Interview de Sophie Kerob, fondatrice de Wooskill

Wooskill

Wooskill, fondée par Sophie Kerob, lauréate des Business O Féminin Awards 2024 dans la catégorie #Scale-Up, est une plateforme innovante dédiée à la démocratisation de l’accès aux compétences. Cette initiative permet à chacun de consulter des experts en visioconférence dans divers domaines, allant du coaching de vie au marketing digital. En mettant en avant la collaboration et l’accessibilité, Wooskill se positionne comme la première plateforme européenne de partage de compétences, rendant les savoir-faire de ses “Skillers” disponibles pour tous les budgets et tous les besoins.

Quel a été le constat ou la problématique à l’origine de la création de Wooskill ? Qu’est-ce qui vous a motivée à fonder cette entreprise ?

Sophie Kerob : Fin 2019, j’ai cédé au groupe Webhelp la précédente société que j’avais co-fondée avec Jean Christian Kipp et Jerome Stevens : Direct Medica. J’envisageais de “me poser” un peu après ces années de travail très intense, et profiter de mes jeunes enfants alors âgés de 1 et 5 ans. Mais le virus de l’entrepreneuriat ne m’a pas laissé de répit… J’étais en constante ébullition sur de nouvelles idées et l’envie de continuer à oeuvrer pour apporter des solutions novatrices aux maux de notre société.

En 2020, le Covid nous confine à la maison, la visio s’installe dans tous les foyers et la téléconsultation médicale révèle tout son potentiel. C’est à ce moment que naît l’idée d’élargir ce principe de consultation d’expert à d’autres domaines, pour que chacun puisse consulter en visio le Coach ou Mentor dont il a besoin, d’où il veut et quand il veut. En s’appuyant sur les compétences des uns et des autres, dans une logique collaborative, pour qu’il y en ait pour tous les goûts et tous les budgets. Et ainsi véritablement démocratiser l’accès aux compétences !

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C’est ainsi qu’avec mes associés, nous avons imaginé Wooskill : la 1ère plateforme collaborative de partage de compétences en Europe.

Quel est le public cible de Wooskill ?

Sophie Kerob : Wooskill s’adresse à tous types de public. Du côté des experts qui proposent de partager leurs talents et leurs “skills”, il peut s’agir de tout professionnel ou particulier passionné qui souhaite partager sa passion avec le plus grand nombre. Bien sûr, il faut être validé par nos modérateurs.

Du côté des clients, nous adressons plus de 350 domaines, allant du coaching de vie au développement professionnel, de la couture au Marketing digital, du coaching minceur au yoga du visage… Nous adressons là encore tous types d’utilisateurs, à titre professionnel ou personnel.

Comment recrutez-vous les coachs ?

Sophie Kerob : Sur les thématiques les plus stratégiques, nous avons une approche proactive et lançons des campagnes d’acquisition de skillers hautement qualifiés. En parallèle, nous accueillons chaque jour de nombreux Skillers venus par eux-mêmes. Le travail de nos modérateurs est essentiel, chaque profil est étudié un par un et un badge “validé” précise que les informations ont pu être vérifiées. Le badge “Top Skiller” distingue la crème de la crème, nos skillers dont le profil et les offres proposées sont de grande qualité et qui génèrent un maximum de satisfaction auprès de leurs clients.

Quel est le modèle économique de Wooskill ? Comment générez-vous des revenus ?

Sophie Kerob : Nous sommes rémunérés en fonction des revenus générés par nos Skillers. Nous retenons des fees de l’ordre de 15% HT sur les transactions générées sur la plateforme. Avec le développement du trafic, nous étudions la possibilité de déployer de nouveaux modèles économiques, pour proposer le modèle idéal à chaque type d’usage.

Vous avez effectué une levée de fonds pour financer la croissance de Wooskill ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience ?

Sophie Kerob : Nous avons très rapidement levé 3 millions € pour développer la plateforme et lancer l’activité. Nous bouclons actuellement une seconde levée de fonds pour financer notre croissance. Dans un contexte déjà tendu pour les start-ups, en face d’investisseurs devenus frileux, nous avons eu la chance de porter un projet qui a immédiatement suscité l’enthousiasme d’investisseurs partageant notre vision, car il allie ambitions fortes, horizons illimités et impact tangible sur la société.

Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que fondatrice et comment les avez-vous surmontés ?

Sophie Kerob : Mon principal défi a été – et reste – de trouver le juste équilibre entre Wooskill et ma vie de famille. Mes 2 petits garçons ont besoin de beaucoup d’attention, et je fais mon possible pour être présente auprès d’eux tout en étant accaparée par Wooskill jours et nuits. C’est un exercice extrêmement complexe, sans recette miracle. Je ne peux qu’essayer de m’approcher du bon équilibre, par moments je pense y être et en suis fière… jusqu’à ce que l’équilibre vole en éclats !

Le second challenge est propre à toute place de marché “grand public” ; ce type de projets demande des investissements très importants et présente le double-défi de recruter le côté “offre” et le côté “demande”… puis d’équilibrer les deux. C’est ce qui effraie nombre d’investisseurs.

Nous avons compris que notre modèle demandait d’abord une offre de qualité avant d'”ouvrir le magasin”. Il a fallu beaucoup de patience chez nos skillers avant que l’activité démarre. Il a d’abord fallu le temps de référencer nos 10 000 premiers Skillers, de stabiliser la plateforme technique pour “ouvrir le magasin”, puis de faire de nombreux tests avant d’affiner notre stratégie de marketing digital et intensifier nos efforts d’acquisition de clients. Nos Skillers ont été d’une patience incroyable. Ils ont tenu bon et ont cru en nous. Pour l’équipe, cette période était également frustrante car nous avions le pieds sur le frein en permanence, tout notre travail était focaliser sur la résolution de problèmes.

Aujourd’hui, la croissance est exponentielle, les transactions ont été multipliées par 40 en 8 mois ! Quand nous venons au travail, c’est pour principalement pour parler de développement, de conquête, de croissance… cette phase est beaucoup plus excitante !

Quels ont été vos principaux apprentissages en tant que fondatrice et dirigeante de Wooskill ? Y a-t-il des leçons que vous souhaitez partager avec d’autres entrepreneures ?

Sophie Kerob : Le 1er concerne le marketing digital : c’est aujourd’hui une science extrêmement complexe, qui demande une agilité importante dans la capacité à tester, mesurer et ajuster. Au début de l’aventure, quand on a peu de moyens, on ne peut pas internaliser toutes les expertises, il ne faut pas hésiter à s’entourer d’experts freelances pour variabiliser les coûts et éviter de faire fausse route et brûler son cash de façon inefficace.

Le second concerne la capacité à faire des choix : il est important de garder le cap et une vision claire, partagée avec toute l’entreprise, tout en sachant réorienter son projet en fonction de ce que nous suggère le marché. Un jeu d’équilibriste plus complexe qu’on en le pense !

Comment la technologie et l’innovation jouent-elles un rôle dans le développement de Wooskill ? Avez-vous des projets en cours que vous pouvez partager ?

Sophie Kerob : On est une place de marché collaborative de partage de compétences, sur laquelle toute personne peut acheter ou proposer une consultation d’expert en live, dans un format one-to-one ou one-to-many.

Ce sont les évolutions récentes de la tech qui ont rendu possible la naissance de ce projet. En effet, il a fallu embarquer une technologie très dense dans Wooskill : prise de rendez-vous en 1-1, billetterie pour des évènements collectifs, visio propriétaire, enregistrement et monétisation des replays, paiement en ligne, facturation automatique, messagerie instantanée et de nombreuses autres features qui demandent des efforts soutenus en développement informatique. Nous commençons à intégrer des solutions d’IA à la fois pour gagner en efficience et pour enrichir notre offre de service.

Quels conseils donneriez-vous aux autres femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, en particulier dans des secteurs innovants et en évolution rapide ?

Sophie Kerob : Prenez le temps avant de vous lancer. Si vous croyez à 99% à votre projet, attendez, prenez le temps de l’étudier jusqu’à avoir une conviction totale. Si vous y croyez à 200%, tenez bon, ne lâchez rien et n’ayez pas peur de faire entendre votre voix… tout en restant à l’écoute de vos clients pour ajuster au mieux votre direction. Il y a certes encore trop peu de femmes à la tête de start-ups, surtout dans la tech, mais être une femme peut être une force incroyable. Dans la créativité, dans le style de gestion des équipes et partenaires, mais aussi pour sortir du lot car la rareté booste l’attractivité !

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