Les émotions sont souvent perçues comme des ennemis dans le monde du travail. Mais nier leur présence est en réalité totalement contre-productif. Pour apprendre à mieux gérer vos émotions, suivez les conseils de Sophie Morin, psychothérapeute, psychologue du travail et auteure de « Vivre mieux au travail, s’affirmer et réguler ses émotions » (éd. Odile Jacob).
Conseil n°1 : voir les émotions comme des alliées
« Nous percevons les émotions comme des ennemis car nous sommes majoritairement soumis à au moins un message contraignant, à l’image de “sois fort”. Nous pensons que montrer nos émotions fait de nous des personnes faibles », affirme Sophie Morin. Pourtant, les émotions nous accompagnent depuis des millénaires, et sont indispensables à notre survie car elles nous donnent des informations. Par exemple, la peur nous renseigne sur notre sécurité, la colère nous aide à préserver notre intégrité, et la tristesse nous questionne sur le sens, le besoin de renouveau ou de changement. Au travail, les émotions vont nous aider à développer notre empathie, et ainsi nous permettre d’adapter notre communication.
Par exemple, une expérience célèbre menée dans les assurances par Martin Seligman a démontré que des candidats moins bons techniquement mais avec un niveau élevé d’optimisme avaient un chiffre d’affaires de 57% supérieur aux autres en deux ans. « On sait aussi que les émotions aident à mémoriser plus facilement », explique la psychologue. Chez les dirigeants, les émotions permettent de développer l’intuition dans la prise de décisions, qui n’est, selon la spécialiste, rien d’autre que le fait de comprendre si l’on a ressenti une émotion positive ou négative. « On a démontré que les personnes qui avaient plus de leadership avaient une bonne intelligence émotionnelle », poursuit-elle.
Conseil n°2 : accueillir les émotions
Bien souvent, lorsque nous ressentons une émotion, surtout si elle est négative, nous ne pouvons pas nous empêcher de la juger. Ce jugement va entraîner une pensée négative qui va renforcer l’émotion négative, et ainsi créer un cercle vicieux. De plus, « si nous n’écoutons pas nos émotions, celles-ci vont crier encore plus fort », affirme Sophie Morin. Nous allons donc perdre de l’énergie inutilement à tenter de réfréner nos émotions qui sont là pour nous livrer un message. « Lorsque l’on se dit que l’on ne doit pas pleurer, c’est en général pire ! », illustre la spécialiste.
Conseil n°3 : identifier l’émotion
Identifier les émotions qui nous traversent n’est pas toujours aisé. Parfois, à côté de la colère, on peut aussi ressentir de la tristesse. C’est pourquoi il peut être intéressant de noter sur 10 notre degré de ressenti d’une émotion. Pour mieux identifier nos émotions, nous pouvons commencer par nous baser sur nos sensations. « Les douleurs au ventre indiquent souvent la peur, la sensation de chaleur qui monte aux joues peut exprimer la colère, et le sentiment d’être vidé de son énergie peut correspondre à la tristesse », affirme Sophie Morin. Autre technique ? Vous pouvez rechercher ce qui a déclenché votre émotion : par exemple, c’est le sentiment d’injustice qui peut vous avoir mené à la colère. Enfin, une autre porte d’entrée peut consister en l’étude des actions que vous avez eu envie de faire : par exemple, vous avez voulu fuir (peur), ou vous retrouver seul (tristesse).
Conseil n°4 : exprimer ses émotions
Pour parvenir à se libérer de ses émotions, il est important de les exprimer, même au travail. Souvent, on peut craindre d’exprimer sa colère, de peur de créer un conflit. Un bon levier peut alors être d’utiliser la Communication Non Violente. « Il s’agit d’exprimer vos besoins, et non pas d’accuser l’autre », explique Sophie Morin. Vous pouvez également utiliser l’affirmation de soi, qui est elle-aussi basée sur l’expression de faits. En revanche, avec l’affirmation de soi, vous n’exprimez pas un besoin, ce qui peut donc mieux correspondre à des personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’idée d’exprimer un besoin.
Conseil n°5 : penser autrement
Les pensées négatives alimentent les émotions négatives. Si par exemple, vous vous dîtes que vous êtes « nul », vous allez encore relancer la tristesse. C’est pour cela qu’il est essentiel d’agir sur nos pensées. « Si une situation vous fait peur, essayez de penser à une situation similaire où vous avez réussi », conseille la spécialiste. Vous avez très certainement des qualités sur lesquelles vous pouvez compter. Vous pouvez aussi utiliser la technique de la visualisation positive, c’est-à-dire que vous allez imaginer un événement qui vous fait particulièrement peur, comme une prise de parole en public, et vous voir la réussir. Enfin, si c’est le comportement d’une personne qui vous met dans une rage folle, tentez également de voir les choses de son point de vue.
Conseil n°6 : prendre soin de ses besoins
Les émotions négatives nous indiquent qu’un besoin n’est pas comblé, et inversement pour les émotions positives. Puisque tout est question de balance, identifiez des choses qui vous font plaisir (une activité sportive, un déjeuner avec une amie…), et mettez-les régulièrement à votre agenda. « C’est le principe des 3 kiffs par jour de Florence Servan-Schreiber que vous pouvez noter sur un carnet. Il s’agit d’identifier 3 choses positives par jour », indique la psychothérapeute. Au travail, essayez de ne pas confondre vos besoins et vos moyens. Par exemple, vous pouvez penser que la promotion que vous n’avez pas obtenue était un besoin. Mais peut-être que le réel besoin était celui de la reconnaissance, auquel cas vous pouvez tenter de l’obtenir par d’autres biais, comme en demandant à piloter un projet transverse, à faire une présentation à un congrès etc… Si bien sûr, vous avez tout tenté, peut-être faut-il aller voir ailleurs !
Conseil n°7 : gérer spécifiquement chaque émotion
Vos émotions ne nécessitent pas toutes le même traitement. Par exemple, l’ennemi de la peur est l’évitement. « Se confronter à ses peurs permet de ressentir la redescente de la peur. Peu à peu, on va renforcer sa confiance en soi, ce qui sera impossible si l’on ne s’expose jamais à ce que l’on craint », affirme Sophie Morin. Quant à la tristesse, c’est dans l’action que l’on va retrouver de l’énergie. Il faut donc se forcer à faire les choses afin de ne pas tomber dans la spirale de la tristesse pouvant mener à la dépression. Enfin, l’ennemi de la colère est très clairement l’accumulation des émotions jusqu’à explosion. C’est pourquoi il est nécessaire de les exprimer.
Le conseil en + : n’hésitez pas à utiliser les techniques de respiration pour vous calmer. Une respiration lente et profonde permet d’enclencher le système parasympathique, qui est à l’opposé de celui qui déclenche le stress. Vous pouvez vous aider de la technique de la cohérence cardiaque en faisant 5 à 6 cycles de respiration par minute. Cela va agir sur votre fréquence cardiaque, et ainsi juguler votre flux de pensées. Ce sont ces mêmes principes que l’on retrouve dans la méditation de pleine conscience.
@Paojdo
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