Transformation digitale: les PME françaises à la traîne

Transformation digitale: les PME françaises à la traîne

Les deux tiers de nos petites et moyennes entreprises ont un site Internet, contre une moyenne de 75% au sein de l’union européenne. En Finlande, ce taux culmine même à 90%. Or la digitalisation des entreprises à tous les niveaux de l’organisation et la révision des process sont des éléments clés pour l’avenir.

“La prise de conscience de la transformation numérique est récente. Même le CAC40 ne s’y est mis qu’il y a trois ou quatre ans.” Un retard regrettable pour le vice-président du Conseil National du Numérique (CCNum), Guy Mamou-Mani. D’autant que nos voisins européens n’ont, eux, pas attendu pour prendre les devants. “En France, deux tiers des PME ont un site web, contre 85% en Allemagne”, martèle-t-il. Selon lui, cet écart est incontestablement dommageable à l’heure où le digital constitue un levier de performance. 

Le web: booster de performance économique

Une étude Deloitte, publiée en février dernier, assure que, ces-dernières années, le e-commerce a contribué à hauteur de 40% de la croissance des ventes, toutes catégories confondues, de l’Hexagone. Autre donnée révélatrice: les ventes en ligne ont crû près de vingt fois plus rapidement que les autres. En 2014, le e-commerce a permis de générer à l’international près de 1.300 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 300 milliards en Europe de l’Ouest. Des chiffres vertigineux, alors que, dans le même temps, 53% des PME françaises sondées estiment que leur manque de savoir-faire technique constitue un frein à l’intégration en leur sein d’outils digitaux.Un chef d’entreprise est empêtré dans son quotidien, le nez dans le guidon“, regrette Guy Mamou-Mani. “Il n’a généralement pas le temps de se projeter, ni de réfléchir à des enjeux stratégiques.”

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Des propositions transmises à Bercy

Afin de tenter d’enrayer ce phénomène, le CNNum a remis en juillet dernier un rapport sur la transformation digitale, dont les premières conclusions ont été présentées il y a trois semaines à Michel Sapin et Christophe Sirugue, respectivement ministre de l’Economie et des Finances et Secrétaire d’Etat en charge de l’Industrie, du Numérique et de l’Innovation. “Nous avons émis sept recommandations, détaille Guy Mamou-Mani. Parmi elles, la création d’une plateforme d’accès  à toutes les aides, process ou organisations en lien avec la mutation numérique d’une entreprise, ou encore la mise en place d’un grand plan de formation des dirigeants et salariés.” Cet expert pointe par ailleurs “la nécessité de développer un réseau de très haut débit sur l’ensemble du territoire.

Pas de raréfaction, mais une mutation du travail

Car l’enjeu est immense: les PME comptent pour 99% des entreprises françaises. Celles qui sont digitalisées multiplient par trois, selon Deloitte, leurs opportunités d’exportation. Sans compter que le numérique draine dans son sillage de nouvelles formes d’emploi. ‘Le numérique, en cassant de nombreux codes, bouleverse nos habitudes, mais cela crée de nombreuses opportunités, en plus d’offrir, aux hommes comme aux femmes, plus de latitude pour équilibrer leurs temps de vie,” analyse Guy Mamou-Mani.”Il n’y a pas de raréfaction du travail, mais une mutation de ses formes“, insiste-t-il.

Une digitalisation de l’économie dont les médias pointent souvent les méfaits sous la bannière de l’ubérisation, regrette ce chantre du web, et trop peu abordée au cours de la campagne présidentielle. “Le niveau des programmes des candidats sur ces sujets est le même qu’il y a cinq ans,” souligne-t-il, “et ce alors qu’au cours des dernières années, les travaux successifs de Fleur Pellerin et Axelle Lemaire ont permis de faire émerger des tas de thématiques liées à la tech.” Et de conclure: “J‘ai compté, au cours des débats, les nombres de fois où les prétendants à l’Elysée ont prononcé le mot “numérique”: c’était famélique!”

 
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