A l’heure où l’on parle davantage de surmenage et de burn-out professionnel, la psychologie positive au travail peut être salutaire. Elle permet à chacun de faire un travail sur soi qui rejaillit sur son environnement. Béatrice Arnault et Eric Mellet, auteurs de « La boîte à outils de la psychologie positive au travail » (éd. Dunod), nous en disent plus.
En développement personnel, dans l’éducation, on entend de plus en plus parler de psychologie positive. Le milieu professionnel n’y échappe pas. « On passe beaucoup de temps au travail. Or, toutes les études, notamment celles s’appuyant sur les neurosciences, démontrent que plus on a des expériences positives, faites d’empathie, de gratitude et plus on est bien dans sa peau, résistant au stress et performant. Au contraire, si on se sent isolé dans une organisation et un environnement changeant, on risque davantage le burn-out », explique Eric Mellet, consultant, coach, facilitateur et co-auteur avec Béatrice Arnault de « La boîte à outils de la psychologie positive au travail » (éditions Dunod).
La psychologie positive est ainsi un facteur de mieux-être. Mais que l’on ne s’y trompe pas : elle ne se résume pas à une pensée naïve, ni à mettre un baby foot dans les locaux, à avoir une jolie déco ou à faire une heure de méditation le midi… La psychologie positive commence individuellement, en travaillant son mindset. Cela revient à s’interroger sur sa conscience de ce qui se passe et comment on en prend son parti.
Une démarche personnelle
Pour commencer, il faut avoir « un état d’esprit de développement », c’est-à-dire penser que l’on peut améliorer ses capacités grâce à ses efforts. Au contraire d’une personne à « l’état d’esprit fixe » qui croit que ses compétences sont prédéterminées et immuables. Vous êtes ainsi plus apte à apprendre, persévérer, relever les défis et en retirer des bénéfices.
Il faut ensuite connaître ses propres valeurs et s’appuyer sur ses forces de caractère, autrement dit ce qui vous caractérise en bien, pour développer votre confiance en vous et atteindre vos objectifs. « Souvent on fait des audits sur ce qui va mal dans son entreprise et on regarde ce qui marche chez les autres.
Là, l’idée c’est de regarder ce qui va bien chez soi pour s’appuyer sur ses forces », suggère Béatrice Arnault, psychosociologue des organisations, coach et facilitatrice. On essaye également de voir les choses avec un autre point de vue, en étant plus constructif. « Notre cerveau a tendance à remarquer le négatif et c’est renforcé par notre éducation et le système scolaire. Mais on peut changer, décider de voir le verre à moitié plein, être attentif à ce qui nous permet d’éprouver de la gratitude », ajoute Eric Mellet. Il est important aussi de trouver du sens à ce qu’on fait pour se sentir investi et éprouver des émotions agréables au travail.
Résister aux stress
La psychologie positive invite aussi à prendre conscience de ses modèles mentaux, de ses croyances qui influencent ses comportements, et à savoir ce qu’on veut faire désormais. Face à un moment de stress, par exemple, on peut subir et rester nerveuse ou bien choisir de penser à un moment de sa vie où l’on a été brillante et se projeter dans le futur avec le même état d’esprit. La visualisation positive complète ce travail. Vous appréhendez un rendez-vous client ? Imaginez la scène idéale, l’argumentaire que vous allez déployer, votre attitude, les réactions favorables de votre client et votre succès.
En formalisant cette vision, vous la construisez et renforcez votre confiance en vous. Face au stress, on peut également prendre de la distance avec les émotions et se concentrer autant que possible sur les faits.
Bien souvent, en voyant les choses de manière positive et en changeant son comportement, on améliore ses relations avec ses collègues et sa hiérarchie.
Accompagner en tant que dirigeant
Si le changement commence par un travail individuel, le dirigeant joue aussi un rôle important. « Il peut accompagner ses collaborateurs en autorisant à aller vers cet état d’esprit positif. Il peut permettre à chacun de donner ses idées, d’expérimenter davantage, d’avancer, d’apprendre de ses erreurs comme on le fait aux Etats-Unis. Les soft skills, le savoir-être comme l’intelligence émotionnelle, l’empathie, ont été tabous pendant des années mais ce sont de vraies valeurs ajoutées pour une entreprise », analyse Béatrice Arnault.
Le manager ou dirigeant d’entreprise, en connaissant bien et en soutenant ses collaborateurs, participe à lever les freins psychologiques. Il communique clairement, favorise les initiatives individuelles en laissant une marge d’autonomie et d’organisation. Ses encouragements et feedback réguliers sont précieux. « On a besoin de cette intelligence collective. Le modèle hiérarchique très vertical laisse sa place au réseau. Ca valorise tout le monde et l’ambiance change. Il y a alors moins de résistance quand chacun s’engage, ça devient « notre » entreprise », ajoute l’experte.
Les collaborateurs développent un vrai sentiment d’appartenance au groupe. Le bien-être et la prise en considération de chacun rejaillissent positivement sur l’entreprise. « La psychologie positive réconcilie la dimension humaine et relationnelle avec la performance optimale », conclut ainsi Eric Mellet. Une expérience à tenter pour gagner en bien-être et en efficacité.