Activité à l’arrêt : elles tentent de rebondir

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Coiffure, restauration, prêt-à-porter... Ce troisième confinement a été synonyme de fermeture pour bon nombre de commerces déjà impactés par la crise sanitaire. Pourtant, il a aussi été l’occasion pour certaines entrepreneures de faire preuve d’imagination pour diversifier leur activité et garder le contact avec leurs clients. Rencontre avec trois d’entre elles.

Trois confinements en l’espace de quelques mois, voilà de quoi mettre à mal bon nombre d’entreprises contraintes de fermer leurs portes au public. Mais pour rester actives et ne pas mettre la clé sous la porte, certaines ont saisi l’occasion pour se réinventer. 

Activité à l’arrêt : elles tentent de rebondir

C’est ce qu’a fait Angélica Louaintier, co-gérante depuis quatre ans avec son mari François, de la boutique de vêtements « Le repère des filles » à Coutances dans la Manche. « L’annonce du premier confinement nous a fait l’effet d’un coup de massue. On venait tout juste de ré-ouvrir le magasin après trois semaines de travaux. Mais on s’est rapidement motivés. J’ai proposé des looks sur notre page Facebook sans pour autant être dans une démarche de vente à distance. Mais ça a plu. Alors j’ai testé un live et on a eu beaucoup de personnes connectées… et des commandes », se souvient Angélica. Rapidement, ce rendez-vous s’installe chaque dimanche. Le reste de la semaine sert à préparer et expédier les commandes.

Résultat, pendant les deux mois de ce premier confinement, la boutique de prêt-à-porter féminin effectue 500 envois ! « Ca a tellement bien marché qu’on rachetait des collections ! On n’a pas réalisé un chiffre d’affaires aussi bon que si le magasin avait été ouvert, car on avait une évolution de 80% de vente en boutique par rapport au mois de mars 2019. Mais on n’a pas perdu d’argent et on a réalisé un chiffre comparable à celui de l’an passé », ajoute Angélica. L’opération leur a également permis de toucher un public plus large, leur page Facebook est passée de 15 000 à 22 000 fans en un an.

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Quand le second confinement a été annoncé, Angélica et François ont été moins stressés. Ils se sont de nouveau appuyés sur leur page Facebook et leurs lives pour maintenir le contact avec leur clientèle et présenter les tenues à shopper. « On s’adapte. On a vite compris que le numérique, c’est l’avenir. Le site Internet devrait d’ailleurs sortir courant décembre », annonce Angélica. Un pas de plus qui devrait leur permettre de pérenniser la vente à distance en complément de celle dans leur magasin.

Tutos coiffure, e-boutique et appels aux clients

Toujours en Normandie, à Caen cette fois, Aline Legoupil est à la tête de deux salons de coiffure, Atmosph’Hair et Madame Monsieur, ouverts en 2004 et 2018. Elle aussi a du s’adapter à ces confinements. « Ca a été une grosse claque, une surprise. Pour le premier confinement, on a fermé le samedi comme si de rien n’était et le soir on a appris le confinement. La première semaine, ça a été la grosse angoisse. Mais mon mari qui est aussi mon expert comptable m’a vite rassuré sur la partie financière.

Il faut reconnaître qu’en France on est très bien aidés. Je suis également formatrice pour la marque internationale Redken du groupe L’Oréal, et quand j’ai discuté avec des collègues d’autres pays, eux n’avaient pas le droit à des aides gouvernementales », reconnaît Aline. Très dynamique, la coiffeuse ne reste pas à rien faire pour autant. Elle tourne tous les jours des tutos coiffure qu’elle diffuse sur ses réseaux sociaux. Elle poste des photos de l’équipe, des vidéos, fait des lives et appelle même ses clients qui ne sont pas sur les réseaux sociaux pour garder le contact. « On est parfois leur unique lien social. On s’est rendu compte de l’impact qu’on pouvait avoir dans la vie des gens », confie Aline.


