Le multitasking n’est pas qu’une habitude professionnelle. En effet, pour de nombreuses femmes, jongler entre réunions, emails, tâches domestiques et projets personnels a un vrai coût neurologique et cognitif.
Pourtant, ce phénomène reste largement sous-analyé dans les médias. Entre autres conséquences, baisse de créativité, performance impactée et risque de burn-out, les femmes paient souvent le prix invisible du multitâche.
Le multitasking et la charge mentale : des données scientifiques inquiétantes
Les neurosciences commencent à confirmer ce que beaucoup ressentent au quotidien : en effet, le cerveau humain n’est pas fait pour effectuer plusieurs tâches complexes simultanément.
De plus, chaque switch d’attention entre tâches consomme de l’énergie cognitive et réduit la performance globale.
Une étude de l’Université de Stanford a montré que le multitasking constant peut diminuer la mémoire de travail, augmenter le stress et accroître la fatigue mentale.
Pour les femmes, qui portent souvent la charge mentale domestique en plus de leur carrière, l’impact est double.
Pourquoi les femmes sont-elles particulièrement touchées ?
1. La double journée
Les femmes passent en moyenne plus de temps que les hommes sur les tâches domestiques et parentales, et ce, en plus de leur activité professionnelle.
Ainsi, elles vivent un multitasking constant, qui sollicite en permanence les ressources cognitives et émotionnelles.
2. La pression de la performance
Dans un environnement professionnel exigeant, les femmes ressentent une pression supplémentaire pour être performantes, visibles et irréprochables.
En conséquence, cette exigence combinée au multitasking augmente le stress. La fatigue cognitive devient ainsi un frein à la créativité et à l’innovation.
3. Le phénomène du “switching coût”
Chaque changement de tâche réduit l’efficacité, ce qu’on appelle le coût cognitif du switching. Or, pour les femmes, la multiplicité des rôles amplifie ce coût : travail, famille, engagement associatif, side-projects.
Les impacts méconnus sur les carrières féminines
→ Baisse de performance et de créativité
Le multitasking permanent réduit la capacité à se concentrer en profondeur, essentielle pour :
- résoudre des problèmes complexes
- innover
- produire un travail stratégique
→ Risque accru de burn-out
La fatigue cognitive prolongée, combinée à la charge émotionnelle, favorise :
- l’épuisement mental
- le stress chronique
- des troubles du sommeil
- des symptômes physiques (céphalées, tensions musculaires, troubles digestifs)
→ Des carrières ralenties
Les femmes multitâches peuvent se retrouver bloquées dans leurs parcours professionnels :
- moins de temps pour développer de nouvelles compétences
- visibilité réduite sur les projets majeurs
- moindre reconnaissance de leurs contributions
Comment limiter le coût cognitif du multitasking
1. Prioriser et segmenter
Ainsi, il est important de définir les tâches critiques, planifier des plages dédiées et éviter les interruptions inutiles.
2. Déconnecter intelligemment
- Bloquer des moments sans emails ni notifications
- Préserver des plages de concentration profonde
3. Partager la charge mentale
De plus, impliquer collègues, partenaires ou proches dans la répartition des tâches pour réduire la pression cognitive.
4. Intégrer des rituels de récupération
- Micro-pauses régulières
- Méditation ou exercices de respiration
- Temps pour la créativité libre
5. Négocier son rythme au travail
Pour les femmes salariées, le télétravail flexible, le temps partiel choisi ou la délégation de certaines tâches sont des leviers concrets.
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Le multitasking n’est pas un badge de compétence : c’est une source de fatigue et un frein au potentiel.
Par conséquent, les entreprises doivent intégrer la charge cognitive dans leurs politiques RH. Les femmes, elles, peuvent apprendre à protéger leur énergie mentale, en particulier en priorisant et répartissant leurs activités de façon stratégique.
En comprenant mieux le coût cognitif de la charge mentale, la société peut enfin transformer la multitâche de contrainte en choix conscient et valorisé, ouvrant ainsi la voie à des carrières féminines plus durables, créatives et épanouissantes.