3ᵉ Baromètre du rapport au travail : en 2025, les actifs français reviennent vers l’employeur

baromètre rapport au travail 2025

L’EM Normandie et Actual group, en partenariat avec Le Point, dévoilent la troisième édition de leur baromètre semestriel sur le rapport des Français au travail. Deux ans après le lancement de cette étude de référence, une conclusion s’impose : dans une France économique en demi-teinte, les actifs réinventent leur manière de s’adapter – et beaucoup prennent le chemin du retour vers l’entreprise.

Un contexte économique qui freine les ambitions sans totalement inquiéter

Le second semestre 2025 ne ressemble ni à une crise franche, ni à un rebond solide. Croissance molle, climat des affaires atone, investissements repoussés : les entreprises avancent à petits pas.

Elles résistent, pilotent leurs trésoreries, contrôlent leurs coûts, mais hésitent à engager des transformations structurelles.

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Dans ce paysage prudent, le baromètre montre une dynamique claire : les individus revoient leurs plans de carrière à la lumière de cette incertitude généralisée.

Le salariat : le grand retour d’une valeur refuge

Alors que la période post-Covid avait vu exploser les aspirations à l’indépendance, les chiffres 2025 racontent tout autre chose.

Freelances et entrepreneurs, autrefois mus par un désir de liberté ou d’aventure professionnelle, sont nombreux à chercher aujourd’hui à rejoindre ou réintégrer une entreprise.

Le salariat gagne en attractivité, non par passion, mais par pragmatisme : sécurité économique, stabilité, protection sociale.

Un accès à la formation toujours plus inégal

Le baromètre révèle une tendance préoccupante : le fossé de l’accès à la formation s’élargit.

Les salariés déjà les mieux formés continuent de bénéficier d’opportunités, alors qu’une catégorie « invisible » se fragilise.

Ces actifs, parfois oubliés des plans de formation, parfois victimes de l’attentisme stratégique des entreprises, s’exposent à un risque de décrochage durable.

Dans un monde du travail en transformation permanente, la formation devient le facteur discriminant majeur.

Quatre voies d’adaptation : une France du travail en archipel

Le baromètre 2025 identifie quatre grandes trajectoires qui structurent l’évolution des actifs.

Les Avant-gardistes (8,1%)

Ultra-employables, fortement qualifiés et autonomes, ils restent attirés par l’entrepreneuriat ou le freelancing. Mais le contexte refroidit les velléités : leur nombre a été divisé par deux en six mois.

Les Éclaireurs (7,8%)

Autre moitié de ces profils initialement indépendants, les Éclaireurs choisissent de revenir en entreprise.

Un retour vécu parfois comme une revanche du salariat… mais aussi comme un renoncement, source possible de frustration. L’agilité devient alors un impératif plus qu’un choix.

La trajectoire du déclin (16,7%)

Ce groupe inquiète : accès restreint à la formation, perte de confiance, employabilité qui s’érode. Ils glissent progressivement vers un décrochage silencieux.

Victimes collatérales des arbitrages RH minimalistes, ils incarnent le risque le plus fort du marché de l’emploi français.

Les Stables (59,4%)

Majoritaires, ces salariés inscrits durablement dans le salariat dépendent largement des décisions organisationnelles et des fluctuations macroéconomiques.

Optimistes ou pessimistes, ils constituent la colonne vertébrale du marché de l’emploi.

Former pour éviter le décrochage : un impératif national

Pour Jean Pralong, enseignant-chercheur en ressources humaines à l’EM Normandie et pilote de l’étude, l’enjeu est clair : « Cette fragmentation n’est pas une fatalité. Former renforce la capacité à s’orienter, et s’orienter facilite l’accès à la formation. Mais ce cercle vertueux profite principalement aux plus qualifiés. Sans une stratégie massive d’adaptation des compétences, la France risque un décrochage industriel et social majeur. »

Son analyse pointe une urgence : recycler les compétences des populations intermédiaires et fragiles. Sans cela, les inégalités risquent de se cristalliser durablement.

Pour Actual group, l’accès à la formation devient le cœur du contrat social

Samuel Tual, Président d’Actual group, acteur majeur de l’emploi en France, insiste sur la responsabilité collective : « Ce troisième baromètre révèle une France du travail qui se fragmente. L’accès inégal à la formation devient un enjeu majeur. Nous devons investir massivement dans des parcours réellement inclusifs pour sécuriser les parcours, soutenir l’employabilité et ne laisser personne au bord du chemin. »

L’équation est simple : confiance + compétences = employabilité durable.

Une France du travail en transition, mais pas résignée

Au terme de cette troisième édition, un constat s’impose :
les actifs s’adaptent, mais l’écosystème doit suivre.

Le baromètre met en lumière une France prudente, réaliste, mais lucide sur les transformations à l’œuvre. Revalorisation du salariat, inquiétude autour de la formation, polarisation des trajectoires : autant de signaux qui invitent les entreprises et les institutions à agir.

2026 s’annonce comme une année charnière : celle où l’on saura si la France choisit la cohésion… ou laisse s’accentuer les lignes de fracture.

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