Etre freelance ou l’art de la gestion permanente

être freelance

Deadlines qui se chevauchent, délais de paiement, réseau à entretenir… Si, pour les novices, être slasher est synonyme de liberté absolue, ce statut requiert surtout de s’imposer une discipline de fer. Passage en revue des qualités incontournables de tout bon freelancer.

Rester sereine face à un embouteillage de missions

 « Lorsque l’on se lance en indépendant, on a tendance à accepter le travail tête baissée, sans forcément mesurer que nos clients sont susceptibles de nous demander de revoir certains éléments. Il y a régulièrement des couacs et des imprévus. » Virginie Manchado sait de quoi elle parle. Après être restée plusieurs années à son compte, cette éditrice a publié Devenir freelance pour les nuls (First). Pour elle, au moment d’accepter un contrat, il est crucial d’évaluer ce qu’il implique en termes de temps. 

« Puis, n’hésitez pas à établir des to-do lists quotidiennes, hebdomadaires, voire mensuelles, en classant les missions par ordre d’urgence. » Cela implique de prendre en compte, bien sûr, les dates de rendu, mais également ce que rapporte chaque tâche. « Certains clients sont évidemment à chouchouter plus que d’autres, » souligne Virginie Manchado.

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 Éviter de ne dépendre que d’un seul client

 « Si la majeure partie de votre chiffre d’affaires ne dépend que d’un seul client, il suffit que votre contact privilégié quitte l’entreprise et vous risquez de vous trouver en difficultés. » Pour Virginie Manchado, la clé consiste à être en permanence proactif dans ses démarches, de régulièrement prospecter de nouveaux clients, de faire parler de soi. « Vous devez gérer votre communication personnelle, » résume-t-elle. « Cela est essentiel car un client n’est jamais acquis. »

 Ne pas mettre en sommeil sa vie sociale

Un freelance a, de fait, tendance à être livré quelque peu à lui-même. « Se dessinent alors deux cas de figure, selon les personnalités : soit vous avez du mal à vous mettre au travail, vous procrastinez en restant en pyjama ; soit vous avez du mal à vous arrêter de travailler », assure Virginie Manchado. S’ajoute à cela un autre danger : « n’avoir comme interlocuteur que son compagnon qui rentre le soir ou, si vous vivez seul, ne voir personne de la journée à part votre chat. » Il est donc crucial de prévoir des déjeuners, de se rendre à des événements networkig… « Et pourquoi pas vous créer des petits rituels, en sortant, par exemple, boire un café le matin avant de commencer votre journée ou en mettant des alarmes afin d’éviter de passer plus d’un certain temps sur une mission donnée… »

D’expérience, Virginie Manchado prône de structurer sa journée pour, non seulement éviter qu’elle ne soit décousue mais également pour être dans le même rythme que son interlocuteur et son entourage. « Cela peut être compliqué à mettre en place. On ne s’en rend pas forcément compte lorsque l’on n’a connu que le salariat, mais l’entreprise nous donne un cadre : on sait quand y aller, quand travailler, ce que l’on va gagner à la fin du mois. Tout l’inverse, en somme, du travail indépendant. »

S’imposer des jours de repos

« En freelance, le capital santé est d’autant plus important que si vous ne travaillez pas, l’argent ne rentre pas. » Il est donc recommandé de respecter ses week-ends et de s’imposer du temps de repos. « Dans le cas d’un jour off, je consultais mes mails deux à trois fois dans la journée, à des créneaux précis, afin d’éviter de passer à côté de missions potentielles, » raconte Virginie Manchado.

Relancer en cas de retards de paiements

Etre slasher implique de savoir se faire respecter… en particulier financièrement. « J’ai à plusieurs reprises envoyé des mails pour signifier ne pas avoir été payée, » témoigne notre experte. « Bien entendu, il est nécessaire de distinguer un gros client qui oublie de faire votre virement par négligence, du petit qui a des problèmes de trésorerie. » Reste qu’il est essentiel de tenir sa comptabilité à jour. En freelance, les rentrées d’argent sont irrégulières et ne tombent pas nécessairement à la fin du mois.

Quid du regard des autres ?

« Certaines personnes ont tendance à considérer qu’être indépendant est un défaut. » Dans ces cas-là, selon Virginie Manchado, il convient de leur rappeler les éléments suivants : un slasher crée son propre métier, est son propre administrateur fiscal, gère sa communication… Autant de qualités propres au chef d’entreprise. « A l’opposé, il y a ceux estimant que les indépendants bénéficient d’une liberté absolue, ce qui n’est pas forcément vrai. Ils sont dans une relation de hiérarchie vis-à-vis de leurs clients, en rivalité avec d’autres… » Freelance, un statut qui implique donc d’avoir la tournure d’esprit qui va avec…

Claire Bauchart

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