Louie Media: le podcast qui monte ! Coup de coeur des Business O Féminin awards

Louie Media

Dans la catégorie Coup de cœur Makers des Business o Féminin Awards, j’ai nommé Louie Media. A l’origine de cette société de création de podcasts natifs créée en décembre 2017, les journalistes Mélissa Bounoua et Charlotte Pudlowski, 31 ans toutes les deux. Interview de Mélissa Bounoua.

Quels ont été vos parcours respectifs avant de créer Louie Media ?

Nous nous sommes rencontrées au master de l’école de journalisme de Sciences Po. Puis on est devenues coloc’ lors d’un échange universitaire de six mois dans le Missouri. En 2008, là-bas, on a découvert le journalisme web, l’explosion des formats, le storytelling audio et on a surtout aimé la culture du podcast narratif à l’américaine. De retour en France, on s’est suivies d’une rédaction à l’autre, de 20Minutes.fr à Slate.fr. Quand Charlotte est devenue rédactrice en chef adjointe de Slate en 2014 puis rédactrice en chef en 2016, nous avons travaillé chaque jour ensemble.

Guide Dev Persot

Après plusieurs années dédiées à la presse écrite sur le web, on a redécouvert le pouvoir du son. Ça faisait dix ans que l’on réfléchissait à créer notre propre média. On voulait réinventer les formats narratifs très écrits et faire ressentir le monde en provoquant des émotions. En juin 2016, Charlotte Pudlowski a imaginé à Slate le podcast intimiste Transfert qui raconte, en 25 à 45 minutes, des histoires extraordinaires de gens ordinaires –300 000 écoutes mensuelles. En 2017, nous sommes parties de Slate pour lancer Louie et Slate nous a confié la production et est devenu notre premier client.

C’est comme ça qu’est née l’idée de Louie Media, une société de production de podcasts narratifs ?

Nous voulions lancer une entreprise qui soit à la fois un média pour avoir un modèle économique stable et un studio de création avec Louie Creative pour pouvoir créer des podcasts pour d’autres médias et marques. Nous avons produit « Happiness Therapy » et « Désirs » pour Madame Figaro, « Regard » pour Birchbox, « Engrenages » pour Canal+… Le 7 mars 2018, on a lancé notre premier podcast avec la série « Entre » qui suit l’entrée en 6ème d’une préadolescente de 11 ans. Il y a 26 épisodes courts de 5 à 8 minutes.

On a ensuite imaginé « Plan culinaire » qui creuse nos comportements alimentaires en son binaural, une technique qui restitue l’écoute naturelle en 3D ; et « Emotions », dans lequel notre chargée de production Adélie Pojzman-Pontay décortique une émotion à l’aide d’experts et d’histoires… Le premier épisode s’intéresse par exemple au trac, où l’on entend l’histoire d’un avocat qui, lors de sa plaidoirie, oublie le nom de son client. Notre ambition avec ces émissions ? Raconter le monde et nos pratiques culturelles et sociétales à travers des personnages et des histoires personnelles, pour mieux le comprendre et l’appréhender.

Comment vivez-vous votre vie d’entrepreneure ?

Journalistes de formation, nous ne savions rien de la création d’entreprise. Nous avons notamment appris le droit du travail. Si avoir sa propre entreprise est extrêmement libérateur –nous sommes nos propres patronnes–, c’est aussi très stressant : toutes les responsabilités reposent sur nous. On doute beaucoup. C’est excitant car chaque jour nous devons trouver des solutions pour avancer. Mais on est surtout très fières d’avoir créé une entreprise où les femmes sont si bien représentées –les 8 salariés de l’entreprise sont des femmes– et de les aider à avancer dans leur carrière. Dans trop de rédactions, les femmes n’accèdent pas aux postes de direction. On se définit comme une entreprise progressiste et féministe qui lutte contre les discriminations. Nous cherchons d’ailleurs à donner davantage la parole aux femmes dans nos podcasts.

Les podcasts, c’est l’avenir de l’information ?

Les podcasts n’ont pas vocation à remplacer l’écrit, ils sont complémentaires. En France, on écoute beaucoup la radio. Les podcasts, c’est un peu le Netflix de la radio, une radio délinéarisée sans fréquence, sans durée et sans RDV imposés. Les gens sont très demandeurs parce qu’ils se consomment facilement : on peut en écouter n’importe où, à n’importe quel moment, et notamment sur les temps de transport. Cela leur permet également de se libérer des écrans et de reposer leurs yeux.

De notre côté, nous croyons à la force de la parole. Les podcasts proposent un mode de narration qui correspond à notre besoin d’intimité et de lien avec l’autre. C’est une façon différente de s’informer et d’entrer dans la vie des gens. Il y aura toujours des personnes qui préféreront le texte. Mais une fois que les auditeurs passent au podcast, ils deviennent rapidement addict et peuvent en écouter 5 à 7 par semaine. Si, au départ, il n’y avait que des podcasts indépendants, l’offre se professionnalise. Le marché est en train de se structurer.

Souffrez-vous déjà de la concurrence ?

On est arrivées sur un marché en développement avec de nouveaux acteurs. Du coup, on a dû repenser le modèle et le business plan pour ne pas faire d’erreur. D’autres studios se sont lancés, comme Nouvelles Écoutes en 2016 et Binge Audio en 2015. Et des plateformes performantes existent, comme Majelan de Mathieu Gallet ou Sybel. Des acteurs du streaming se lancent, il faut être en veille permanente. Mais, à mon sens, il y a de la place pour tous car il y a un véritable marché et les gens sont demandeurs de cette nouvelle façon de consommer de l’information. Et les marques sont elles aussi curieuses et attirées par ce format.

Quels sont vos projets pour Louie Media ?

Dès la première année, on a multiplié les clients et au bout de trois mois on a embauché notre première salariée. Nous sommes 12 aujourd’hui, dont cinq chargées de production et allons renforcer l’équipe commerciale cette année et la communication. Pour rencontrer notre audience, qui est très impliquée et engagée, nous organisons des événements dans nos bureaux. Nous venons de lancer Injustices et sortirons encore trois nouveaux podcasts Louie Media d’ici la fin de l’année. En parallèle, notre portefeuille clients grandit chaque jour. On en compte une quinzaine, parmi lesquels Orange, Canal +, Birchbox.

Charlotte de Saintignon

0
    0
    Votre panier
    Votre panier est vide