Tanya Heath : avec ses talons amovibles, elle fait courir les working girls

Tanya Heath
Le concept des talons amovibles, c’est elle ! Depuis 10 ans, Tanya Heath vend ses souliers aux working girls désireuses d’allier confort et élégance tout au long de leur journée. Originaire du Canada, cette personnalité fraîche et atypique propose des modèles intemporels et de grande qualité (dont une ligne vegan). Portrait d’une personnalité engagée qui nous livre sans fard ses réussites et ses galères.

Elle a des airs de Cristina Cordula mais ne vous y trompez pas : c’est bien au Canada que Tanya Heath a grandi dans une famille semblable aux « Nations Unies ». Il faut dire que dans ses veines coule du sang indien, français, espagnol et anglais. Toutefois, une constante se dégage au beau milieu de ce melting-pot culturel : elle est issue d’une lignée de fonctionnaires et ses parents n’imaginaient pas d’autre carrière pour elle que la diplomatie.

Après des études équivalentes à Sciences po, c’est donc cette première voie que Tanya embrasse. Mais son destin bascule une première fois lorsqu’elle rencontre un français dans un bar d’Ottawa. « Deux semaines plus tard, nous étions fiancés et rapidement, nous nous sommes envolés pour Paris. Je me souviens avoir demandé conseil à ma boss que j’idolâtrais. Elle m’a dit : j’ai 44 ans, et je vis avec ma mère et mes 4 chats alors si quelqu’un veut t’épouser, fonce. Tu reconstruiras ta vie pro ailleurs ».

150 000€ d‘actions à 18 ans

Les équivalences de diplômes n’étant pas encore d’actualité et son français encore trop hésitant, Tanya Heath reprend donc ses études en deuxième année à l’ESCP. S’en suit un parcours qu’elle juge plutôt classique dans le Conseil puis à la tête d’entreprises technologiques. Passionnée par les innovations de rupture, Tanya enseigne notamment à Centrale Paris. Pour la petite anecdote, notre interlocutrice n’avait que 14 ans lorsqu’elle fit son premier investissement dans la technologie.

Mini Guide Entrepreneuriat

« Comme tous les jeunes canadiens, j’avais un petit boulot pour financer mes études. Je travaillais dans un Bagel et c’est là que ma responsable m’a conseillée d’investir dans la boîte de son mari, m’assurant qu’elle allait cartonner. C’est ainsi que j’ai acheté 7 dollars d’actions chaque semaine. Un jour, alors que j’allais avoir mon baccalauréat, ma mère m’a téléphonée pour me dire : tu as plus de 150 000€ d’actions sur ton compte ! Cela m’a offert une formidable liberté durant mes études ».

« Je m’étais promis de me lancer avant mes 40 ans »

Et l’entrepreneuriat dans tout ça ? Et bien l’aventure l’a toujours tentée depuis ses 18 ans, mais Tanya a préféré se construire une solide carrière avant de se lancer. Toutefois, la jeune fille de l’époque s’était fait la promesse de se jeter dans le grand bain avant ses 40 ans. L’échéance arrivant, elle démissionne de son job, portée par ses proches qui n’hésitent pas à investir 750 000€ en love money, « c’est aussi l’avantage de se lancer à un âge plus avancé », plaisante-t-elle. Elle peut aussi compter sur le soutien indéfectible de son mari qui ne sourcille pas à l’idée de vendre leur appartement parisien pour se mettre en location. « Il m’a dit : si quelqu’un doit y arriver, c’est toi car tu es très tenace. Et jamais il ne m’a mis la pression ou fait un reproche ».

3 ans de R&D

Son projet ? Créer une ligne de chaussures élégantes et confortables avec ce concept de talons amovibles. « L’idée a germé quand je suis arrivée en Cabinet de conseils. J’ai dû mettre des talons hauts et je me suis littéralement massacré les pieds. En plus, rien de moins sécurisant pour déambuler dans le métro ! Et puis je trouvais incroyable que l’on envoie des hommes sur la lune et que l’on ne soit pas fichus de mettre la technologie au service du confort des femmes ».

C’est ainsi que durant 3 ans, elle développe son concept breveté de talons amovibles. L’idée ? Permettre à chaque femme de composer sa chaussure avec des talons de 4 à 8,5 cm. « Aujourd’hui, je peux vraiment dire que je propose une chaussure très confortable grâce à cette possibilité de changer les talons en 2 secondes chrono dans la journée, les matières proposées (agneau et nubuck) ainsi que leur système à mémoire de formes ». Mais le temps concédé à la R&D et surtout l’argent investi ne lui a pas permis de mettre le paquet sur le marketing, la marque restant encore plutôt confidentielle avec 1600 paires vendues chaque année et le triple en talons (comptez au minimum 215€ pour une paire de chaussures et 30€ pour les talons).

Le choix du minimalisme

 Portée par ses valeurs éthiques et minimalistes, Tanya Heath a conçu des modèles intemporels inspirés des chaussures iconiques qui ont traversé les siècles, épaulée par des designers de renom qui ont officié dans de grandes maisons de couture. « Je suis de près les tendances, mais je veux que mes souliers soient toujours d’actualité dans 5 ans. Aujourd’hui, cela n’a plus de sens d’avoir 15 paires de chaussures dans son vestiaire. A Paris, on n’a même plus la place ». Sans vouloir « assommer la cliente avec ses valeurs », Tanya a aussi lancé une ligne vegan, et ses cuirs sont tous issus de France ou d’Italie (tanneries qui respectent les normes européennes). La fabrication se fait entre Paris, Cholet et le Portugal.

« Acheter Made in France, c’est acheter des valeurs »

Aussi, la créatrice ne détruit jamais ses stocks et a fait le pari du Made In France en rachetant une usine à Angers en 2016 pour y fabriquer ses talons. Malheureusement, l’usine est entrée en liquidation il y a peu, faisant perdre à Tanya quelques 450 000€, mais certainement pas sa foi dans la fabrication hexagonale.

« Ma lecture de tout cela est que les enjeux sont complexes. Beaucoup de mes clients ont fait faillite eux-mêmes à cause de la crise des gilets jaunes. On le dit rarement mais il est très difficile de mettre une entreprise en liquidation et je suis allée jusqu’au bout. Toutefois, le Made in France a de l’avenir comme l’a prouvé le Slip Français. Quand les consommateurs achètent français, ils achètent aussi le travail d’une personne qui est bien traitée, bénéficie de notre système éducatif et de santé. Je n’ai pas besoin de faire de grosses marges pour assurer la croissance de l’entreprise. Par contre, il est clair que je ne peux pas me permettre de vendre à moins 70% en dehors des fins de série. C’est un modèle complètement différent par rapport aux marques qui cherchent une forte pénétration du marché ».

Tanya Heath

« On ne nous arme pas pour les montagnes russes »

Un parcours semé d’embuches qui illustre bien les montagnes russes par lesquelles passent tous les entrepreneurs. « On ne nous arme pas toujours pour cela, mais on reste PDG de son entreprise qu’elle aille bien ou mal. Mon mentor a fait deux fois faillite, ce n’est pas pour autant qu’il a baissé les bras. Je crois en mon produit et mes clientes aussi, et pour rien au monde je ne renoncerais à ma marque. D’ailleurs, cette semaine, je lance ma première ligne de vêtements ! »

@Paojdo

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