Discriminations au travail : un long chemin pour les femmes

discrimination au travail
Equally Work - la plateforme de notation des entreprises par les salarié.e.s sous le prisme des discriminations - dévoile pour la première fois son baromètre “Femmes et discriminations au travail”. En croisant les données sociologiques, Equally Work compare les vécues des femmes selon leur ethnie, orientation sexuelle et état de santé, et les résultats sont édifiants.

C’est d’autant plus vrai depuis le début de la pandémie : les femmes sont particulièrement impactées par les discriminations au travail. Les inégalités dont elles sont victimes ne touchent malheureusement pas seulement l’accès à l’emploi. En effet, le mal est beaucoup plus rampant et atteint également d’autres strates de leur vie professionnelle.

6 femmes sur 10 ont déjà été victimes ou témoins de discrimination sur leur lieu de travail

C’est sur cette donnée édifiante que s’ouvre l’analyse menée par la plateforme Equally Work. Selon les résultats obtenus grâce à son baromètre, cette dernière confirme que la majorité des femmes (64,7%) a déjà été témoin ou victime (voire les deux) d’une forme de discrimination sur son lieu de travail.

Si la plus évidente paraît être une inégalité d’accès à l’emploi, l’étude prouve que les femmes sont également victimes de sexisme sur leur lieu de travail (69,80% d’entre elles déclarent en avoir été victimes et.ou témoin), de harcèlement moral (39,30%), de discrimination liée à l’apparence physique (32%) et de racisme (31,40%).

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Fait encore plus troublant révélé par l’analyse : les femmes ne vivent pas les discriminations avec la même intensité selon leur profil sociologique. En effet, de nombreuses femmes dont l’ethnie n’est pas perçue comme caucasienne continuent de faire face, une fois dans l’emploi, à des discriminations accentuées par rapport aux perceptions qu’ont les femmes appartenant à d’autres groupes ethniques – caucasien notamment. Cela passe d’abord par une forte discrimination par le nom, puisque 73,30% des femmes possédant un nom à consonance perçue comme étrangère déclarent être victimes d’inégalités de traitement, contre 43,9% des femmes avec un nom à consonance latino-française.

« Grâce aux tests au CV, nous savions déjà que la discriminations sur le nom fait des ravages dans l’accès à l’emploi, mais il s’avère qu’elle demeure très présente une fois dans l’emploi, démontrant l’étendue de la discrimination », analyse Morgane Dion, CEO d’Equally Work.

Double peine pour les femmes en situation de handicap ou qui ne s’identifient pas comme hétérosexuelles

Toujours selon les résultats de l’analyse, 56,10% des femmes ne rentrant pas dans les critères de normativité déclarent avoir été victimes ou témoins de discriminations sur leur lieu de travail contre 47,5% des femmes hétérosexuelles, soit une différence de 8,6 points. De même, les femmes qui présentent des maladies graves ou qui sont en situation de handicap sont 85,7% à rapporter
avoir été victimes ou témoins de discriminations sur leur lieu de travail, contre 47,4% des femmes qui n’ont pas de maladie grave ou qui ne sont pas en situation de handicap, soit presque le double.

Quelles conséquences pour ces dernières ? Morgane Dion, CEO d’Equally Work partage un constat alarmant :

« Les femmes handicapées ont des revenus inférieurs et moins de possibilités d’avancement professionnel. »

Comment contrer ces discriminations au travail ?

La réponse la plus évidente serait celle d’une prise de conscience générale, en particulier au sein même des entreprises. Pourtant, 83% des femmes se déclarant victimes de discriminations au travail estiment que leur hiérarchie n’a pas réagi à la mesure du problème rencontré.

La solution la plus immédiate pour Equally Work ? Le comportement des femmes entre-elles.

« Il est urgent de continuer à compter, parmi les femmes elles-mêmes, pour s’assurer de ne pas reproduire entre nous les inégalités qui existent déjà entre les femmes et les hommes. Il est venu le temps de changer la conversation, alerter plus largement sur les préjugés inconscients et identifier les facteurs qui influent sur la façon dont le travail des femmes de différents profils sociologiques sont perçues et dévalorisées pour identifier les zones de discrimination et mettre en œuvre des stratégies ciblées ».

Emma Rouan

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