Mathilde Lacombe, la serial entrepreneure de la beauté

Mathilde Lacombe

Mathilde Lacombe, fondatrice des coffrets de beauté JolieBox, vient de lancer la marque Aime, une ligne de cosmétiques sous forme de compléments alimentaires. Confidences d’une serial entrepreneure qui mène de front sa carrière et sa vie de maman.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours jusqu’à maintenant ?

Mathilde Lacombe : En 2009, en parallèle de mes études et de mon stage chez Elle, j’ai commencé en tant que blogueuse aux commandes de lavieenblonde.fr qui proposait des conseils beauté. Deux ans plus tard, j’ai lancé avec 4 associés Joliebox, un concept de box beauté qui a été racheté en 2013 par son équivalent américain BirchBox. Au bout de sept ans de cette première aventure, étant devenue salariée, j’ai négocié une rupture conventionnelle qui m’a permis de me lancer dans un nouveau projet.

Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale ? 

Mathilde Lacombe : Ce n’est pas parce que l’on a réussi une fois que l’on est obligé de s’arrêter là. Je ne pouvais plus continuer l’aventure BirchBox tout en sachant que je commençais à m’éteindre petit à petit. Je n’avais plus rien à apporter à l’entreprise et plus aucun challenge. A seulement 30 ans ! J’avais la sensation d’être arrivée à la fin de quelque chose et j’avais très envie de me lancer un nouveau défi pour retrouver l’excitation des débuts. Et surtout de créer une marque qui me ressemble et qui me corresponde vraiment. J’ai envie de faire des choses qui me plaisent, qui font écho à ce que je suis. On ne s’imagine pas faire la même chose toute sa vie. Or je ne voulais pas faire autre chose que créer mon entreprise. C’est comme une addiction. J’adore l’adrénaline de l’entrepreneuriat. On ne suit pas de règles, tout est à créer.

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Pouvez-vous nous en dire plus sur la marque Aime ?

Mathilde Lacombe : Je souffrais moi-même d’une forte rosacée depuis des années et après m’être ruinée en crèmes et traitements en tous genres, j’ai rencontré Valérie Espinasse, médecin micronutritionniste et docteur en pharmacie. C’est la première à m’avoir parlé d’inflammation et d’équilibre intestinal. Grâce à elle j’ai compris que ma peau était le reflet de ce qui se passait à l’intérieur de mon corps. Et que je soignerai mes problèmes de peau via un changement d’alimentation et une prise quotidienne de compléments. Et non pas uniquement avec des crèmes ou des layering.

Aime propose une nouvelle approche du soin via des compléments alimentaires avec des probiotiques qui correspondent à différents types de peau. Nous avons créé trois formules qui répondent à 99% des besoins des femmes : le French Glow pour hydrater et rendre de l’éclat à la peau, le Pure Glow, à base de magnésium, curcuma ou zinc pour calmer des inflammations, et l’Urban Glow, bourrée d’antioxydants pour aider la peau à lutter contre la pollution. Pour les adeptes des box beauté, il est possible de souscrire à un abonnement pour recevoir chaque mois sa cure.

Le succès semble déjà être au rendez-vous… 

Mathilde Lacombe : Cela faisait deux ans que l’idée me trottait dans la tête, j’avais l’intuition que le mouvement wellness allait prendre de l’ampleur. C’était maintenant ou jamais. Je savais que si je ne le lançais pas, quelqu’un d’autre allait faire quelque chose de similaire. Mais on s’attendait à plus de scepticisme des Françaises sur les compléments alimentaires. Or il y a eu un engouement incroyable pour la marque. Un mois après le lancement, nous avions vendu 7 000 unités, soit le stock que nous avions prévu pour 6 mois ! On a été “sold out” en quelques jours. Du coup on a une waiting list de 6 000 personnes et on est en train de refaire notre business plan pour revoir toutes nos projections.

Votre prochain challenge ? 

Mathilde Lacombe : Nous allons ouvrir une boutique à Paris dans quelques mois. Je vais donc devoir gérer le chantier, les travaux et l’ouverture. Par ailleurs, avec mon associé, nous avons une vraie volonté d’exporter la marque. Je sais que cela prend du temps donc nous ne nous fixons pas d’échéance même si on espère se lancer dès l’année prochaine. Asie ou Etats-Unis, à voir par quel continent on commencera.

Comment capitalisez-vous sur votre première expérience ? 

Mathilde Lacombe : C’est énorme ce que BirchBox m’a apporté. On apprend tellement quand on démarre de zéro et qu’on fait tout soi-même… Quand on s’est lancé j’avais 22 ans et 4 associés. J’ai eu l’opportunité de rencontrer beaucoup de personnes, de me construire moi-même en même temps que de me construire un réseau. La communauté que j’ai fédérée sur mon blog et sur Instagram a constitué une vraie étude de marché pour Aime.

J’avais constamment les mêmes questions de femmes qui revenaient sur le teint terne, fatigué, avec des boutons. C’est comme ça que j’ai imaginé le concept. Il est né de mes expériences personnelles depuis plus de 10 ans dans l’univers des cosmétiques et de la confiance que j’avais de la part de nombreuses femmes. Du coup nous avons lancé la marque sans aucune autre étude préalable. Mais cette fois, on ne part pas de zéro. Le fait d’avoir notre passé et nos noms nous ont aidé à accomplir tout ce que l’on a réussi à faire en 5 mois. Pour le moment, on fonctionne avec des free-lance et cela nous convient bien : on ne fera pas la même erreur de faire grossir l’entreprise trop vite.

Passer de 5 à 2 associés, c’est un choix délibéré ?

Mathilde Lacombe : Oui tout à fait. Etre aussi nombreux est compliqué et demande de faire beaucoup de concessions.  Nous avions chacun un pôle dédié d’activité. Le mien était l’image, la communication, les réseaux sociaux, la création, les collaborations, l’éditorial etc. J’en ai gardé une certaine frustration. BirchBox a tellement évolué qu’à la fin ce n’était plus mon truc à moi, il ne me ressemblait plus. Aujourd’hui, je veux me prouver que je suis vraiment capable de créer mon entreprise.

J’ai envie de tout faire et de tout maitriser, même ce qui est moins sexy, du business plan aux rendez-vous comptables. Je suis arrivée à un stade où j’ai envie de faire les choses à ma façon. Avec François Morrier, on est en phase et on est surtout hyper complémentaires. Si l’on est courtisé par des fonds d’investissement au moins une fois par semaine, pour le moment nous n’avons pas envie d’ouvrir notre capital. La mode de lever des fonds à tout prix est passée : ce n’est ni un gage de réussite, ni une carte d’entrée dans le club fermé des entrepreneurs.

Quelle est votre phrase fétiche qui vous accompagne dans votre vie de tous les jours ?

Mathilde Lacombe : C’est celle qui est justement inscrite dans les premières pages de mon livre. “If not now, then when ? » Si on ne fait pas les choses maintenant et quand on le sent, on ne les fera jamais. J’ai par exemple choisi d’avoir mon fils aîné en 2013 alors que Joliebox était en pleine croissance. Il n’y a jamais de timing idéal. Je suis mon instinct et quand je sens que c’est le moment de faire quelque chose, je le fais sans attendre.

Vous avez écrit un livre « Une question d’équilibre »* dans lequel vous confiez vos recettes pour concilier vie professionnelle et personnelle. Quels sont vos conseils ?

Mathilde Lacombe : Le but est plus de partager mon expérience et d’inspirer les femmes. Je n’ai pas de conseils à leur donner sur comment mieux gérer leur vie. Bien sûr, elles doivent apprendre à déléguer et à prendre du temps pour elles. Les femmes ont parfois tendance à rester dans leur cocon familial, à s’oublier et à oublier d’avoir des projets et de prendre soin d’elles. Si l’on prend le le sujet des enfants par exemple, un enfant se fait à deux et s’assume à deux. Je ne comprends pas la charge que l’on impose aux femmes sous prétexte que ce sont les mères. Le congé paternité doit justement permettre aux pères de prendre leur place plus tôt.

Je suis sûre que beaucoup de pères seraient ravis d’être plus investis et cela aura un grand impact sur la carrière des femmes. Pour ma part, j’ai la chance d’avoir un mari hyper présent. A la naissance de notre troisième enfant, il a lancé sa propre boîte et travaille dorénavant de la maison. C’est grâce à cet équilibre que l’on a construit ensemble que j’ai pu lancer Aime. Aujourd’hui je travaille à Paris et je vis à Reims. J’adore la flexibilité de mon emploi du temps, même s’il faut accepter une certaine porosité entre sa vie de famille et son travail lorsque l’on est entrepreneure.

Charlotte de Saintignon

*Livre « Une question d’équilibre » publié en septembre 2017 aux éditions First

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