Méditer ou la recette du mieux vivre

Méditer

Cours, best-sellers, applications… L’art de méditer a convaincu des millions de Français. Un temps considérée suspecte, elle est désormais auréolée d’études scientifiques (700 pour la seule année 2014), montrant notamment son efficacité contre la déprime. Focus sur une tendance qui s’installe.

« Je suis partie un an en Australie avec mon mari et mes enfants. Là-bas, j’ai découvert la méditation. » Nous sommes au milieu des années 2000. Après une quinzaine d’années dans la finance, Véronique Maillet a plié bagage pour l’Océanie. Elle y découvre une façon de méditer dénuée de toute connotation religieuse. « Le premier cours a été une véritable révélation. Je me suis dit qu’il fallait importer ces techniques en France. »

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Depuis ses fuseaux horaires lointains, Véronique Maillet se mue en entrepreneure : elle monte un projet d’institut qui voit le jour à son retour à Paris en 2006. Une reconversion « pour son plus grand bonheur », affirme-t-elle. Au programme de sa structure, baptisée Qee : de la méditation bien sûr mais également du yoga, ou encore des pilates, autant de techniques permettant « de se faire du bien », assure la fondatrice. Le succès est au rendez-vous : dix ans après sa création, le centre accueille, rien que pour ses ateliers méditation, un millier de personnes par an.

Une tendance, avec l’aval de la science

Pari gagné donc, alors que ces pratiques remplissent depuis quelques années les colonnes des magazines. Une mode qui semble s’installer durablement, catalysée par l’approbation de grands noms de la science: le psychiatre Christophe André, auteur de plusieurs livres sur la question, a contribué à introduire dans l’Hexagone, la « pleine conscience », méthode laïque de la méditation bouddhiste, mise au point par un biologiste américain, Jon Kabat-Zinn.

Ce professeur de médecine, titulaire d’une thèse soutenue au MIT, a élaboré il y a une trentaine d’années la méthode « Mindfulness-Based Stress Reduction » (MBSR). Un programme de huit semaines visant à aider les patients à gérer leur anxiété via la conscience de l’instant présent.

De son côté, Matthieu Ricard, moine tibétain par ailleurs docteur en génétique cellulaire, déclarait en 2014 à L’Obs : « lorsque l’on médite, plusieurs aires du cerveau liées à la bienveillance, au sentiment d’affiliation avec autrui et à l’empathie (…) sont activées, provoquant des émotions positives, tandis que d’autres, comme l’amygdale, liées notamment à l’agressivité, sont désactivées. (…) La méditation sur l’altruisme constitue un remède à la solitude, elle-même cause de bien des maladies somatiques. »

Des bienfaits sur la santé facilement accessibles

Pour ne rien gâcher, ces répercussions bénéfiques sur l’organisme seraient à la portée du plus grand nombre. « En attendant un métro ou un taxi, on peut se relier, c’est-à-dire sentir, les sensations de ses pieds », affirme Jeanne Siaud-Facchin, psychologue praticienne, ancienne attachée des hôpitaux de Paris et Marseille, auteure de plusieurs livres dont Comment la méditation a changé ma vie… et pourrait bien changer la vôtre ! (Odile Jacob, 2012). «  Faire cela pendant une minute ou seulement dix secondes permet de faire baisser le taux de cortisol, l’hormone du stress, dans le sang. Idem lors d’une réunion en posant ses mains sur le bureau. »

Pour cette convaincue de la méditation, les répercussions de ces pratiques sur l’angoisse, le stress, l’état dépressif ou même la régulation émotionnelle sont évidentes, sans oublier celles sur la fatigue, psychique et physique.

Pour Véronique Maillet, la méditation constitue une solution idéale pour ceux qui ne peuvent s’empêcher de ruminer ou de ressasser des idées angoissantes : « le but est de se laisser traverser par des pensées sans s’y accrocher, à ne pas se laisser envahir par ses tourments. C’est une gymnastique de l’esprit : se forcer à faire un pas de côté, » explique la dirigeante du club Qee, qui propose à ses élèves de suivre, entre autres ateliers de méditation, un programme MBSR.

Méditer : remède à la pression ?

Des pratiques particulièrement salvatrices pour celles et ceux pris dans le tourbillon d’un univers professionnel parfois envahissant. « La méditation a changé ma vie en me permettant de vivre pleinement sans être en permanence en train de spéculer sur ce qui se passerait à la fin de tel ou tel projet », témoigne Jeanne Siaud-Facchin. « Plutôt d’être complètement absorbée par mon mental, j’ai pu me redonner de l’énergie et de la disponibilité, » poursuit-elle, affirmant que méditer lui permet de réaliser plus de choses, « sans être fatiguée et en les faisant mieux ». En clair, « arrêter de gâcher sa vie en courant tout le temps, » affirme cette psychologue, partageant notamment sa vie entre Paris et Marseille, deux villes où elle anime des groupes thérapeutiques.

Un profil de femme active que Véronique Maillet retrouve dans ses cours. « Nous accueillons surtout des personnes, assez jeunes, femmes et hommes. Tous cherchent un endroit où se poser et souffler. Des actifs pas forcément à bout mais susceptibles de l’être s’ils continuent sur le même rythme. »

Et la professionnelle de pointer une société qui en demande toujours plus, tout le temps. « Avec le numérique, nous recevons des centaines de mails par jour. Je ne parle même pas de la pression pour réussir à la fois professionnellement et personnellement. Méditer permet de ne rien faire pendant un moment. » Une manière de se réapproprier le temps.

Claire Bauchart

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