Valérie Pécresse veut faire de l’Ile-de France la première “start-up region” d’Europe

Valérie Pécresse

Faire de l’Ile-de-France une “start-up région”, telle est l’ambition de la Présidente de région Valérie Pécresse. Elle nous dévoile comment elle compte redonner au territoire toute son attractivité économique en misant sur les industries du futur, les nouvelles technologies et les talents.

Vous avez dit en ouverture de Vivatech que nous vivions “un moment Français”, comment la région encourage-t-elle cette dynamique ?

Valérie Pécresse : Nous avons très clairement décidé d’être la start-up région d’Europe parce que nous représentons 40% de la recherche Française, nous avons 300 sièges sociaux de grands groupes et 50% de la culture. Donc nous avons tout l’écosystème réuni en Ile-de-France. Nous avons en plus un marché direct Français et également le marché des 12 millions d’habitants d’Ile-de-France, de tous ces acteurs publics qui veulent faire des smart villes, des smart transports, de la smart éducation. Donc la région a financé 1 000 start-up à travers ces différents dispositifs depuis deux ans, on continue, on a des aides : TPE, PME, Innov’Up, Innov’up Proto, pour faire des prototypes, et puis on investit sur des territoires d’innovation. DIGIHALL par exemple sur l’intelligence artificielle, on va mettre 100 millions d’euros.

L’Addictive Factory Hub, là aussi on va mettre de l’argent, le cluster de l’ordinateur quantique, donc nous investissons dans un certain nombre de HUB. Nous finançons les incubateurs et nous avons aussi Paris région « Venture Fund » avec la BPI, qui sont nos bras armés pour le financement et l’aide au développement et à la croissance des entreprises. Ça c’est au niveau des aides mais derrière il y aussi la formation. Le vrai sujet aujourd’hui pour la transformation numérique de l’Ile-de-France, c’est la tension sur les compétences : pas assez d’ingénieurs, pas assez de techniciens, pas assez de codeurs.

Mini Guide Entrepreneuriat

Nous venons de signer avec Muriel Pénicaud le plan de transformation des compétences, 108 millions d’euros pour l’Ile-de-France avec la volonté de former à tous ces métiers du futur. La région a déjà annoncé qu’en 2018 nous aurions 6 000 formations ouvertes pour de la reconversion dans les métiers du digital. Cela s’appelle « Seconde Chance Numérique », c’est pour les jeunes décrocheurs, les salariés en reconversion et nous formons à des métiers aussi différents que le pilotage de drônes, la pose de fibre optique ou évidemment le codage. Je l’ai dit, je veux une région trilingue ! Parce que le codage c’est un langage et qu’il faut qu’on parle Français en île-de-France, anglais et qu’on sache coder.

L’une de vos ambitions est évidemment de replacer la région au niveau international. Comment justement ramène-t-on les talents ?  

Valérie Pécresse : On est évidemment très moteur avec le bon côté du gouvernement sur le rapatriement des talents en île-de-France et sur l’attraction des investisseurs. Aujourd’hui nous avons un guichet unique, en accord avec l’Etat, la Région et la ville de Paris. Un guichet unique Paris, région, entreprises, qui s’appelle « Choose Paris Region », qui permet de faire toutes les procédures : de poser toutes les questions, trouver des locaux, trouver des logements, inscrire les enfants en crèche etc.

Donc Paris Région Entreprise s’occupe de tout et fait l’accueil. Moi par ailleurs avec un certain nombre d’acteurs de l’Etat, notamment Business France, je me déplace partout dans le monde pour faire revenir ou venir des investisseurs. L’une de mes cibles : la French Tech overseas. Ce sont tous ces entrepreneurs Français qui sont allés créer leurs entreprises à Londres, à Bruxelles, à Boston, à New York, dans la Silicon Valley, à Tel Aviv. Je veux les faire revenir parce que l’environnement des entreprises a changé.

Nous avons un président pro-Business dans une région pro-Business, donc ça fait une double chance, et je crois que c’est le moment de revenir. J’ajoute que la région travaille énormément avec l’Education Nationale sur des cursus bilingues ou uniquement en anglais pour les enfants, des cursus internationaux. On va ouvrir un Lycée international à la rentrée à Courbevoie pour ceux qui veulent travailler à la Défense. On va ouvrir en 2021 un Lycée international à Palaiseau pour tous ceux qui voudront travailler sur le plateau de Saclay.

