Coralie de Fontenay, directrice générale de Cartier France

Coralie de Fontenay, la nouvelle directrice générale de Cartier France, connaît bien la maison, elle y est rentrée il y a presque 20 ans et ne l’a pas quittée depuis. Une histoire d’amour ou plutôt d’affinités entre une marque qui cultive un savoir-faire depuis 1847 et une jeune femme esthète, éprise de perfection.

Un  peu d’histoire… 

Alors que l’exposition “Cartier : le style et l’histoire” s’achève dans quelques jours au Grand Palais, il est évidemment tentant de commencer par quelques mots sur l’histoire de la marque. C’est d’ailleurs ce qui a plu d’emblée à la jeune Coralie de Fontenay quand elle a intégré la maison en 1995 : “Cartier, c’est avant tout un grand nom du luxe à la française, on pense tout de suite à l’art et à une approche culturelle du métier. »

L’histoire débute en 1847 quand Louis-François Cartier reprend l’atelier d’un certain Adolphe Picard, situé 29 rue de Montorgueil à Paris. Mais c’est au tournant du XXème siècle que la maison prend son envol, lorsqu’elle devient le « joaillier des rois, le roi des joailliers », comme le dira Edouard VII, prince de Galles à l’époque. Cartier devient ainsi, dès ces années-là, fournisseur officiel des cours royales et en particulier de la couronne britannique. De nombreuses pièces ont d’ailleurs été prêtées au Grand Palais par la reine d’Angleterre : “une broche fleur avec un diamant rose qu’elle porte énormément ainsi que la couronne arborée par Kate Middleton pour son mariage », cite Coralie de Fontenay.

La maison n’a cessé d’imprimer sa marque dans le monde entier au fil du temps : pas une capitale ou presque qui n’ait sa boutique Cartier. Quant à la clientèle, paraît-il de plus en plus exigeante et connaisseuse, elle est aussi jeune et évidemment internationale. Pas facile a priori de trouver ses marques dans une maison au passé si imposant. Pourtant, la force de Cartier selon Coralie de Fontenay, est justement d’avoir su développer un côté entrepreneur : “il y a un esprit entrepreneurial très fort qui a fait que je m’y suis sentie bien et que j’ai pu m’y exprimer. On m’y a donné ma chance.”

Une rencontre sous le signe du destin 

Aujourd’hui à la tête de Cartier France, elle se souvient de cette rencontre avec la griffe qui fut un peu un hasard : « Je voulais commencer à l’international, j’avais présenté ma candidature dans plusieurs maisons et Cartier avait justement un poste à pourvoir. » Hasard ? Avec le recul, elle y voit plutôt un signe du destin : « la marque faisait écho à ma personnalité et m’évoquait l’art et une dimension culturelle », deux aspects essentiels dans la vie de cette jeune femme qui dessine à ses heures perdues pour se “ressourcer » et n’aime rien tant que d’aller découvrir les dernières expositions. «  Je  viens de voir ‘Le surréalisme et l’objet’ à Pompidou, c’est incroyable », confie-t-elle. Des moments d’évasion nécessaires pour prendre du recul, « réfléchir différemment » et humer les tendances pour les créations futures.

Au cœur de la création

Avant de prendre les rênes de Cartier France, Coralie de Fontenay a en effet longtemps été en charge du développement de produits de la maison. On lui doit notamment les lancements du Baiser du Dragon, des Délices de Goa et des Charms. Quand on l’interroge d’ailleurs sur ce qui fait la réussite d’une création, elle répond sans hésiter : « C’est une alchimie, il faut à la fois un style, de la créativité et de l’audace. » Et le marketing, dont on sait qu’il est devenu très présent dans le monde du luxe ? Il reste le « grand chef d’orchestre » à l’origine du projet même si elle relativise son poids : « une création Cartier est là pour durer, d’où le nécessaire équilibre entre marketing, création et manufacture. Il n’y a pas de superpuissance de l’un ou l’autre. »

La force des créations tient évidemment aux créateurs, une cinquantaine de différentes nationalités, mais aussi à la capacité de la maison à s’inspirer des grandes tendances culturelles d’une époque. « Cartier s’inspire des grandes cultures. Les frères Cartier se sont nourris des cultures égyptienne, indienne ou encore perse mais sans jamais les singer », fait-elle remarquer.

Un esprit libre 

Aujourd’hui à la direction générale de Cartier, elle semble savourer le bonheur d’évoluer dans une maison qui lui a permis de s’accomplir professionnellement. Car sous ses allures de « bonne élève », Coralie de Fontenay aime les défis. Elle pratiquait d’ailleurs jusqu’à récemment la chute libre avec son mari : « Ce que j’aime dans ce sport, c’est le côté challenge mais aussi cette possibilité de se libérer complètement, même si cela implique beaucoup de maîtrise de soi. » Emploi du temps chargé et vie de famille oblige – elle a trois jeunes enfants –, elle n’a pas repris sa licence cette année, mais elle compte bien s’y remettre dans quelque temps car ce qui l’anime, ce sont avant tout les défis, ceux qu’on lui lance et ceux qu’elle se fixe !

Dans sa nouvelle vie de directrice générale, elle se consacre désormais à fixer des caps et à guider ses équipes en leur proposant une vision. Car si pour elle, le leadership « c’est une capacité à entraîner et à fédérer », elle ajoute que “l’on ne peut pas fédérer sans vision. » Elle s’attache également à développer ses collaborations et à prendre le temps, un luxe nécessaire pour elle : “Je rejoins beaucoup les philosophes de la pensée positive, avec cette capacité à être dans l’instant présent et à prendre le temps d’être là. » Son style de management serait-il “féminin” ? Elle accepte la définition mais n’aime pas pour autant se laisser enfermer dans des cases. Dans sa vie professionnelle comme dans le reste, elle semble avant tout vouloir être en accord avec elle-même, guidée par deux motto : la passion et le goût des challenges. Une femme à suivre…

@veroniqueforge