Entreprendre entre mère et fille, le duo gagnant ?

Entreprendre entre mère et fille
Elles ont fait le choix d’intégrer la société familiale ou carrément de fonder leur startup aux côtés de leur mère. Passionnées, complices et ambitieuses, elles défendent avec ferveur le travail au féminin. Des témoignages inspirants.

 « Mon travail consiste à accompagner des start-ups. Et le premier critère de réussite que j’observe se révèle être la confiance entre associés. De ce point de vue, lancer un projet avec ma mère, c’est facile : on se connaît mieux que personne, et quand on se challenge, pas besoin de prendre des pincettes », nous confie Emilie Hannezo, 24 ans, analyste d’un fonds de Venture Capital londonien, et co-fondatrice de Mélusine, une marque de cosmétiques naturelle et vegan fraîchement lancée sur les réseaux sociaux.

Une histoire 100% féminine puisque ses associées ne sont autres que sa cousine, sa meilleure-amie et sa mère, Marie-Laure Sauty de Chalon, ex-PDG du groupe Aufeminin. Après avoir quitté ses fonctions en mai dernier, Marie-Laure a lancé Factor K, une société œuvrant à la fabrication et la monétisation d’audiences fortes sur les réseaux sociaux pour les marques. C’est dans ce cadre que la société Mélusine a été créée, sorte de « proof of concept » dont l’idée a émergé au détour d’une conversation dans le train l’été dernier.

« Mélusine est à l’intersection de nos intérêts communs. Emilie s’est toujours passionnée pour l’entrepreneuriat et la cosmétique naturelle, quant à moi, je suis fascinée par tout ce qui fabrique la viralité en partant de zéro », nous explique Marie-Laure Sauty de Chalon. « De plus, cela nous a toujours titillées que ce soit des hommes qui dirigent l’industrie cosmétique et nous disent comment nous maquiller », renchérit Emilie. C’est pourquoi la jeune startup s’emploie à valoriser les talents féminins jusque dans les rangs de ses développeuses.

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Marie Laure Sauty de Chalon et sa fille Emilie

La valeur travail de mère en fille

Une sensibilité pour l’empowerment au féminin transmise de mère en fille dans la famille, puisque la grand-mère de Marie-Laure fréquentait Simone de Beauvoir en classe, tandis que sa mère s’était mise à travailler « comme une folle » à l’âge de 45 ans, sans doute inspirée par le parcours hors-normes de sa propre fille. Une valeur travail dont a naturellement hérité Emilie. « Ma mère n’a jamais cessé de travailler, même avec trois enfants en bas-âge. Elle nous a appris que plus l’on a d’activités, plus on est productifs dans ce que l’on fait. Cette capacité à être multitâche prodigue une grande confiance en soi et en ses capacités, l’impression que tout est possible », témoigne la jeune femme.

De son côté, Marie-Laure Sauty de Chalon nous confie avoir toujours insisté pour que ses enfants s’investissent dans de multiples activités, insatiablement muée par « l’enthousiasme du projet » qu’elle a essayé d’inculquer dans la culture d’entreprise d’Aufeminin. Convaincue « que l’on peut tout faire si l’on s’en donne les moyens », la business woman déploie une énergie sans borne, n’hésite pas à s’entourer pour créer des synergies et ne se refuse jamais à « tout tester », ce qui a permis à l’équipe de Mélusine de garder le cap malgré ce défi un peu fou de monter une startup en moins de quatre mois. « Ma mère n’a pas peur de prendre des risques. Elle bouillonne de créativité et nous a insufflé une vraie capacité à rebondir face aux difficultés », ajoute Emilie.

Une admiration mutuelle

Dans la famille Davière, le travail tient lui-aussi une place prépondérante dans la hiérarchie des valeurs. « Je ne me suis jamais dit que je m’arrêterai de travailler même avec des enfants », nous confie Estelle, 25 ans, responsable du marketing, de la communication et des relations presse de CGH, un groupe de résidences hôtelières haut-de-gamme à la montagne.

Il faut dire que sa mère, Sandrine Davière, directrice générale et fondatrice des Spas Ô des Cimes au sein du groupe CGH (la marque est la première à avoir proposé des cabines de soins en résidence hôtelière, ndlr), a toujours été complètement investie dans sa mission au sein de l’entreprise. « J’ai beau adorer mes enfants, j’ai eu énormément de plaisir lorsque j’ai retrouvé ma vie professionnelle après mon congé parental », nous confie-t-elle.

Pour autant, la complicité qu’entretiennent la mère et la fille saute au regard de n’importe quel observateur. « C’est extrêmement intéressant pour une mère de suivre l’évolution de ses enfants, et qui plus est de sa fille car les femmes doivent encore plus se battre. Ma fille m’épate au quotidien », lance-t-elle. Quant à Estelle, elle dit s’inspirer de la force de travail de sa mère, de sa capacité à traiter les problèmes les uns après les autres mais aussi de ses qualités de communicante.

Sandrine Davière et sa fille Estelle

Trouver sa place dans le giron familial

 Si depuis son enfance, Estelle a toujours entendu parler des résidences (son père Yanick Davière en est le PDG et le principal actionnaire après Ekkio Capital, ndlr), il n’était pas évident qu’elle intègre l’entreprise après ses études en école de commerce. C’est d’abord par le biais de missions ponctuelles que la jeune femme s’est rapprochée de la société, avant de franchir le pas en octobre 2017 à travers une création de poste.

« Ma mère m’a toujours inculqué qu’il était essentiel de me faire plaisir dans ce que je faisais. Or, je partage totalement les valeurs de l’entreprise, et je n’aurais jamais eu autant de responsabilités ailleurs. En analysant les choses, je me suis dit qu’il était idiot de ne pas saisir cette opportunité qui était alignée avec ce que je recherchais », affirme Estelle.

Il lui a fallu toutefois prendre sa place au sein des équipes. « Les gens n’osaient pas forcément dire ce qu’ils pensaient car j’étais la « fille de ». Mais au fur et à mesure, mes collègues sont devenus beaucoup plus naturels, et c’est essentiel pour moi d’avoir leur reconnaissance pour construire ma légitimité. Et puis, je ne suis pas collée en permanence à mes parents. Nous vivons au quotidien dans le respect de l’autre et sans empiéter sur son territoire », souligne-t-elle.

Si une fois à la maison, la famille ne peut inexorablement s’empêcher de parler de l’entreprise, ils tentent toutefois de créer de la distance quand cela est nécessaire.  « Quand je sens qu’Estelle en a besoin, je recule de quelques pas », nous confie Sandrine Davière pour qui « travailler entre mère et fille demeure un réel bonheur ».

www.melusinecosmetics.com

https://www.cgh-residences.com/

@Paojdo

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