Rapelang Rabana, la power girl sud-africaine

Rapelang Rabana, la power girl sud-africaine
Fondatrice et CEO de Rekindle Learning, une start-up sud-africaine qui travaille sur des solutions de e-learning pour mobiles, Rapelang Rabana est l’une des figures emblématiques de l’entrepreneuriat africain. En 2012, elle figurait notamment dans la Power List d’Oprah Winfrey, ou encore en couverture du Forbes l’année suivante. Elle nous livre son regard sur la place des femmes dans l’économie africaine.

Pourriez-vous nous décrire votre parcours en quelques mots ?

Rapelang Rabana : Je me suis retrouvée accidentellement dans un programme d’informatique à l’Université de Cape Town. Le jour où j’ai fini par apprécier la possibilité qu’offrait l’informatique de pouvoir créer des choses sortant tout droit de mon imagination, j’en suis devenue accro. Cela s’est transformé en une profonde curiosité de découvrir comment les technologies pouvaient répondre à des défis socio-économiques.

Vous vivez à Cape Town, pourquoi est-ce une ville si inspirante ?

Rapelang Rabana : Cape Town est sans aucun doute l’un des plus beaux endroits au monde. C’est aussi une ville qui recèle de bonne nourriture, de bons vins et qui offre une qualité de vie qui est idéale pour un entrepreneur épuisé, car elle permet de se ressourcer. Mais plus encore, j’ai trouvé en Cape Town un endroit pour devenir la personne que je rêvais d’être, peu importe ce que je décidais de faire : les normes sociales pour obtenir un job ou travailler dans la finance ne sont pas aussi établies que dans d’autres villes, et je doute que j’aurais pu trouver ma voie en vivant ailleurs.

Quelle est votre vision de la femme africaine aujourd’hui ?

Rapelang Rabana : Je pense que la femme africaine doit être capable de mesurer sa valeur unique, et de puiser dans ses forces pour exceller. Quand la femme africaine aura compris cela, nous découvrirons une force encore inconnue du monde.

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Quelle femme africaine est pour vous une icône ?

Rapelang Rabana : Ma mère est pour moi le meilleur modèle. Elle est devenue ingénieure électrique spécialisée dans l’aviation dans les années 80, une vraie prouesse pour sa génération aux vues des opportunités extrêmement limitées. Elle venait d’un milieu très pauvre et était destinée à être mariée très jeune. Je suis toujours très admirative, elle qui en savait si peu sur le monde, mais a décidé qu’il y avait beaucoup mieux pour elle ailleurs, et qu’elle pourrait y arriver par et pour elle-même en travaillant dur et en excellant. Très peu de personnes dans le monde ont la chance d’avoir la preuve vivante que travail acharné et excellence créent la valeur qui mène au succès. Ma mère est cela pour moi.

Quels sont les pays africains qui sont les plus intéressants pour les femmes dans le monde du business ?

Rapelang Rabana : Je n’ai fait du business qu’en Afrique du Sud qui est un pays a priori davantage ouvert aux femmes que d’autres. J’espère un jour pouvoir faire du business dans un autre pays africain.

Pensez-vous que le business soit le meilleur espace d’expression pour les femmes ?

Rapelang Rabana : Je pense qu’être entrepreneure m’a permis de créer mon propre environnement, et de définir mes propres règles pour réussir et vivre ma vie. J’ai l’impression que puisque la plupart des environnements d’entreprise ont été créés par des hommes, ils ont été pensés pour favoriser les traits masculins, comme parler fort pour demander de l’attention, utiliser l’agressivité pour persuader, parler seulement pour montrer de l’autorité (à l’inverse d’être efficace et de ne simplement parler que quand c’est utile), etc. Donc créer son propre système dans son propre business permet aux femmes de définir une nouvelle façon de faire les choses.

Est-ce que les gouvernements africains ont des plans ou des aides spécifiques pour les femmes ?

Rapelang Rabana : En principe, les gouvernements africains ont développé de nombreux programmes pour supporter le leadership féminin, le business et le secteur publique. Mais tant que les gouvernements africains n’auront pas légiférer de manière décisive contre les violences faites aux femmes – comme le viol, les mariages précoces, et les mutilations génitales – ils n’auront pas fondamentalement compris ce que signifie respecter et soutenir les femmes, et ne feront que de la “cosmétique”.

Quels sont les secteurs qui attirent le plus les investisseurs en Afrique ?

Rapelang Rabana : La plupart de l’investissement en Afrique est toujours généré par l’attrait envers les industries traditionnelles comme les minerais, les ressources naturelles, les usines… Comparativement, peu d’investissements vont à l’heure actuelle vers les nouvelles technologies. Ces investissements se dirigent de surcroit vers des entreprises déjà établies, et très peu vers les jeunes entreprises ou le marché du capital-risque.

Quelles sont les plus grandes difficultés rencontrées par les femmes dans le monde du business en Afrique ?

Rapelang Rabana : La société patriarcale qui limite la place de la femme dans la société rend difficile le business pour les femmes, surtout quand elles sont plus jeunes – à cet âge, la femme est plutôt considérée comme une épouse potentielle qu’un partenaire de business.

On entend souvent dire que le changement viendra des femmes, partagez-vous cette idée ?

Rapelang Rabana : Pour construire des communautés et sociétés plus résilientes, nous devons influer sur les représentations et les valeurs des gens, hommes ou femmes. Parce que les femmes ont été sous-représentées dans de nombreuses sphères, nous n’avons pas encore vu leurs forces caractéristiques et valeurs reflétées dans la société. Donc oui, le changement viendra des femmes, non pas parce qu’elles sont des femmes, mais parce que la société devenant plus équilibrée, elle représentera les valeurs et croyances de tous ses citoyens.

@Paojdo

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