Elle vient de publier “Rêver, Oser, Se dépasser” ( Ed Marabout), rencontre avec une entrepreneure ultra inspirante qui nous donne ses conseils de vie pour aller au bout de nos rêves.
Rencontre avec Justine Hutteau, cofondatrice de RESPIRE
Dans ton livre, tu parles beaucoup de notre rapport personnel à notre corps, pourquoi est-ce la clé de tout ?
Justine Hutteau : Le corps, c’est notre seule maison. On est obligé de vivre avec et on ne pourra pas en déménager de toute la vie. Notre corps nous permet de nous épanouir dans notre vie. Mais aussi de nous lancer dans des activités physiques, sportives, manuelles, intellectuelles, professionnelles… Il nous permet même de courir après le bus quand on veut aller d’un endroit à un autre. Il nous permet de nous reproduire, il nous permet de communiquer, il nous permet tellement de choses… Je suis passionnée par le corps et j’ai le sentiment que tout le monde n’a pas conscience de la magie qu’il nous apporte. Par exemple quand on se blesse, il est capable de se réparer, de se soigner… Rapidement et parfois même tout seul pour peu qu’on lui laisse un peu de repos.
Je pense que c’est le jour où on a un pépin de santé ou que tout d’un coup il y a quelque chose qui va mal dans notre corps que l’on prend conscience de la magie de ce corps. Et donc, je commence le livre par parler du corps. J’ai envie de faire prendre conscience aux lecteurs que : Votre corps est magique, il vous permet de faire plein de choses, de vous épanouir, de faire des choses physiques et de vous créer des émotions incroyables dans votre vie. Votre corps est votre allié pour toute la vie, alors prenez-en soin parce que vous ne pourrez pas en changer.
Quels sont les conseils que tu donnerais à quelqu’un qui n’est pas forcément “athlète” pour débuter le sport ? Et comment toi, tu as commencé ?
Justine Hutteau : Alors c’est intéressant que l’on parle du sport. C’est en faisant du sport, en courant beaucoup, en me mettant dans des semi-marathons, des marathons etc… que j’ai pris conscience encore plus de cette magie du corps. Et à quel point il était capable de nous porter pendant des kilomètres et des kilomètres jusqu’à cette ligne d’arrivée. Du coup, quand je parle du corps, je veux dire aux gens que vous pouvez vous lancer dans le sport mais ce n’est pas la clé de tout. J’en parle dans le livre parce que le sport m’a beaucoup aidé avec l’entrepreneuriat, notamment à prendre confiance en moi, à oser davantage, à dépasser mes limites. Souvent on se dit que l’on aimerait bien faire du sport mais on n’ose pas. Et ça c’était moi il y a quelques années. Je me suis mise à courir il y a 5 ans maintenant.
Avant je me disais “Je vois des gens courir, c’est génial mais je n’ai aucune idée de comment, moi, me mettre à courir. J’aime pas ça, j’ai essayé, je crache mes poumons, je ne prends aucun plaisir”. Et donc, vu que c’était des gens très proches de moi qui se mettaient à courir. C’est ma mère qui m’a prit par la main quand je lui ai demandé de m’aider à m’entraîner et à faire ma première course. Je me suis fixée l’objectif de faire mon 1er marathon en un an.
La 1ère fois, la chose la plus dure c’est de mettre les baskets et de dire allez j’y vais. On se rend compte qu’il faut se fixer des petits objectifs au début (courir 2km, puis le lendemain 3km et la semaine d’après 5km puis 7km). Faire du sport, ce n’est pas juste courir à fond pendant 1 heure. C’est courir à un rythme qui nous fait du bien et savoir s’arrêter, marcher un peu quand on est fatigué et repartir ensuite. C’est juste aérer son corps, aérer son esprit et se défouler. C’est ça qui fait du bien et qui est magique dans le sport. Ma marque s’appelle RESPIRE, et le sport ça nous permet de respirer !
