Et si les plus de 45 ans étaient le trésor des entreprises ?

plus de 45 ans

Jugés trop coûteux, peu flexibles et difficiles à manager, les plus de 45 ans souffrent d’une certaine forme de discrimination à l’embauche. Grave erreur ! La réalité prouve au contraire qu’ils sont de véritables détenteurs de la valeur travail. Zoom sur une génération bien plus bankable qu’on ne le croit.

En Europe, un salarié sur cinq estime que l’âge est le principal frein à la progression de sa carrière, révèle une étude de ADP, spécialiste de la gestion du Capital Humain. Pour les plus de 45 ans -considérés à tort comme des seniors quand il leur reste encore plus de 20 ans de carrière-  décrocher un entretien peut s’avérer être un vrai parcours du combattant. Une réalité dont témoigne Force Femmes qui accompagne précisément cette génération dans sa recherche d’emploi et création d’entreprise.

Des freins à l’emploi injustifiés

De par sa longue expérience, l’association a pu identifier les principaux freins à l’embauche des plus de 45 ans : le coût élevé de ces salariés expérimentés, le « surdimensionnement » de leurs compétences, les difficultés d’intégration dans les équipes plus jeunes, les difficultés à être managés, et enfin le temps restant à travailler dans l’entreprise. Des idées reçues qu’il est pourtant possible de balayer d’un revers de main. En effet, selon une enquête menée par Force Femmes, 73% de ses candidates âgées de plus de 45 ans ont fait des concessions pour obtenir un job, prouvant que le manque de flexibilité qu’on leur prête est totalement infondé. 25% ont accepté une mobilité géographique, et 7 sur 10 ont concédé une baisse de salaire allant parfois jusqu’à 30% pour 35% d’entre elles.

Mini Guide Leader

Et pour finir, 65% affirment être satisfaites de leur poste actuel malgré ces renoncements. « Une femme sur deux âgée de plus de 45 ans vit seule avec un enfant ou un parent à charge. Pour cette population, la nécessité de travailler est absolue », analyse Agathe Savioz, responsable entrepreneuriat chez Force Femmes. De plus, « la valeur travail est très forte chez les séniors. Ils sont très adaptables. A l’inverse, les jeunes ne sont pas prêts à tout sacrifier pour leur job », atteste de son côté Christine Sauvaget, directrice marketing EMEA chez ADP.

Des soft skills à faire valoir

Bien plus bankable que ne l’imaginent les entreprises, les plus de 45 ans ont énormément d’atouts à faire valoir, à commencer par leurs soft skills. « Ce qui caractérise les femmes que nous accompagnons est qu’elles trouvent toujours des solutions, peu importe les obstacles. Elles sont très inspirantes pour nous au quotidien », poursuit Agathe Savioz.  Outre leur pugnacité, ces profils peuvent aussi faire valoir leur autonomie, un atout qui vient avec l’âge. « Les plus de 45 ans sont immédiatement opérationnels. Ils ont la maîtrise des compétences, savent travailler en équipe et s’intègrent rapidement », estime Christine Sauvaget. Cette intelligence relationnelle leur permet aussi de prendre du recul sur les difficultés. « Ce sont aussi des profils qui peuvent accepter des missions avec un titre moins prestigieux si celles-ci sont intéressantes », ajoute Agathe Savioz.

L’intergénérationnel, un levier de performance

A l’image de la mixité des sexes ou des origines sociales, la mixité des âges est elle-aussi un facteur de performance au sein des entreprises. D’après une enquête de l’OMIG (Observatoire du Management Intergénérationnel) datant de 2015, 85% des entreprises gagneraient en efficacité si elles connectaient mieux les générations. Désormais, cinq générations peuvent se côtoyer au sein des entreprises. « Les séniors sont des mentors pour les plus jeunes de façon naturelle, et on observe aussi aujourd’hui des phénomènes de reverse mentoring, avec des juniors qui peuvent aussi apprendre aux séniors. Tout cela crée du lien dans l’entreprise », se réjouit Christine Sauvaget.

Des entreprises qui n’hésitent pas à sauter le pas

Des qualités sur lesquelles les GAFAM n’hésitent plus à miser, s’offrant du même coup le regard d’une génération de clients au pouvoir d’achat élevé.  Partenaires des Job Dating organisés par Force Femmes, des entreprises telles que Carrefour, Casino, Camaïeu, Sephora ou encore Axa témoignent d’un vrai engagement pour l’emploi des plus de 45 ans. « Les candidates sont très motivées, dynamiques et d’excellente présentation ! », témoigne ainsi un responsable d’Immobilière3F qui a participé à l’un de ces événements en octobre dernier. De la même façon, les concours pour l’administration publique se délestent peu à peu des conditions d’âge.

La formation, le nerf de la guerre

D’après Christine Sauvaget, les plus de 45 ans ne doivent donc en aucun cas se présenter en position d’infériorité dans leur recherche d’emploi. « Je pense que les séniors n’ont pas la pleine conscience de ce qu’ils peuvent apporter en entreprise », affirme-t-elle. Selon la spécialiste, il est essentiel de démontrer à l’entreprise que l’on a réussi à s’adapter à de multiples changements et que l’on a soif de connaissances. « Il faut veiller tout au long de sa carrière à son employabilité. Trop peu de personnes utilisent leur compte personnel de formation. C’est cette curiosité qui donnera la sensation à l’entreprise que vous avez plus d’entrain qu’un junior », insiste-t-elle.

Sur leur CV, les plus de 45 ans ont tout intérêt à mettre en avant les trois expériences les plus significatives de ce qu’ils peuvent apporter à l’entreprise. Si vous rentrez d’expatriation, n’hésitez pas à faire valoir vos compétences et aptitudes même si vous avez fait du bénévolat. Même si les interruptions de carrière sont de moins en moins nombreuses chez les femmes, rares sont les plus de 45 ans qui ont été épargnés par les ruptures de vie. « Il faut rester optimiste et se donner les chances de réussir », martèle Christine Sauvaget.

L’entrepreneuriat, une planche de salut ?

Pour les plus de 45 ans, l’entrepreneuriat peut aussi se révéler être une bonne option même si les prétendants ne devront pas compter leurs heures.. Au sein de l’Association Force Femmes, ce choix concerne environ 30% des candidates. Si certaines se lancent par défaut, d’autres s’y plongent avec conviction en proposant leurs services dans la continuité de leur précédent job, ou en opérant une reconversion. Massages, nutrition, services à la personne… la concurrence est rude mais l’entrepreneuriat présente des avantages considérables en termes d’organisation.

Licenciée après 13 ans de bons et loyaux services en tant que commerciale grands comptes, Véronique Bradol est passée par une période de chômage de deux ans, enchaînant sans succès les entretiens malgré ses solides compétences. « Mais cet épisode m’a donné la rage. J’ai décidé de suivre mon rêve de toujours en devenant fleuriste. J’avais suivi une formation 20 ans auparavant. Je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais », explique-t-elle.

Aujourd’hui, Véronique sillonne les marchés et propose des fleurs locales, bio et solidaires à travers le réseau Cocagne. Une initiative qui lui tient à cœur quand on sait que 85% des fleurs vendues dans l’hexagone proviennent de l’étranger. Il y a peu, Véronique recevait le Prix de la créatrice 2017 décerné par Force Femmes. Une belle histoire qui prouve qu’il n’y a pas d’âge pour entreprendre !

@Paojdo

Vous aimerez aussi :

L’intergénérationnel en entreprise, pourquoi ça marche ?

Copyright photo : Coralie Daudin Photographe

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide