Mathilde Collin, co-fondatrice de Front, future Licorne 

Mathilde Collin, front, start-up

Son entreprise Front, installée dans la Silicon Valley, vient juste d’annoncer une levée de fonds de 59 millions de dollars en série C et est pressentie pour devenir une licorne. Au milieu de ses journées bien chargées, Mathilde Collin, la jeune entrepreneure française, a tout de même pris quelques minutes pour répondre à nos questions et revenir sur sa success story inspirante.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer Front en 2013, peu de temps après avoir obtenu un master en entrepreneuriat d’HEC ? La fibre entrepreneuriale coulait dans vos veines ?

Il faut croire… J’ai grandi en France, et je trouvais que beaucoup de personnes avaient l’air mécontentes de leur travail. Trop souvent, j’entendais les gens se plaindre des longues heures, de leur boss, etc. Moi-même j’ai pris un job après HEC dans lequel j’étais plutôt malheureuse. J’ai donc décidé de démissionner et de créer une boite qui ait pour ambition d’aider les gens à être plus heureux au travail – à la fois en créant ma propre entreprise où ce serait le principe directeur, et aussi en tant que boite de logiciels, où nous pourrions améliorer la manière dont les gens travaillent. On a commencé par l’e-mail, car c’est l’outil que les gens utilisent le plus en entreprise, et il n’a pas évolué depuis plus de 20 ans ! 

Comment vous êtes-vous répartis les tâches avec Laurent Perrin, votre associé ?

Au début, je m’occupais principalement des ventes, du marketing, du support client, du recrutement et du produit. Laurent, lui, se concentrait principalement sur la partie engineering et le produit aussi. On est très complémentaires !

Mini Guide Entrepreneuriat

Front s’est rapidement démarqué. En quoi votre logiciel apporte une vraie valeur ajoutée aux entreprises ?

Front a construit une toute nouvelle façon de travailler : c’est de l’e-mail, comme les gens le connaissent, mais c’est collaboratif. Front est intégré aux outils que vous utilisez. Vous pouvez avoir des data sur la performance de vos équipes, et vous pouvez automatiser les tâches répétitives. Résultat : aucun mail ne passe à la trappe, vos équipes sont plus productives (nous avons constaté que les utilisateurs de Front économisent en moyenne six heures par utilisateur et par semaine) et enfin vos clients reçoivent de meilleures réponses, plus rapidement.

Très rapidement, après avoir été soutenus à vos débuts par Efounders (un studio de start-up franco-belges), et avoir fait une levée de fonds de 3 millions de dollars auprès de SoftTech en 2014, votre start-up rejoint le célèbre accélérateur américain Y combinator pour trois mois. En quoi cela vous a-t-il aidé ?

Y Combinator nous a apporté plusieurs choses : un réseau, beaucoup de conseils, de la légitimité aux US… Du coup, ça a été plus facile de recruter et de lever de l’argent. Et puis, ça nous a permis d’obtenir beaucoup de premiers clients.

En 2019, vous êtes l’une des deux seules femmes à figurer dans le classement « Next Billion Dollars startups » de Forbes. Comment expliquez-vous que les femmes y soient encore peu représentées ?

Il semblerait que les entreprises fondées par des femmes commencent à obtenir de plus en plus de financements. Je pense qu’il faudra un certain temps avant que ces entreprises et ces femmes ne soient sur des listes comme celle-ci. Mais il est plus important que jamais que les femmes fondatrices, entrepreneures, etc. continuent de parler de leurs expériences et de leur parcours professionnel. C’est comme ça que nous inspirerons d’autres femmes à créer leur propre entreprise ! 

Front a levé 138 millions de dollars et est pressentie pour devenir une licorne. Vous employez 150 personnes à San Francisco, Paris et Amsterdam et avez 5000 clients. Quel regard vos proches et vous-mêmes portez-vous sur cette ascension fulgurante ?

Je pense qu’ils sont fiers, mais ils voient aussi que je n’ai pas vraiment changé ! J’ai eu beaucoup de chance tout au long de cette aventure, je le sais et ils le savent, du coup je garde les pieds sur terre. 

Quelles qualités vous ont été essentielles jusqu’ici pour réussir ?

Je dirai en premier l’humilité : savoir reconnaitre quand on ne sait pas, savoir demander de l’aide. En deuxième, je citerai la confiance en soi : c’est un métier vraiment dur, et il faut savoir à quoi s’accrocher. Puis, la discipline. A un niveau élevé, la discipline se concentre sur une poignée de choses ce qui est incroyablement difficile parce qu’il y a énormément à faire et que tout semble important.

Enfin, je prends aussi le temps de prendre soin de moi – physiquement et mentalement – et j’essaie de donner l’exemple à nos employés. J’ai, par exemple, supprimé la plupart de mes applications mobiles et j’ai désactivé toutes mes notifications. Je médite régulièrement, j’ai des séances de thérapie et de coaching. Et je prends le temps de déconnecter du travail pour me détendre et recharger mes batteries.

Que diriez-vous à la jeune fille que vous étiez et qui avait peur de se lancer ?

“Just do it !”  

Quels sont vos autres projets pour Front ?

Nous allons continuer à faire grandir la boite tout en gardant une excellente culture d’entreprise. Nous voulons nous étendre géographiquement, on vient d’ailleurs d’ouvrir un bureau à Phoenix et lancer de nouveaux produits. Et bien d’autres choses encore !

 Dorothée Blancheton 

 

 

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