve d’être », estime de son côté Sylvie Bernard-Curie*, psychologue du travail et DRH chez KPMG. L’ambition des jeunes filles ne serait donc pas liée aux hautes études. Mais plutôt à la capacité de se lancer corps et âme dans ce qui nous fait vibrer.

« Bien sûr, il faut parfois pousser les enfants qui choisissent certaines voies parce qu’ils craignent de ne pas avoir le niveau par exemple. Mais d’autres peuvent être passionnés par des métiers qui ne nous parlent pas. En tant que parent, il faut parvenir à rester ouvert, à s’intéresser aux centres d’intérêt de son enfant, à faire preuve d’humour et de recul », conseille-t-elle. En fait, il est possible de prôner l’excellence dans tout, peu importe le domaine choisi. Si votre fille rêve de devenir danseuse à l’opéra, pourquoi museler son ambition dès le plus jeune âge ?

Des choix parfois durs à assumer

Lorsque l’on parle d’ambition au féminin, il est impossible d’éluder la question de la maternité qui est encore perçue comme un frein. À 42 ans, Julia est account executive pour une société d’assurance et mère de 3 enfants dont une fille de 13 ans. Pour elle, avoir de l’ambition, c’est se donner les moyens de réussir ! Et ce, sur tous les fronts. C’est conjuguer sa vie professionnelle avec sa vie personnelle et éventuellement maternelle, sans se restreindre parce que l’on est une femme. Mais c’est surtout assumer ses choix.

Un équilibre qu’elle reconnaît avoir du mal à trouver. Souvent partagée entre le désir de se donner à fond dans son travail, et la peur de passer à côté de sa vie de maman. « J’ai des amies qui assument pleinement de faire passer leur carrière avant leur famille, et d’autres qui sont heureuses de rester à la maison. » J’admire toutes ces femmes parce qu’elles sont pleinement en adéquation avec leurs désirs. J’aimerais vraiment que ma fille soit totalement à l’aise dans les choix qu’elle fera.

Je lui dis souvent que je suis fière d’elle et que je la soutiendrai. Même si je n’approuve pas ses choix. D’après Sylvie Bernard Curie, la clef de cet équilibre entre deux vies serait la capacité à s’ancrer totalement dans le présent. « Je me souviens pour ma part que j’étais à la maison le mercredi, mais que je n’étais pas pleinement disponible pour ma fille », regrette-t-elle.

L’importance des rôles modèles

Que l’on soit homme ou femme, les rôles modèles jouent un rôle prépondérant dans notre construction. Fort logiquement, le premier rôle modèle d’une fille, c’est sa mère. Et le rapport que le père va entretenir avec l’ambition de sa fille. En tant que parent, chacun doit être capable de prendre du recul sur ses propres stéréotypes. Un élément clef pour Julia qui s’efforce de renvoyer à son adolescente une image de femme épanouie. Même si elle ne craint pas non plus de lui montrer ses faiblesses.

La mère de famille met aussi un point d’honneur à ce que ses garçons participent pleinement aux tâches ménagères. « Ma mère ne travaillait pas et je me suis clairement construite en opposition. » Pour moi, l’indépendance financière est cruciale. Tant pour pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants, que pour m’offrir un sac à main. Je pense qu’il aurait été plus facile pour moi d’assumer mes choix si je n’avais pas grandi dans une famille aussi traditionnelle.

En dehors du foyer, les rôles modèles peuvent aussi être trouvés auprès d’amis et proches de la famille. D’après Sylvie Bernard Curie, il est important qu’ils gravitent dans des secteurs très variés. « Ces rôles modèles doivent pouvoir se trouver dans tous les domaines, et aussi, être atteignables », estime-t-elle. Enfin, il y a le monde des affaires, où les modèles féminins sont peu présents.

« Tous les jeunes rêvent de devenir des Mark Zuckerberg ou Xavier Niel. Mais il existe de nombreuses femmes qui réussissent très bien dans les affaires, mais souvent, elles communiquent peu sur leur parcours. C’est pourtant important pour inspirer d’autres jeunes filles », regrette Catherine Léger-Jarniou. Pour y remédier, la professeure nous confie travailler l’esprit entrepreneurial chez ses élèves. Peu importe leur futur domaine d’exercice : « c’est facile à dire mais le mot d’ordre reste toujours le même : just do it ! ».

@Paojdo

*Sylvie Bernard Curie est co-auteure avec Christophe Deval de deux ouvrages sur le développement personnel : «  Simplifiez vos relations avec les autres » et « Bien dans sa vie, bien dans son job », Interéditions

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