Un autre point que tu abordes et qui est un peu le préliminaire au début d’un projet et d’une vie, c’est de se connaître pour avancer dans sa vie professionnelle et personnelle. Pourquoi est-ce essentiel selon toi ?
Justine Hutteau : Se connaître est hyper important car on n’est pas tous bons dans tout. On a des forces et des faiblesses, des choses qui nous animent, des choses que l’on n’aime pas faire… Et se connaitre du coup, ça nous permet de capitaliser sur les choses où l’on est fort. Par exemple dans le sport , il y a des gens qui sont très bons sur la vitesse et d’autres sur la durée. Alors autant capitaliser sur notre force !
Dans le milieu professionnel, c’est pareil. Si je fais un parallèle avec moi, je pense que je suis bonne à l’oral, j’ai des compétences en marketing et en communication que j’ai acquises un peu comme ça pendant mes études. Mais j’ai aussi des facilités à communiquer. Par contre, si l’on me demande d’aller gérer la logistique, la finance, la gestion des tableaux Excel, le BP… c’est beaucoup moins mon domaine. En fait, se connaître soi-même c’est identifier ses forces et ses faiblesses. Donc ne pas culpabiliser parce que vous n’êtes pas bon dans vos faiblesses, c’est normal. Par exemple, quand vous vous lancez dans l’entrepreneuriat, après avoir identifié vos faiblesses, allez les combler en trouvant la personne pour qui vos faiblesses sont ses forces. Et c’est comme ça que vous allez pouvoir, ensemble, faire des étincelles !
Initier un projet, n’est pas facile quels seraient tes conseils ? Quel a été ton déclic ?
Justine Hutteau : Initier un projet, c’est sûr que ce n’est pas évident parce qu’on a souvent l’envie, on rêve de quelque chose et c’est le titre de mon livre “Rêver, Oser, Se dépasser”. Mais on n’a pas les clés et on ne sait pas comment y aller. On a juste envie d’oser mais : Comment ose t-on ? Je me suis posée cette question il y a 4 ans. Je rêvais d’entrepreneuriat et de me lancer ; mais pour moi c’était une telle montagne que je n’allais jamais réussir à la gravir. Je n’allais jamais avoir les clés. Et en fait, il faut le faire méthodiquement, dans mon cas, je savais que je ne pourrais pas me lancer seule.
J’ai toujours rêvé d’entrepreneuriat depuis toute petite parce que j’ai beaucoup d’entrepreneurs dans ma famille. Mais j’étais convaincue que je ne pourrais me lancer que vers mes 40 ans, une fois que j’aurais fait mes armes et acquis de l’expérience. Et en fin de compte, j’ai appris qu’il n’y a pas d’âge pour entreprendre. Et même en n’ayant pas spécialement d’expérience ! Je suis sortie de mes études, je me suis lancée directement. Je n’ai pas eu besoin de passer par de grandes boîtes pour avoir les clés pour me lancer. Par contre, je ressentais le besoin de m’associer à quelqu’un.
Il s’avère que c’est à ce moment là que l’on m’a détecté une tumeur bénigne à la poitrine, juste sous l’aisselle droite. Et là j’ai commencé à remettre en question plein de choses dans mon hygiène de vie, dans mon alimentation, dans les produits d’hygiène que j’utilisais au quotidien (notamment dans les déodorants). Et c’est ça qui a été mon déclic, mon idée. Je voulais lancer un déodorant qui soit naturel, super clean, responsable avec une communication transparente ; mais qui soit efficace et agréable à utiliser. A ce moment là, j’ai eu la chance de rencontrer Thomas, on s’est associé tous les deux.
Un point qui est très important : Comment avancer une fois qu’on a trouvé son idée, son projet ? Quels types d’objectifs on se fixe ? Comment garder la motivation au quotidien ? Et comment surmonter les échecs ?
