Une méthode en 4 clés pour chasser sa colère

colère
Dans son nouveau livre*, la coach et conférencière Noémie de Saint-Sernin nous présente sa méthode, en quatre clés, pour comprendre et maîtriser sa colère et celle de son enfant. En ces temps de confinement où chacun peut être poussé dans ses retranchements, le sujet tombe à point nommé !

En période de confinement, on passe plus de temps avec ses proches, notamment ses enfants. Si c’est l’occasion de partager des moments privilégiés avec eux, c’est aussi une période de tension pour gérer le quotidien, l’école à la maison et son propre travail… Les colères peuvent alors s’accentuer.

Pourtant, selon Noémie de Saint-Sernin, coach en développement personnel et en parentalité, conférencière, formatrice, et auteure de « Les clefs de la colère » (éd. Eyrolles), les causes de celle-ci ne viennent pas de l’extérieur, mais bien de nous. La preuve ? Un même incident ne nous met pas toujours en colère. De même, il peut déclencher une colère chez nous et pas chez une autre personne.
Pour mieux cerner les raisons de cette émotion et la canaliser, la coach propose une méthode en quatre clés.

1-Comprendre ma colère

Guide Dev Persot

Tout commence par un travail d’introspection et de remise en question. Pour cela, on cherche du côté de son passé. Si à la maison, la colère était un mode de communication, on peut l’avoir adopté sous l’influence des neurones miroirs. Ceux-ci nous incitent, en effet, à imiter ce que l’on voit. 


Si notre enfant fait quelque chose qui nous met en colère, on se souvient de sa propre enfance. Il y a de grandes chances pour que l’on ait soi-même agi de la sorte et suscité la colère de nos parents. « Au cours de notre enfance jusqu’à la fin de notre adolescence, notre cerveau limbique enregistre les situations vécues et les réponses qu’elles ont amenées. Des schémas s’installent et alimentent notre mémoire émotionnelle », explique Noémie de Saint-Sernin. On possède donc des réponses toutes faites.


Selon elle, derrière la colère se cache souvent de la tristesse qui a pu être refoulée. Aurélie, la quarantaine, se souvient encore ainsi d’avoir mal vécu les moqueries à l’école. « J’étais souvent mise de côté par mes camarades sans vraiment savoir pourquoi. J’en ai parlé à mes parents une fois. Ils m’ont dit que c’était des histoires de gosses et que ça passerait, que je n’allais pas pleurer pour ça… J’avais honte, je me sentais minable, pas digne d’être aimée mais je n’en ai plus jamais parler. Je ne voulais pas en plus passer pour une pleurnicheuse », confie-t-elle.  


On revient donc sur les événements qui ont pu être traumatiques même si ce n’est pas agréable pour comprendre comment était accueillie cette tristesse. « L’idée n’est pas de se fâcher ou se venger mais d’aller vers le pardon, de faire les choses pour soi », prévient l’experte. La colère peut aussi venir de la frustration face à un besoin (sommeil, nourriture, autonomie, écoute…) insatisfait.
Grâce à ce travail, on comprend que notre passé influe sur notre vie actuelle. Ce vécu a peut-être été minimisé mais il est important de se reconnaître comme une victime car même si l’on en n’est pas morte, il a laissé des traces.

2-Comprendre la colère de mon enfant

Qui n’a jamais pensé que son enfant la provoquait, était ingrat, faisait un caprice en se mettant en colère ? On interprète beaucoup les raisons de cette émotion. Mais la seule vraie question à se poser est « pourquoi fait-il ça ? ». La première raison selon Noémie de Saint-Sernin est que nous bougeons trop les règles. Ainsi, par exemple, prise de remords parce qu’il boude ses haricots verts, on décide finalement de lui donner autre chose à manger pour qu’il ne se couche pas le ventre vide. 

« L’enfant explore le monde et fait des tests pour le comprendre et se sécuriser. Si la dernière fois, on a cédé en lui donnant autre chose, il recommence », analyse la coach.
Enfin, toute la journée, il est soumis à la frustration, à un besoin non entendu qui le peine. Or son cerveau préfrontal est encore immature et ne lui permet pas de raisonner pleinement. Il laisse donc éclater sa colère faute de savoir comment faire pour aller mieux.

3-Comment gérer ma colère ?

On cherche à se mettre en amont de l’élément déclencheur. Par exemple, si les enfants ont mis du bazar, on peut penser : « ils me prennent vraiment pour leur boniche » alors qu’ils pensent juste à jouer. On identifie donc cette phrase qui réveille la blessure. Et on se demande pourquoi on pense ça. Est-ce parce qu’on n’était pas reconnue en tant qu’enfant ? On avait l’impression de ne pas exister ?

Plutôt que de laisser sa colère éclater, on s’isole et on écrit ce qu’on voudrait dire. Ca  a l’avantage de nous délester de cette douleur sans blesser personne. On essaye aussi la « méthode Télé », créée par la coach,  pour libérer ses émotions : on respire calmement et on ressent où est la douleur dans son corps. On lui donne une forme et on l’observe sous toutes ses coutures.

On en change la couleur, la forme. Puis, on la remonte jusqu’à sa bouche. On souffle et on imagine la pousser doucement vers un ballon que l’on gonfle. On donne une couleur au ballon et on souffle jusqu’à ce que la forme disparaisse dans celui-ci. Puis, les yeux fermés, on visualise ce ballon s’envoler dans les cieux.

Si on s’est mise en colère, on ne culpabilise pas mais on parle à son enfant. « Ce qui fait le plus de mal ce n’est pas de s’être mise en colère après son enfant, c’est de ne pas aller le voir après. Un enfant pense toujours que c’est de sa faute, qu’il n’est pas gentil et cela affecte son estime de soi. On donne l’exemple en s’excusant. Ca montre qu’à nous aussi ça nous arrive. On lui enlève cette responsabilité de la colère et il cesse de penser qu’il est un mauvais enfant », conseille Noémie de Saint-Sernin. Enfin, on se pardonne à soi-même pour ne pas blesser encore davantage notre enfant intérieur.

4-Comment gérer la colère de mon enfant ?

Selon l’experte, on peut diminuer de 50% la colère d’un enfant en lui disant qu’on le comprend. Ensuite, on se demande quel était son besoin. Il voulait encore un bonbon et on a refusé ? On peut jouer sur l’imaginaire pour pallier cette frustration : « Imagine que tu es dans un magasin de confiseries, quel bonbon mangerais-tu en premier ? ».

S’il se roule par terre de colère, on comprend qu’il souffre, alors on lui tend les bras pour établir un contact. « S’il veut nous donner des coups, on le met dos contre notre buste, même s’il ne veut pas. Il ne sait pas ce qu’il lui faut. Mais en établissant un contact physique, en 30 secondes ça suffit pour que son organisme sécrète de l’ocytocine, une hormone qui l’apaise. Ca marche très bien. Après quelques crises, quand l’une de mes filles sentait sa colère monter, d’elle-même elle tendait ses bras vers moi pour un câlin », se souvient Noémie de Saint-Sernin. N’est-ce pas laisser la porte ouverte au laxisme ? Non selon l’experte car l’enfant naît empathique et culpabilise beaucoup. Quand il est calme, il reconnait qu’il a mal agi.
Bien sûr, tout ceci n’est pas magique et demande du temps et de la patience.

A lire : « Les clefs de la colère », Noémie de Saint-Sernin, éditions Eyrolles
Son site :
https://noemiedesaintsernin.com/

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