Ce deuxième confinement, l’entrepreneure ne l’avait pas vu venir. Au lendemain de l’annonce de celui-ci, d’eux-mêmes tous les salariés sont revenus travailler au salon pour une longue journée. « Ca a été un vrai élan de générosité de la part de tout le personnel. On a eu une journée de folie. On a fait le chiffre d’affaire de 3 ou 4 jours en une journée », se rappelle Aline. Elle venait d’ouvrir début octobre une boutique en ligne pour vendre des shampoings, soins capillaires, kits racines… « Ca marche très bien et on constate qu’il y a un vrai élan de solidarité envers nos petits commerces.

Ces ventes en ligne, c’est un petit plus pour nous qui représente environ 10% de notre CA. Ça paye le loyer mais ce n’est pas là-dessus qu’on fait notre mois », nuance la jeune femme. Pendant ce deuxième confinement, l’enjeu pour elle était aussi de garder le contact avec sa clientèle comme elle l’avait fait au printemps. Elle en a aussi profité pour végétaliser le salon afin de créer une petite surprise pour  le retour des clients dès samedi.

« Je tiens à dire qu’on a une corporation extraordinaire. En tant que formatrice, j’avais à chaque fois entre 50 et 100 coiffeurs connectés pour mettre ce temps de pause à profit en se formant. Personne ne s’est reposé sur ses lauriers pendant cette période », lance Aline dont le carnet de rendez-vous est déjà plein pour les quinze prochains jours.

Des plats à emporter, des livraisons et une ligne de biscuits de Noël

Les restaurants, en revanche, devront patienter  jusqu’au 20 janvier pour accueillir à nouveau des clients. Une période compliquée depuis de longs mois et qui a amené Nathalie Coranti, la cheffe du restaurant Le 292 à Grenoble, à repenser les choses autrement. Au printemps, elle a fait appel aux livreurs à vélo installés depuis peu dans son quartier pour se lancer dans la livraison de plats. De la mi-mai jusqu’à la réouverture de son restaurant le 5 juin, elle a pu tester ce concept de vente à emporter et de livraison.

« J’étais seule en cuisine et il fallait que je suive les commandes et les traite rapidement pour que les livreurs les récupèrent. J’ai du simplifier ma carte pour que ça corresponde à ces exigences de rapidité et de coût plus abordable. Il faut accepter de ne plus être dans notre proposition habituelle, mais on reste dans des produits frais, de saison et le fait maison », explique Nathalie.

Une première expérience courte mais utile pour rebondir lors de ce second confinement. En moins de 48h, Nathalie a repris la vente de plats à emporter et les livraisons avec l’aide de Migueline, une stagiaire nouvellement arrivée. « Il faut que les gens s’habituent à cette nouvelle proposition et qu’on gagne en visibilité. Pour l’instant, c’est loin d’être probant mais la semaine dernière, on a doublé nos commandes », déclare Nathalie.


En parallèle, elle travaille d’arrache-pied avec sa stagiaire et Camillo, son employé de salle, sur une ligne de biscuits de Noël. Celle-ci sera vendue sur leur future e-boutique à côté de foie gras, pain d’épices et autres produits gourmands pour les fêtes de fin d’année. « Décembre est un gros mois pour nous. Depuis le confinement, on cuisine 10 heures par jour.

On a fait un travail énorme en très peu de temps, on a l’impression d’avoir vécu trois ans en un mois ! Ce projet nous a donné le moral, ça a été formidable. C’est une joie partagée avec cette jeune équipe. Migueline et Camillo ont 19 et 20 ans et ne sont pas du tout dans le catastrophisme. Ca a montré le potentiel de ces deux jeunes. Quoi qu’il se passe, je ne regrette rien. On a limité la casse : je peux payer les matières premières, les charges, le salaire de mon employé… On ne sait pas si ça va marcher mais on fait tout pour. Et si ça fonctionne, on pourra enchainer sur d’autres projets », espère Nathalie.


En attendant, elle continue de travailler sur sa ligne de biscuits joliment prénommée « Migueline et Camillo ». Quant à sa e-boutique, elle devrait être en ligne début décembre sur son site Internet. Avis aux gourmandes !

Dorothée Blancheton

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