Avec OMINI, Joanne et Anna lancent la nouvelle génération de tests sanguins portables

OMINI

Faciliter le suivi à distance des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires : telle est l’ambition de Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya, deux scientifiques qui ont récemment levé 1,7 millions d’euros pour lancer l’industrialisation d’une nouvelle technologie de tests sanguins portables utilisant des biocapteurs brevetés : OMINI

L’une est docteure en biochimie, diplômée de l’ENS, et libanaise (Joanne). L’autre est docteure en bioélectronique, diplômée de Polytechnique, et Russe (Anna). Toutes deux partagent un amour inconditionnel pour les sciences, « sans doute la meilleure discipline pour quiconque désire transformer le monde », lance Joanne Kanaan. Car avoir un impact positif le plus large possible est sans aucun doute leur mission première.

Avec OMINI, Joanne et Anna lancent la nouvelle génération de tests sanguins portables

A l’origine d’OMINI, il y a cette technologie développée par Anna lors de son doctorat, et qui aurait pu être utilisée dans de nombreux domaines. En effet, ses biocapteurs brevetés peuvent analyser tous les liquides, qu’il s’agisse des fluides corporels (sang, salive, transpiration…), de la qualité de l’eau, du lait etc. On imagine donc aisément ses multiples applications. « Au départ, nous avons essayé d’éviter le sujet de la santé, car on savait que c’était éminemment compliqué d’un point de vue juridique mais aussi technique, car le sang contient une multitude de biomarqueurs. Mais au final, c’était inévitable de commencer par le secteur de la santé qui nous permet d’aider un maximum de personnes », souligne Anna.

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Une solution fiable, rapide et à bas coût

Aujourd’hui, Joanne Kannan et Anna Shirinskaya travaillent donc sur un boîtier permettant de réaliser des tests sanguins à domicile, afin d’améliorer le suivi des personnes atteintes de pathologies cardiovasculaires avec un premier prototype pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque (en parallèle, leurs recherches se portent aussi sur les infections, les maladies inflammatoires ou encore les cancers). Une goutte de sang est ainsi prélevée et analysée à l’aide des biocapteurs, qui envoient ensuite l’information à un boîtier via un signal électronique. L’avantage de leur technologie, qui s’inscrit dans la démarche de la médecine décentralisée et personnalisée, est que les patients et les médecins recevront des informations fiables au jour le jour pour adapter le traitement si nécessaire, et donc éviter de possibles complications. « De surcroît, en plus d’être fiable et précise, notre technologie est peu coûteuse. Avec OMINI, une même puce peut analyser différents biomarqueurs, ce qui n’est pas le cas avec les autres puces présentes sur le marché. Cela représente donc une économie considérable, d’autant plus que nous travaillons sur un prototype pouvant être industrialisé à grande échelle », poursuit Anna.

Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya, fondatrices d’OMINI

Un duo complémentaire

Pour les aider dans cette phase de prototypage et d’industrialisation, les jeunes femmes ont récemment levé 1,7 millions d’euros auprès de l’investisseur deeptech Entrepreneur First et 6 réseaux de Business Angels de renom (BADGE, AMBA, Angel Santé, INSEAD BA, WeLikeAngels, PSBA) ainsi que des Business Angels stratégiques et la BPI. C’est d’ailleurs au sein d’ Entrepreneur First que les deux jeunes femmes se sont rencontrées. « Il s’agit d’un programme dans lequel on dispose de 3 mois pour trouver un cofondateur afin d’élaborer un projet. A la fin, si le jury est convaincu, on bénéficie d’un investissement en phase d’amorçage », explique Joanne. Pour les deux scientifiques, il n’a fallu que deux journées pour qu’elles trouvent le match parfait. « Nous avons des caractères très différents, mais j’ai immédiatement eu l’intuition que nous avions quelque chose à faire ensemble. La technologie d’Anna était formidable, et de mon côté j’avais envie de me concentrer davantage sur la stratégie ou encore la communication avec les investisseurs, en plus d’apporter mes connaissances en biochimie. Ensemble, on travaillait vite. Au final, nous avons pris un peu de l’autre dans notre manière de faire, et avons co-construit nos méthodes de travail.», poursuit Joanne.

« Dans l’entrepreneuriat, rien n’est facile »

Muées par un désir commun de sortir de la sphère de la recherche pour donner des applications concrètes à leurs savoirs respectifs, Joanne et Anna comptent aujourd’hui 4 autres salariés à temps plein et 2 stagiaires. « Dans l’entrepreneuriat, rien n’est facile. Tout est nouveau pour nous », indique Anna. « C’est cette polyvalence qui fait la beauté de la chose. Pour lever des fonds, nous avons dû revoir notre business plan. Aujourd’hui, notre challenge est de manager des équipes, et de sortir un prototype avant de nous attaquer aux essais cliniques et à la certification », précise Joanne. Les deux jeunes femmes espèrent d’ailleurs pouvoir produire leur boîtier en France, « comme une contribution au pays qui nous a accueillies, et a minima en Europe », affirme Anna qui nous confie avoir eu un coup de cœur pour la culture française et particulièrement Paris.

« Il ne faut jamais se poser la question de son genre »

Alors que leurs parcours forcent le respect, qui plus est dans la deep tech, pour ces deux scientifiques, la question du genre n’a pas lieu d’être. « Si une jeune fille a envie de se lancer dans les sciences, elle ne doit surtout pas se censurer. C’est vrai, il y a plus de garçons, mais nous ne sommes ni mieux ni moins bien que les hommes », résume simplement Anna.  « Je ne me suis jamais posé la question de mon genre, et je ne crois pas qu’il faille se la poser. Sinon, c’est déjà se mettre un premier frein. Je suis scientifique, c’est tout,  ajoute Joanne. C’est assez amusant car avec Anna, nous venons de deux pays très marqués par le patriarcat, alors qu’ici, l’histoire du féminisme est plus ancrée. Mais je crois que fondamentalement, qu’on soit un homme ou une femme, quand on grandit dans un pays sans certitudes, notre ambition nous porte encore plus loin. Pour finir, si je devais encourager les jeunes filles à aller vers les sciences, je dirais que notre force en tant que femmes – si nous devions en avoir une – c’est de mêler la rigueur analytique à la créativité et l’intuition, ce qui nous permet d’explorer le champ des possibles. Quand on est une personnalité curieuse, les sciences sont une source intarissable d’apprentissage ». Alors à toutes les jeunes filles qui lisent ces lignes, foncez !

Paulina Jonquères d’Oriola

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