Justine Hutteau : Quand on se lance, dans n’importe quel projet (entrepreneurial, sportif…), il faut se fixer comme une road map. Il faut se fixer des objectifs atteignables. Avec Thomas, une autre chose qui nous a beaucoup aidé dès le début, c’est que l’on s’est fixé une deadline à 1 an et demi plus tard. Si au bout de cette période, on n’arrivait pas à se payer, si on n’était pas capable de faire des bénéfices sur notre projet, on arrêtait et on mettait notre égo de côté. Se fixer une deadline nous a donné un challenge énorme. On s’est dit que l’on n’avait pas de temps à perdre. Chaque jour on avait notre To Do List, on était excité d’avancer et on se fixait des objectifs atteignables.
Par ailleurs, il faut se fixer comme dans les plans d’entraînements sportifs, des temps de récupération. Pour tenir dans la durée, il est très important d’avoir ces week-ends et soirs où vous coupez. Où vous arrêtez de regarder vos mails.
Comment surmonter également ses échecs ?
Justine Hutteau : Il y a des moments où on se prend des portes et c’est normal. Quand on se lance, tout ce que l’on touche ne se transforme pas en or systématiquement. Certaines choses vont fonctionner, c’est incroyable et pour ça il faut être hyper gratifiant. Mais il y a aussi des moments où on se prend des portes. Là, il faut faire preuve de résilience et c’est le mental qui entre en jeu. Il faut être capable d’accepter ces moments difficiles. Je n’appelle pas ça des échecs parce que je n’ai pas eu le sentiment dans ma vie de vivre de gros échecs. J’ai juste vécu des moments difficiles. C’est comme si j’arrivais à un rond-point, la route que je veux prendre est barrée mais je peux en prendre une autre.
Une autre chose que je me répète souvent, c’est que tout arrive pour une raison. Si ça ne se passe pas, c’est que cela ne devait certainement pas se passer. C’est qu’il va y avoir autre chose derrière. Il faut être ouvert d’esprit et à l’affût des opportunités.
Il y a également une thématique que tu abordes dans ton livre et qui est essentielle, c’est savoir s’entourer quand on lance un projet. Pourquoi est-ce si essentiel pour toi ?
Justine Hutteau : Moi qui suis une personne très extravertie, je me nourris de l’énergie des autres ; je suis hyper sociable et j’aime m’entourer et être entourée de gens qui me donnent des bonnes énergies. Donc il y a sur le côté personnel des personnes qui vont m’aider à tenir sur la durée, m’apporter énormément de réconfort et de conseils. Et ça, on en a tous besoin ! C’est trouver vos piliers dans votre vie, autour de vous, qui vont être là dans les moments où vous avez besoin de soutien.
Et sur le côté professionnel, soyez conscient que vous ne maîtrisez pas tout et que vous avez besoin de vous entourer des personnes qui maîtrisent ce que vous ne savez pas faire, qui vont vous donner des conseils. Des personnes qui sont déjà passées par là, qui ont de l’expérience, qu’on appelle donc des mentors, notamment dans l’entrepreneuriat. Vous devez vous entourer de ces personnes là, c’est crucial, et allez chercher des conseils auprès d’eux. C’est ça qui va vous donner des clés.
Tu évoquais tout à l’heure, et je pense que c’est essentiel pour tenir sur la durée : l’équilibre personnel. Quels seraient tes conseils, quel est ta manière de prendre soin de toi ?
Justine Hutteau : Prendre soin de soi est hyper important c’est ce qui va vous faire tenir sur la durée. Il y a des moments où si vous êtes complètement fatigué, sans énergie, vous allez être moins bon. Donc il faut être capable de se connaître, de savoir à quel moment on va moins bien et de savoir de quoi on a besoin.
