« Le sens de la vie est de trouver ses dons. Le but de la vie est d’en faire don aux autres », cette citation de Picasso, il l’a faite sienne. C’est ainsi que Vincent Avanzi, coach et poète dans l’âme, a théorisé le « Point G-énial » auquel il consacre un ouvrage chez Marabout. Interview.
Comment est née votre théorie du Point G-énial ?
Vincent Avanzi : En 2005, alors que j’étais fraîchement diplômé de l’ESCP, j’ai gagné un tour du monde avec Air France. C’est là que j’ai découvert le concept d’harmonie, et plus précisément d’harmonie collective. Pour moi, le Point Génial est à la croisée de l’unicité sublime de chacun et de l’utilité publique. Autrement dit, je pense que si chacun se réalise individuellement en identifiant sa zone de talent, cela va naturellement aboutir à une contribution au collectif. Pour que la société devienne plus harmonieuse, il ne faut pas chercher à être le meilleur au monde mais le meilleur pour le monde.
D’après vous, c’est justement la poésie qui permet de conjuguer à la fois le moi et le nous ?
Vincent Avanzi : La poésie a pour moi le pouvoir de réenchanter le monde en accédant au beau, au bien, à l’invisible. D’ailleurs, autrefois, le poète était au cœur de la cité, il impulsait une vision. J’aime beaucoup cette citation de Lawrence Ferlinghetti, un poète américain, qui dit que « La poésie est la voix de la quatrième personne du singulier ». Elle nous permet de comprendre le dénominateur commun de l’humanité. Elle libère notre part de vulnérabilité, singularité et humanité. C’est pour cela que je fais écrire des poèmes à des dirigeants d’entreprise. Au delà des mots, il s’agit aussi d’habiter poétiquement le monde. C’est une forme d’élan, une manière de s’élever. On peut poétiser son être, son titre, sa vie, son couple.
Pourquoi avoir choisi cette appellation « Point G-énial » ?
Vincent Avanzi : L’idée m’est venue lorsque je rédigeais un article sur la créativité. Je pense que chacun a un génie en soi, un 5ème élément. C’est aussi une référence à la zone (H)érogène. Le point Génial est comme une sorte d’orgasme de l’âme, parce que tout semble simple et fluide une fois qu’on l’a trouvé. Par définition, personne ne possède la même expérience de vie et la même vision du monde, ce qui nous rend unique, avec nos talents et vulnérabilités. Trouver son point G-énial demande de trouver le beau en soi, de s’assumer pleinement dans son unicité. Il faut donc se changer avant de changer le monde. Lorsque je suis sur scène, je suis entièrement moi et personne ne peut faire la même chose que moi, et c’est valable dans l’autre sens. Ce n’est pas une question d’égo, car trouver son point Génial, ce n’est ni être dans le je, ni dans le nous. On ne peut donc pas tricher. Chacun doit être leader de sa propre cause.
Pour vous, il y a donc du génie en chacun de nous ?
Vincent Avanzi : Oui, je voulais désacraliser le concept d’art et de génie. Le génie, ce n’est pas que le génie scientifique de quelques hommes qui ont marqué l’histoire, ou de grands artistes, mais c’est simplement aller chercher en soi ce qui fait notre singularité. Je pense plutôt que c’est la passion qui change le monde, car elle vient naturellement, comme une évidence, une intuition.
Trouver son Point Génial requière de débusquer sa zone de talents. Pour ce faire, vous aimez vous référer à la citation de Steeve Jobs, « Connect the dots » ?
Vincent Avanzi : Steeve Jobs expliquait en effet que pour créer le Macbook, il avait tout simplement connecté ses passions du design et de l’informatique. De mon côté, j’ai connecté ma passion pour la poésie et mes compétences en business. Au final, cela donne des conférences poétiques en entreprise ! L’idée est que chacun devienne non pas la meilleure – mais la plus belle- version de lui.
Cette quête du Point G-énial peut prendre du temps…
Vincent Avanzi : J’ai mis une quinzaine d’années, car je n’avais pas de méthode. C’est pourquoi j’ai théorisé mon cheminement afin que chacun puisse le mettre en œuvre. Pour moi, tout commence par trouver notre mot clef : est-ce l’amour, l’aventure, l’empathie, la créativité ? Et après il convient d’identifier ce que l’on a en nous pour faire notre part du colibri, et ainsi trouver notre voie idéale.
Trouver sa voie idéale, ce n’est pas nécessairement réfléchir en termes de métier ?
Vincent Avanzi : Non, et il n’est pas non plus forcément nécessaire de tout abandonner. Je n’encourage pas les gens à tout plaquer du jour au lendemain. Et si on veut se lancer dans une autre activité, il peut être possible de le faire progressivement en side project, ou alors en négociant une rupture conventionnelle. Il peut s’agir simplement de renommer son métier, changer son descriptif de poste, demander à travailler sur un projet transversal.
« Le sens de la vie est de trouver ses dons. Le but de la vie est d’en faire don aux autres ». Pour vous, cette citation de Picasso résume tout ?
Vincent Avanzi : Oui, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’aime plus le terme d’entredonneur que d’entrepreneur. Il est essentiel de se réaliser personnellement, mais aussi de redonner, de contribuer au monde. C’est comme cela qu’émerge l’harmonie.
C’est pourquoi, on peut déplacer le concept de point G-énial au delà du soi, et l’appliquer aussi à l’entreprise ?
Vincent Avanzi : C’est même essentiel. Pour survivre demain, l’entreprise doit se réinventer. Pour que les clients continuent à acheter ses produits, elle ne peut plus faire l’économie des enjeux de durabilité. L’entreprise ne doit pas se reconnaître dans son côté profitable mais plutôt équitable. Chaque entreprise a une mission. Quels sont ses bienfaits sur la société ? Comment incarne-t-elle les valeurs qu’elle prétend défendre ?
Dans la dernière partie de votre livre, vous nous invitez à imaginer à quoi ressemblerait le monde de demain si nous mettions tous nos talents au profit du bien commun…
Vincent Avanzi : Chacun doit apprendre à mettre sa pierre à l’édifice, mais la question est comment y parvenir ? Je pense que ce sujet est complètement apolitique, nous avons besoin d’un changement systémique pour accompagner la transformation individuelle. C’est pourquoi je ne plaide pas pour un Revenu Universel, mais pour un Revenu Essentiel de Vie Engagée (REVE). Toute personne qui mène un combat en faveur du climat, de la régulation financière ou autre projet à impact devrait en bénéficier. Cela permettrait à chacun de ne plus être esclave de son travail, car la réalité financière est bien là. Pour ma part, il m’a fallu d’abord évangéliser le marché avant de pouvoir vivre de mon activité. Tout cela requière beaucoup de patience et de passion.
@Paojdo