Avoir un mental solide ne signifie pas devenir invincible. Cela signifie savoir se connaître, s’écouter, et avancer malgré l’incertitude. C’est cette approche humaine, profonde et structurante que défend Thierry Ferrari dans « Un mental à toute épreuve » (Éditions Gereso). Dans cet entretien pour Business O Féminin, il revient sur l’importance de prendre soin de son monde intérieur pour mieux faire face aux défis du quotidien.
Vous commencez par votre parcours personnel pour expliquer d’où vous parlez. Finalement n’est ce pas vos fêlures personnelles, celles de l’enfance qui ont construit ce mental à toute épreuve que vous voulez transmettre ?
Thierry Ferrari : Oui. Et non. Je viens d’un monde où on apprend vite à serrer les dents, comme perdre sa maman à l’âge de 9 ans. Pas pour se plaindre. Mais pour avancer. Ce ne sont pas mes blessures qui m’ont construit, c’est ce que j’ai décidé d’en faire. La nuance est essentielle. Ce qui forge un mental à toute épreuve, ce n’est pas ce qui vous blesse, ou vous attriste, c’est la décision intime, irrévocable, d’en faire une force. Mon passé n’est pas un drame, c’est un carburant. Et aujourd’hui, ce carburant, je le transmets à celles et ceux qui veulent cesser de survivre pour commencer à exister pleinement.
Au lieu de subir, vous avez décidé d’être acteur de votre vie, d’exploiter votre potentiel dont vous dites que nous exploitons souvent trop peu. Comment y remédier, se mettre en action ?
Thierry Ferrari : En cessant de chercher la perfection. En préférant l’action imparfaite à l’inaction brillante. Notre potentiel est souvent bloqué par une idée fausse : il faudrait d’abord être prêt pour agir. Et c’est faux. On agit, et c’est ça qui nous prépare. On croit que le manque de compétence est le frein. En réalité, c’est le manque de permission. Alors oui, je l’affirme : autorisez-vous à y aller. Maintenant. Parce que chaque jour perdu à attendre d’être parfait est un jour où votre potentiel reste au garage. Chaque jour est un terrain d’action. Ce qui n’est pas fait aujourd’hui ne se récupère pas demain.
Vous êtes notamment préparateur mental. En quoi cela consiste t-il ?
Thierry Ferrari : Préparer un mental, c’est entraîner l’invisible. C’est muscler ce qu’on ne voit pas, mais qui décide de tout. J’aime travailler sur trois axes : le potentiel (souvent ignoré ou mal défini), le mental (souvent mal compris), et l’engagement (souvent reporté). Voilà, et mon métier ? C’est faire passer les gens de l’envie à l’élan. On vient me voir quand on ne peut plus se contenter de vouloir, mais qu’on veut vraiment y aller. Et que le verbe « oser » devient non plus une idée, mais une urgence. Je suis un préparateur mental avec l’expertise de l’action.
La maîtrise de nos pensées est-elle la clé principale pour diriger nos actions ?
Thierry Ferrari : Non. Et je vais même plus loin : vouloir les contrôler est une perte d’énergie. Ce qui compte, c’est d’en devenir conscient. De savoir les observer. Pas de les dompter comme des bêtes sauvages. Diriger nos actions ne passe pas par le contrôle mental à tout prix, mais par une autorité claire : « Je sais ce que je pense, je sais ce que je ressens, mais je décide ce que je fais. » La liberté commence là. Dans cette capacité à ne pas croire tout ce que notre cerveau nous raconte. Parce qu’il est conçu pour nous garder en vie, pas pour nous rendre heureux.
Vous parlez de cultiver notre puissance intérieure pour accéder à une forme de bien-être. C’est à ce prix que nous pourrons cultiver ce mental ?
Thierry Ferrari : Le bien-être n’est pas un objectif. C’est une conséquence. Quand on active sa puissance intérieure, on se reconnecte à son axe. Et c’est là que le mental devient solide. Parce qu’il est aligné. Cultiver ce mental, c’est apprendre à naviguer même quand c’est la tempête. Pas à attendre que la mer soit calme. C’est justement parce qu’on sait qui l’on est que l’on peut avancer, sans toujours savoir où l’on va.
Quelles sont les étapes de la préparation mentale ?
Thierry Ferrari : Chez moi, je les ai structurées dans ce que j’appelle le Mental 360 :
- Énergie : sans énergie, pas d’action.
- Vision : claire, incarnée, connectée à qui on est.
- Intention : pas un vœu, mais un cap décidé.
- Attention : orienter son focus comme un faisceau laser.
- Action : le seul antidote réel à la peur.
- Résultat : on l’observe sans s’y attacher.
- Analyse : on ajuste, on progresse, on recommence car on est en 360°
C’est une dynamique. Une spirale ascendante. Pas une ligne droite. Et surtout, ce n’est pas une méthode figée. C’est la dynamique pour rester vivant.
Pour se mettre en action, il faut avoir une vision, des objectifs et un mindset positif. En quoi la métacognition peut-elle nous aider à contrer nos pensées négatives et à avancer ?
Thierry Ferrari : La métacognition, c’est le pouvoir de s’observer penser. C’est comme sortir de sa propre scène mentale et dire : « OK, là je me raconte un film. » Elle permet de faire de la place entre stimulus et réaction. Et dans cette brèche, il y a la liberté d’agir. C’est un levier immense pour reprendre le volant quand nos pensées veulent nous balancer dans le fossé. On ne supprime pas les pensées parasites, on leur enlève juste le micro. Et ça suffit souvent pour reprendre la route.
Pour atteindre ses ambitions, il faut idéalement avoir un mindset de croissance. Quel est-il ?
Thierry Ferrari : Le mindset de croissance, c’est croire que tout peut évoluer. Que l’échec est un laboratoire. Ce n’est pas une question de personnalité. C’est une posture. Celle de l’apprenant. Du bâtisseur. Du vivant. À chaque obstacle, il dit : « Qu’est-ce que j’ai à comprendre ? Qu’est-ce que je peux transformer ? » Il n’attend pas que ce soit plus facile. Il devient plus solide. Et plus il s’entraîne, plus il avance. C’est une culture, pas une incantation. C’est un état d’esprit, avec une question simple à chaque occasion : Dans quel état je mets mon esprit ?
Quelles sont vos routines pour entretenir ce mindset ?
Thierry Ferrari : Je fais toujours ce que je dis. Et je le fais chaque jour. Course, tir de précision, boxe, méditation, écriture, lectures, mises en situation réelles… Je me confronte à l’inconfort, me réjouis du déséquilibre. Je ne m’entraîne pas pour me rassurer, mais pour rester libre, même quand ça tangue. Parce que ce que je transmets doit avoir été éprouvé. Pas récité.
Tous ces principes sont détaillés dans mon livre Un mental à toute épreuve, aux éditions Gereso.
Et si vous en retenez une seule chose, retenez celle-ci : Ton cerveau veut te garder en vie. Moi, je veux que tu vives vraiment.