De mon côté, mon équilibre est simple, le soir quand je rentre chez moi je coupe. Pas tous les soirs car parfois j’ai du travail ou des événements. Mais la plupart des soirs je rentre chez moi, je suis avec mes copines ou mon chéri, et je coupe mon téléphone ; ou en tous cas j’arrête de regarder mes mails, je stoppe et ce n’est pas grave je regarderais le lendemain. Donc c’est vraiment trouver cet équilibre et surtout dormir. J’ai appris à me connaître et maintenant je sais que je suis plutôt une grosse dormeuse. J’ai besoin de dormir 8 heures par nuit, et si je dors moins, je n’arrive pas à me réveiller le matin, je suis de mauvaise humeur, je n’ai pas d’énergie…
Et moi, mon objectif avec Respire, c’est de transmettre une énergie de dingue parce que j’ai envie que les gens ne reçoivent que des good vibes. Donc je sais que pour ça il faut que je dorme et pour ça il est important de se déconnecter, se reposer et se vider la tête avant d’aller se coucher. On peut également faire de la méditation, seule ou avec le boîtier morphée, avant d’aller dormir pour se relaxer, ralentir sa respiration.. Cela fait énormément de bien parce que l’on se projette ou l’on peut faire de la visualisation. C’est quelque chose qui m’a aidé à me vider la tête pendant une longue période où je me réveillais la nuit en pensant à ma to-do, à ce que je n’avais pas fait..
Après y a le sport ! C’est sur qu’en me lançant dans l’entrepreneuriat avec Respire, au quotidien je fais moins de sport. Mais quand je fais du sport ça me vide la tête, ça me fait du bien, ça m’oxygène le cerveau… Autorisez-vous, et même forcez-vous, à avoir ces petits moments de bonheur pour vous qui font du bien pour être à nouveau à fond quand vous allez vous remettre sur votre projet.
Après je dirais que mon équilibre c’est surtout mon entourage. Prenez du temps pour être avec votre famille et vos proches. La 1ère année de Respire, il s’avère que j’ai fait beaucoup de concessions sur ma vie personnelle. Je l’ai mise de côté, ainsi que ma famille, mes amis… Et en fait, c’était une bonne chose de l’avoir fait. J’en avais besoin mais j’ai beaucoup culpabilisé parfois de ne pas passer assez de temps avec les personnes qui comptent pour moi.
Tu évoques enfin le pouvoir du “positive thinking”, de la psychologie positive…
Justine Hutteau : Être positif, être optimiste, voir le bon côté des choses toujours, c’est hyper important. Mettre de côté les mauvaises énergies, les choses qui nous irritent ; c’est très culture américaine de parler de la psychologie positive. Quand j’ai vécu au Canada pendant 6 ans, à chaque fois que je prenais l’avion et que je rentrais en France pour voir ma famille ; j’arrivais à l’aéroport et au moment du tapis à bagages pour récupérer mes valises, j’entendais les français qui râlaient. C’est là où j’ai réalisé que l’on passait beaucoup trop de temps à râler et à se concentrer sur des trucs négatifs qui nous font perdre notre énergie.
Pour moi, je trouve qu’avoir un état d’esprit “good vibes”, c’est : voir le bon côté des choses, se dire que tout arrive pour une raison et si ça se passe mal c’est que ça devait se passer. Entourez-vous de positif et s’il y a des gens qui vous apportent trop de mauvaises énergies dans votre vie, dites leur ou détachez-vous de ces personnes-là. Vous ne pouvez pas non plus porter toute la misère du monde sur vos épaules. Il y a des choses importantes dans lesquelles vous devez mettre votre énergie et vous concentrer. Donc ne gardez que des bonnes énergies.
Tu mets en exergue en introduction de ton livre une citation de Saint Exupéry, c’est ce qui te porte au quotidien ?
Justine Hutteau : Oui, c’est la phrase “Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité”. Pour la petite anecdote, c’était mon pseudo msn quand j’étais ado. C’est une phrase qui m’a toujours énormément parlé parce qu’on a tous des rêves et on rêve tous quotidiennement, la nuit mais aussi la journée. On rêve de devenir quelqu’un, on rêve d’accomplir des choses ; mais après il faut oser et que ces rêves-là deviennent notre réalité. Croyez en vos rêves et ne lâchez rien c’est hyper important.
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Propos recueillis par Véronique Forge