Femmes et maternités, contre les idées reçues.

Femmes et hommes de pouvoir - Convaincre - Le vêtement: outil de persuasion ou de séduction?
Intégrer un projet de maternité dans une carrière professionnelle sans la mettre en suspens, tel est le dilemme de nombreuses femmes. Dans cette tribune, Muriel de Saint Sauveur, directrice de la diversité du groupe Mazars nous invite à nous départir des clichés.

On sait transplanter un cœur artificiel, ou un larynx, les paralysés pourront bientôt marcher grâce à la découverte d’une substance à implanter dans la moelle épinière, on fera un jour un enfant dans un utérus artificiel hors du ventre de la mère, on guérit de plus en plus de cancer mais les médicaments sont toujours testés sur des hommes d’environ 80 Kg et de près d’1m 80… et ce n’est qu’en 2016 que sera introduit en France, dans l’examen final de médecine, le sujet de « la femme enceinte dans son environnement professionnel ». 

En 2016 en France, vous avez bien lu ! Jusqu’alors le sujet de la maternité en entreprise n’était pas étudié ! Il n’existait pas tout simplement !

En attendant, les femmes sont passées en un demi-siècle de statut de corps procréateur à celui d’individu de plein droit et ceci de manière fulgurante. Se considérant comme des personnes, les femmes de 2015 veulent en même temps travailler, avoir une famille, être amoureuse et en bonne santé. Une révolution totale à la fois pour les gouvernements mais aussi et surtout pour les employeurs petits et grands. En France, selon le débat de la Fondation Prem up* de Juin dernier* il y avait 11 000 naissances en 1972 pour 14 000 en 2010.

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Et parallèlement le taux d’emploi des femmes travaillant au moment de la maternité est passé de 53 à 70% dans la même période. Pourtant, une femme attend encore le plus longtemps possible pour annoncer sa grossesse à son chef, dont elle craint la réaction tout comme celle de son équipe. Et nous avons tous en tête l’image du boss qui sourit de bonheur devant l’annonce tout en ayant au fond de la tête une petite voix lui disant «  comment allons-nous organiser cette absence ? Encore une …»

L’idée a longtemps été répandu qu’il était mauvais de travailler pour l’issue de la grossesse. C’est ce qui a poussé un certain député à instaurer le congé prénatal qui date de 1909 dans notre pays. Encore aujourd’hui ce congé est extrêmement divers suivant les continents. Il protège trop ou pas assez, il est rémunéré ou pas, et il devient de plus en plus contraignant par toutes les parties concernées notamment en France.

Une femme enceinte qui travaille se porte beaucoup mieux

Car ce qui est trompeur et que l’entreprise peine à intégrer, c’est qu’il y a autant de cas que de femmes enceintes. Et que si la santé était un coût, elle devrait devenir sous peu, du moins nous l’espérons, une richesse pour les employeurs. Alors comment faire pour que l’entreprise, qui a besoin de repères puisse gérer une flexibilité de plus en plus souhaitée et par les médecins et par les femmes elles-mêmes ? Lorsque vous gérez une entreprise, vous devez planifier.

Or la pression qui retombe à ce moment sur la future mère peut obligatoirement la stresser et la pousser à prendre un congé pathologique alors qu’elle pourrait être beaucoup plus heureuse en restant travailler de manière adaptée et par conséquent être plus efficace pour l’entreprise. Voilà la dualité du sujet. Il ressort des études qu’une femme qui travaille, dans la plupart des cas, se retrouvera mieux entourée, mieux informée et plus surveillée et au final plus heureuse que celle qui, isolée de son milieu professionnel, risque de se retrouver toute seule à la maison.

Une forte discrimination partout dans le monde

L’employeur de son côté a peu d’informations et de statistiques sur la maternité. Il considère souvent que cela ne le regarde pas, et que les risques sociaux se multipliant, il fait ce qu’il peut. Or le monde vit une révolution qui bouleverse totalement les rapports entre les hommes et les femmes, l’épanouissement des femmes étant devenu un impératif à prendre en compte. Que les femmes décident ou pas d’avoir des enfants, cette question leur est posée à un moment de leur carrière.

Cette demande d’épanouissement remet en cause la position des hommes, et notre utilisation des nouvelles technologies ne fait qu’accroître cette révolution en modifiant nos modes de travail. Dans la dernière étude* du Groupe Mazars auprès de 2500 femmes de 103 pays, elles sont 55% à se sentir discriminées professionnellement à cause de la maternité. Et certaines situations peuvent être violentes. Alors la maternité devient un problème plutôt qu’une joie, un projet professionnel plutôt qu’un projet de couple, une course contre la montre en raison de l’âge de plus en plus mure des mères.

Et pourtant, c’est bien la démographie qui modifiera demain la situation géopolitique des pays. Or selon le rapport de l’ONU de Juillet 2015, L’Europe sera la seule région du monde à voir sa population décroitre durant le siècle, passant de 10% à 5,7%. Largement dépassée par l’Afrique et l’Inde en 2025.*

Urgences ! 

Il y a donc urgence à ce que la médecine investigue le sujet, que les femmes s’autorisent à assumer leur maternité, que les entreprises y voient là une richesse plutôt qu’un coût et que les hommes y trouvent leur intérêt. Il y aussi urgence à faire comprendre aux féministes que la maternité pénalise toujours les femmes mais que la défendre n’est pas une régression. « Faut-il vraiment abolir le maternel pour que les hommes et les femmes deviennent égaux » demande l’historienne Yvonne Knibiehler*. Et bien si l’on vous dit que j’ai décidé de ne pas avoir d’enfant mais que défendre celles qui en ont me semble un devoir, je vous laisse juge.

Muriel de Saint Sauveur
Directrice de la Diversité

*Rapport de la Fondation Prem up
*Enquête Groupe Mazars
*Le Point 13.08.2015.
*Yvonne Knibiehler, Elle, 26.9.2014. (Auteur de nombreux ouvrages dont « Histoire des mères et de la maternité en Occident ». Editions Que sais-je ?)

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