On en a ouvert un à Noisy-le-Grand, pour tout l’Est Francilien et pour ceux qui travailleront pour Disneyland. On est aussi en train de travailler sur un Lycée international à Vincennes. Donc il y aura de nouvelles offres de Lycées internationaux et beaucoup plus de sections internationales. 1 000 places de plus dans ces sections en Ile-de-France dès la rentrée prochaine.

Pour rebondir sur le guichet unique, il a été mis en place il y a un an il me semble. Quel est le bilan ? Est-ce que les Français « overseas » reviennent ?

Valérie Pécresse : Nos chiffres d’investissement et d’arrivées d’entreprises en Ile-de-France sont à un niveau record depuis 10 ans. Pour l’instant, ces investissements ne sont pas encore suffisamment créateurs d’emplois. Alors, comment transforme-t-on ces investissements en emplois, comment évite-t-on que cela soit juste mettre un bureau à Paris, ouvrir une succursale, avoir un siège social, une adresse. Nous ce que nous voulons c’est que cela crée de l’emploi, nous voulons réindustrialiser l’Ile-de-France.

Nous avons perdu 350 000 emplois industriels, cette perte d’emplois est à l’origine des quartiers ghettos, de beaucoup de chômage notamment dans les villes populaires. Donc nous voulons réindustrialiser la région. C’est pour cela que nous faisons le pari de la « Deep Tech », de l’innovation de rupture et par exemple du véhicule autonome. ¼ de nos emplois industriels en Ile-de-France sont dans l’industrie automobile. On ne peut pas continuer à ne produire que des véhicules diesel, on doit être sur l’industrie du futur, donc toute notre industrie doit se transformer. C’est l’un des gros challenges, et cela suppose évidemment la formation, les compétences.

Vous parliez d’investissement dans la Deep Tech : vous avez notamment lancé Innov’up Proto, quel est ce programme ?

Valérie Pécresse : Innov’up est un programme qui aide toutes les start-up à financer leurs innovations et dans innov’up vous avez un programme spécifique, 100 000 euros, pour vous aider à faire votre prototype. Donc nous avons lancé un appel à projets et là encore il faut candidater. Nous avons aussi fait le pari de l’intelligence artificielle avec un challenge international qui se termine le 17 juin. Les start-up peuvent candidater, il y aura 1 millions d’euros de prix pour les trois lauréats et ce sera de la dotation en capital.

Nous voulons là aussi prendre le leadership, toute l’école mathématique Française représente une part énorme de l’intelligence mathématique Européenne et mondiale. Nous allons donc travailler avec ces chercheurs, avec nos grands groupes, avec nos grands financeurs pour devenir la capitale Européenne de l’intelligence artificielle.

Le Business O Féminin Award a été remis vendredi 25 mai à Vivatech et la région est l’un de nos partenaires aux côtés de BNP Paribas et d’AXA. Cet award récompense une start-up fondée ou cofondée par une femme avec justement une dimension internationale. Business O Féminin.com l’a lancé il y a deux ans. La région a évidemment envie d’aider les femmes à entreprendre.

Y a t-il des initiatives concrètes que vous mettez en place outre les aides dont vous nous avez parlé tout à l’heure ?

Valérie Pécresse : Oui, je suis désolée de le dire mais nous sommes obligés de passer par les quotas. Cela veut dire que maintenant, lorsque je contractualise avec des centres de formation, avec des lieux de coaching, des créateurs d’entreprises comme les chambres de commerces, le MEDEF ou encore le réseau entreprendre, je leur donne des objectifs obligatoires à atteindre sur l’entrepreneuriat au féminin. Nous devons avoir beaucoup plus de femmes dans nos programmes de coaching, dans nos cours de codage.

Et là aussi il y a des barrières psychologiques qui doivent être levées. Il se trouve que quand j’avais 18 ans je codais en fortran pour gagner trois sous pendant mes vacances, c’était le hasard je n’avais aucun goût pour l’informatique. J’ai fait cela parce que c’était l’essor à l’époque des services Minitel donc le codage c’est pour tout le monde ! Et c’est pour cela que je dis que c’est un langage, pour attirer les femmes, ce n’est pas de l’informatique. Maitriser le codage c’est pouvoir faire des sites à vocation sociale, à vocation de mode, ludique, éducatif, industriel. Cela permet de tout faire, c’est un langage et les filles doivent le parler !

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