Lucia Iraci, fondatrice des salons de beauté sociaux « Joséphine »

lucia iraci

80% des pauvres sont des femmes. Parmi elles, les moins de 25 ans et les plus de 45 ans sont les plus vulnérables. Elles ont souvent des difficultés à se loger, à travailler et même à élever leurs enfants. Il est alors très compliqué pour ces femmes de dépenser pour prendre soin d’elles. Face à ce constat, Lucia Iraci, coiffeuse engagée, a ouvert en 2011 le premier salon social à Paris, dans le quartier de la Goutte-d’Or, avant d’en établir un second à Tours en septembre 2012. L’année dernière, elles étaient près de 3 000 à avoir poussé les portes de ces salons.

Votre métier a toujours été de mettre les femmes en beauté. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir coiffeuse studio puis gérante de votre propre salon ?

Lucia Iraci : Détestant coiffer en salon, j’ai voulu faire mon métier différemment. Je me suis donc dirigée vers les studios (coiffure pour les magazines, défilés). Des années plus tard, j’ai eu envie de m’occuper des femmes dans la vie. J’ai ouvert mon salon de coiffure à Saint-Germain-des-Prés mais je voulais aussi faire quelque chose pour celles qui allaient mal. N’étant plus en studio, je ne voyageais plus et mes horaires étaient normaux. J’ai pu réaliser mon rêve en montant mon projet pour aider les femmes à se réinsérer à travers la beauté.

Pouvez-vous nous expliquer le concept de vos salons « Joséphine » ?

Lucia Iraci : Ce sont des salons de coiffure et de maquillage, qui sont avant tout des lieux d’écoute, d’échange et de détente. Nous demandons une participation de trois euros aux clientes (comprenant coupe, couleur et maquillage) pour leur laisser la fierté de se l’offrir et de ne rien devoir à personne, et un euro supplémentaire pour tout autre soin de beauté esthétique. L’idée est que les femmes laissent leurs soucis de côté le temps d’une mise en beauté et que nous puissions, grâce à cette rencontre, les aider à se réinsérer et les suivre médicalement.

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Il y a en plus une cabine d’esthétique dans laquelle des professionnelles proposent épilations et soins, et un dressing car nous prêtons des vêtements pour des entretiens d’embauche ou des occasions particulières. Des marques partenaires nous donnent chaque année des pièces de leurs collections hiver et été. Les femmes peuvent aussi participer à des séances de yoga et de sophrologie gratuites.

Qu’est-ce qui vous a poussée à ouvrir les salons « Joséphine », qui viennent en aide aux femmes dans la précarité ?

Lucia Iraci : J’ai commencé par coiffer des femmes sur mon temps libre au sein d’associations. Considérant que les lieux n’étaient pas toujours très propres et ne voulant pas les laisser dans leur quartier, j’ai décidé de les recevoir gratuitement dans mon salon de luxe de Saint-Germain-des-Prés tous les lundis, jour de fermeture. Parallèlement, je me suis mise sur le projet « Joséphine » afin de pouvoir accueillir plus de femmes.

Quels « critères » les femmes doivent-elles remplir pour être reçues dans les salons « Joséphine » ? 

Lucia Iraci : 10 femmes sont prises en charge quotidiennement dans chaque salon. Une place supplémentaire est réservée en permanence en vue de rendez-vous professionnels ou administratifs. Dans 70% des cas, nous accueillons des femmes seules avec enfants qui vivent avec le RSA. Ces femmes en situation précaire sont orientées par des associations d’aide ou par des assistants sociaux. Nous accueillons des jeunes étudiantes pauvres, des femmes victimes de violences… Quand elles passent le pas de la porte, elles sont reçues par une assistante sociale qui se charge, lors d’un entretien individuel, d’évaluer leur situation, leurs besoins et leurs souhaits. Elles doivent évidemment fournir des justificatifs.

Quel sentiment les femmes doivent-elles avoir en sortant du salon pour que vous ayez « rempli » votre mission ?

Lucia Iraci : Je considère ma mission remplie quand elles ont retrouvé du travail. Chaque femme bénéficie d’un suivi personnalisé d’un an et est épaulée par nos équipes dans les deux premiers mois de sa réinsertion sociale. Actuellement, 100% des femmes suivies dans les salons sont en recherche active d’emploi et 30% d’entre elles accèdent à une formation et retrouvent un travail. Bien sûr, quand je vois des étoiles briller dans leurs yeux après une prestation qui les a rendues belles, je suis satisfaite !

Quels sont vos prochains projets ?

Lucia Iraci : Nous allons ouvrir en septembre un nouveau salon à Moulins, dans l’Allier. Nous recherchons actuellement des financements pour en lancer un autre à Rennes.

Avec l’un de nos partenaires, Patrice Bréal, nous sommes en train de mettre en place une formation afin d’amener ces femmes vers les métiers de la mode.

Je suis également en train d’ouvrir une école de socio-coiffure Joséphine. Des médecins, des infirmières, des psychologues vont expliquer aux élèves comment s’occuper des malades ou des personnes dans la précarité.

Après 4 mois de formation, les coiffeurs pourront travailler dans des hôpitaux, des associations… Pour ceux qui n’ont pas les moyens, la formation sera gratuite. A la fin de celle-ci, ils seront directement en phase d’insertion sociale, ce qui va leur permettre de trouver du travail.

 

Salon de Paris : 28 rue de la Charbonnière, 75018 Paris

Téléphone : +33.(0)1.42.59.43.36.

Salon de Tours : 2 rue de la Victoire, 37000 Tours

Téléphone : +33.(0)2.47.42.67.17

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