Et si l’audace n’était pas une question d’héritage, mais d’élan ? Dans Entrepreneures d’exception, Josiane Asmane donne la parole à celles qui ont osé entreprendre, souvent contre toute attente. Sportives, artistes, poétesses ou encore pionnières du monde des affaires : ces femmes, venues de tous horizons, prouvent qu’il n’existe pas une seule manière d’être entrepreneure. Rencontre avec une autrice qui croit fermement au pouvoir des rôles modèles pour faire bouger les lignes.
Dans votre livre « Entrepreneures d’exception », vous avez mis en lumière des entrepreneures de différentes époques et secteurs. Comment avez-vous sélectionné ces figures emblématiques ?
Josiane Asmane : La plupart des femmes que j’ai choisies n’étaient pas destinées à devenir entrepreneures – et c’est justement ce qui m’a touchée. Je voulais montrer à toutes les femmes qu’on peut entreprendre même sans héritage entrepreneurial, sans réseau, ou sans diplôme prestigieux. Beaucoup se sentent illégitimes, alors qu’elles ont pleinement leur place dans ce monde.
J’ai sélectionné des profils très variés : des sportives, des écrivaines, des artistes… L’idée était de refléter la diversité des parcours, pour que chaque lectrice puisse s’y reconnaître. Ces portraits sont issus d’une rubrique que je tenais dans le magazine Odyssées, produit par LiveMentor. Le livre est une prolongation de ce travail, enrichi de conseils pratiques et de nouvelles réflexions.
Nous avons retenu 15 femmes emblématiques, avec pour objectif de couvrir toutes les thématiques majeures de l’entrepreneuriat : la confiance en soi, l’audace, la gestion de l’argent, de l’énergie, du bien-être, etc… Le livre inclut aussi des témoignages contemporains de lauréates des prix Bold Woman Award et Bold Future Award de la maison Veuve Clicquot qui œuvre pour l’entrepreneuriat féminin depuis 1972, a pour mission de célébrer les femmes entrepreneures, de les rendre visibles et de leur offrir une aide concrète pour réussir. Ces femmes partagent leurs conseils concrets pour réussir – toujours avec impact et audace. Car ce livre, au fond, c’est aussi une manière de leur offrir de la visibilité, un enjeu essentiel dans l’entrepreneuriat féminin.
Vous évoquez des histoires de résilience et de persévérance. Y a-t-il un témoignage qui vous a particulièrement marqué ?
Josiane Asmane : Oui, celui de Maya Angelou, une véritable icône de la résilience. Elle a connu des épreuves extrêmement dures, a été mère célibataire à 17 ans, a exercé toutes sortes de métiers, puis est devenue une grande écrivaine et conseillère de Martin Luther King. Ce qui m’inspire chez elle, c’est sa force, sa capacité à se réinventer face aux épreuves – une qualité fondamentale pour entreprendre.
Elle disait : “Essaye d’être un arc-en-ciel dans le nuage d’autrui”. Cette phrase me touche profondément. Elle incarne l’idée de rester une source de lumière et d’espoir, malgré les tempêtes. C’est exactement ce que je retrouve dans l’entrepreneuriat : cette faculté à transformer les obstacles en tremplins.
Quelles sont, selon vous, les clés pour réussir en tant qu’entrepreneure ?
Josiane Asmane : Il n’existe pas une seule manière d’entreprendre, et c’est essentiel de le comprendre. Chaque entrepreneure a sa propre façon de faire. L’entrepreneuriat n’est pas une liste de cases à cocher, c’est un chemin personnel. Ce que je retiens de toutes les femmes que j’ai rencontrées, c’est qu’elles partagent certaines qualités : l’optimisme, l’audace, la capacité à porter une vision singulière.
L’exemple d’Élisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies, m’a marquée : elle parle du lien entre utopie et entrepreneuriat. Selon elle, entreprendre, c’est se reconnecter à ce qui nous anime profondément. Une idée que je partage totalement.
J’ai aussi créé la “journée de l’audace” chaque 14 du mois, en hommage à Barbe-Nicole Clicquot Ponsardin. Ce jour-là, je me lance un petit défi audacieux. C’est une façon de cultiver l’audace dans la joie, et de l’ancrer dans le quotidien.
Parmi les histoires que vous partagez, laquelle illustre le mieux la capacité d’adaptation et l’audace nécessaires pour entreprendre ?

Josiane Asmane : C’est difficile d’en choisir un seul, car elles sont toutes incroyables. La veuve Clicquot, par exemple, s’est retrouvée à 27 ans, sans expérience, à la tête d’une maison de champagne, et a su en faire un succès mondial.
Je pense aussi à Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde en se déguisant en homme, pour vivre sa passion de la botanique. Ou encore à Madame C.J. Walker, fille d’esclaves, devenue la première femme afro-américaine millionnaire grâce à sa marque de produits capillaires. Elles ont fait preuve d’un courage immense, souvent dans des conditions encore plus dures qu’aujourd’hui. Ce sont de véritables rôles modèles.
Quels stéréotypes ou idées reçues sur l’entrepreneuriat féminin aimeriez-vous déconstruire à travers votre livre ?
Josiane Asmane : Le premier, c’est que les femmes n’auraient pas assez d’ambition ou de persévérance. C’est faux. Elles ont de l’ambition, mais on leur en donne rarement les moyens.
Un autre cliché, c’est qu’il serait trop tard pour entreprendre à un certain âge. Encore faux ! Il n’y a pas d’âge pour se lancer.
Je veux aussi déconstruire l’idée que seules les femmes “hyper confiantes” peuvent réussir. J’ai interrogé des femmes qui doutaient d’elles, mais qui ont avancé en s’entourant bien. Ce n’est pas un “gène entrepreneurial” qu’on a ou qu’on n’a pas. L’entrepreneuriat est accessible à toutes, avec ou sans diplôme prestigieux.
Enfin, l’idée qu’il faudrait tout sacrifier pour réussir est très nocive. Prendre soin de soi, faire du sport, préserver sa santé mentale : ce n’est pas un luxe, c’est une base. L’équilibre personnel est un atout, pas un frein.
Quel message clé retenez-vous au travers les portraits de femmes vivantes ?
Josiane Asmane : Toutes m’ont dit la même chose : “l’entrepreneuriat est un marathon, pas un sprint”. Il faut apprendre à tenir dans la durée, à s’adapter, à se relever. Et surtout, à ne pas perdre de vue ce qui nous fait plaisir.
La joie est une force motrice trop souvent sous-estimée. Elle est précieuse pour continuer, jour après jour, à bâtir, malgré les difficultés. C’est ce que je souhaite transmettre aux lectrices : le droit à l’audace, à l’imperfection, et à la joie.