Femme surdouée : comment mieux vivre sa différence en entreprise ?

surdouée femme
En France, on estime que 2% de la population possède un haut potentiel, soit environ 600 000 femmes puisque la douance concerne tout autant les deux sexes. Mais beaucoup d’entre elles s’ignorent, souffrant parfois de cette différence sur laquelle elles ne parviennent pas à mettre de mots. C’est pour les aider à s’épanouir dans leur plein potentiel que la psychologue clinicienne Monique de Kermadec leur a dédié un ouvrage passionnant « La femme surdouée, double différence, double défi » aux éditions Albin Michel.

« Je ne suis pas à l’aise avec les gens. J’ai toujours eu un fort sentiment d’usurpatrice ». « Je suis tellement loin de moi que je ne peux pas être proche des autres ». « Mon père me dit que tout le monde est pareil et que c’est de l’arrogance de se sentir différente ». Ces confessions, Monique de Kermadec les a glanées tout au long de sa carrière de thérapeute auprès des enfants et adultes surdoués. Toutes témoignent d’une certaine souffrance de la part des ces femmes au fonctionnement cérébral unique, mais dont la majeure partie n’a jamais été diagnostiquée.

Les filles surdouées, plus difficiles à détecter 

 Il faut dire que la douance est un sujet dont on ne parle que depuis le milieu des années 90 en France. Qui plus est, « on envoyait plus aisément les garçons en consultation parce que l’on s’inquiétait de leurs études calamiteuses, tandis que les petites-filles surdouées posaient rarement problème, se pliant plus facilement au parcours scolaire », explique Monique de Kermadec. Davantage encouragées à développer leur intelligence émotionnelle, les fillettes surdouées sont en effet plus difficiles à détecter car leurs carences en la matière semblent atténuées par rapport aux garçons à haut potentiel. « Cela est aussi source de davantage de souffrance pour les femmes puisque celles-ci ont l’impression de se démarquer à la fois de la norme féminine et masculine, parce qu’elles ne répondent à aucun des prérequis pour les deux sexes », ajoute la psychologue.

Les signes caractéristiques de la femme surdouée

-Une plus grande sensibilité avec un sentiment de différence accru.

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-Le recours au faux self : toujours en quête de l’approbation des autres, la femme surdouée va se conformer à leurs attentes en négligeant son moi profond au point de devenir parfois une étrangère pour elle-même.

-Un manque de confiance plus marqué, même si fort heureusement, certaines surdouées sont pleinement épanouies !

-Une disposition à souffrir du syndrome de l’imposteur. Même si elle est surdiplômée, la femme surdouée va remettre en question ses compétences.

-Une intensité et un certain perfectionnisme qui vont conduire la femme surdouée à cravacher deux fois plus pour faire ses preuves.

Quel est l’intérêt de se faire diagnostiquer à l’âge adulte ?

Si pour certaines, la lecture d’un livre sur la douance va sonner à elle-seule comme une délivrance, pour d’autres, il sera nécessaire de passer par la case diagnostic via le test WAIS-IV. « Certaines surdouées ont besoin de l’objectivité de ce test car elles craignent de se tromper et de se montrer complaisantes envers elles-mêmes », affirme Monique de Kermadec. En effet, la douance n’est certainement pas la cause de tous les maux, et on peut bien entendu la vivre avec bonheur.

Être surdouée en entreprise

La douance ne devrait pas être un fardeau en entreprise. Bien au contraire, la pensée créative peut y être pleinement exploitée si tant est que le supérieur hiérarchique comprend avec justesse cette différence. « Autrement, la femme surdouée peut être obligée de déployer ses talents d’intelligence relationnelle pour démontrer qu’elle ne cherche pas à écraser les autres, mais que la douance est simplement un autre mode de pensée », poursuit la spécialiste. De plus, chez la femme surdouée, la quête de sens est encore plus prégnante qu’au sein de la population générale avec l’envie de mettre à profit son temps pour quelque chose de plus grand que la seule quête financière.

Comment parler de sa douance en entreprise ?

Pour certaines surdouées, la découverte du diagnostic est un tel soulagement qu’elles désirent rapidement en faire part à leur employeur, ou encore pensent l’évoquer en entretien d’embauche. « Mon conseil est de ne pas utiliser de termes directs mais des mots choisis qui suggèrent un haut potentiel comme « j’investis avec passion mes projets » ou « je suis toujours en quête d’excellence dans ce que j’entreprends ». Car en réalité, elles ne connaissent pas leur interlocuteur et l’autre n’est pas toujours prêt à recevoir cette information car derrière chaque message, votre interlocuteur va s’interroger sur ce que vous attendez de lui », suggère la spécialiste. En d’autres termes, la douance doit être révélée au bon moment et à la bonne personne.

Quid de l’entrepreneuriat ?

Pour certaines femmes surdouées, qui se sentent notamment très contraintes par leur manque de flexibilité en entreprise, l’entrepreneuriat peut être une belle opportunité. Mais l’aventure ne va cependant pas être épanouissante pour toutes. « Par exemple, certaines vont être trop perfectionnistes et passer des heures sur la comptabilité et l’administratif. Une partie des surdouées découvrent ainsi qu’elles recherchent plutôt un poste fixe leur offrant davantage de liberté. Tout dépend de la personnalité de chacune », affirme Monique de Kermadec.

Comment mieux vivre sa douance au quotidien ?

Monique de Kermadec adresse son premier conseil aux parents afin que les choix de leurs filles soient totalement libres et décomplexés. De plus, depuis que les mères travaillent, les filles ont désormais de vrais rôle modèles sous leurs yeux. Quant à la femme surdouée, le meilleur moyen de l’aider reste de lui permettre de comprendre qui elle est vraiment, sans pudeur ni crainte du ridicule. « La femme surdouée aura d’autant plus de chances d’aller de l’avant si elle connaît ses forces et ses vulnérabilités », conclut Monique de Kermadec.

Paulina Jonquères d’Oriola

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