Comment surmonter le repli social ?

repli social

La crise sanitaire a incité chacun à rester davantage chez soi, notamment pour travailler. Cette tendance à l’isolement, loin d’être nouvelle, contribue parfois à créer un certain malaise. A quoi est-ce dû et comment surmonter ce repli ?

Avec les fermetures des magasins et restaurants, les confinements, le télétravail, certaines personnes ont pu connaître un isolement social plus ou moins bien vécu. Un phénomène qui était déjà présent dans la société mais que la crise sanitaire a contribué à révéler et parfois à accentuer. Selon le dixième rapport annuel de la Fondation de France, réalisé par le Credoc et publié en décembre 2020, cette solitude toucherait 14% des Français contre 9% en 2010. Ces personnes n’ont que très peu de contacts chaque année avec leur famille, amis, voisins, collègues… Cet isolement concerne de plus en plus toutes les catégories de population. Les jeunes de 18-29 ans qui n’étaient que 2% à se sentir isolés sont désormais 13% à l’être. Au Japon, on appelle ces personnes qui vivent retranchées chez elles depuis plusieurs mois, voire des années, les Hikikomori.

Comment surmonter le repli social ?

Guide Dev Persot

tentation repli

Dans son cabinet, Sophie Braun, psychanalyste, psychothérapeute et auteure de « la tentation du repli » aux éditions du Mauconduit, constate, depuis quelques années, une augmentation du nombre de phobies scolaires, de phobie sociale, de burn-out… des pathologies marquées par un repli sur soi. « Il y a aussi des formes plus douces : des personnes avec une vie professionnelle intéressante mais qui sont épuisées le soir en rentrant chez elles et préfèrent consulter les réseaux sociaux ou voir des séries plutôt que de sortir. C’est un peu comme si on se suffisait d’une vie par procuration. Ça peut être bénéfique si on a une vie intérieure riche et qu’on est heureux ainsi mais pour la plupart des gens c’est une manière de se protéger. Or nous sommes des êtres de relation », souligne la psychanalyste. 

Tous touchés ?

Pour Nicolas Méra, auteur de « Content de vous voir ! » aux éditions de l’Opportun, cette crise a permis de s’apercevoir que, du jour au lendemain, chacun pouvait être isolé, sans que ce ne soit une question de timidité. « La sociabilité c’est un muscle que l’on développe tous les jours en se confrontant au regard des autres. Être coupé de cette stimulation pendant plusieurs mois, ça peut créer une gêne, une maladresse car on se sent moins à l’aise au contact des autres », explique-t-il.

Dans une étude menée par le cabinet Arlington Research pour Kapersky, 51% des personnes se sentant seules ont estimé qu’elles le seraient moins en maîtrisant mieux les nouvelles technologies. Mais Sophie Braun prévient : « Les écrans donnent un semblant de vie sociale mais sans relation intime avec les autres. On ne dit rien de soi, de ses émotions. La relation est de plus en plus minimale ». Un constat que partage Nicolas Méra : « C’est le paradoxe de notre société : on communique avec des gens à l’autre bout de la planète alors qu’on ne connait pas son voisin. On se passe de quelque chose de tactile, du cocktail chimique qui existe quand on se serre la main… Pourtant, on peut se rassurer en se disant qu’on n’est pas les seuls à être mal à l’aise en société par moment. On est tous embarrassés quand on se retrouve à deux dans un ascenseur silencieux. L’idéal est d’arriver accepter ses maladresses sociales et d’en rire », glisse l’auteur.

Cultiver les liens

Pour éviter le repli social, Sophie Braun conseille de commencer par penser à soi. « Le repli social nous amène à perdre le lien avec soi-même, à être déconnecté de son corps, à agir comme une machine. On peut prendre une heure pour marcher et se demander ce qui nous ferait plaisir ou écrire dans son journal intime pour restaurer ce lien ». Le fait de poser son attention sur ses envies profondes permet déjà de s’apaiser, même si l’on n’a pas encore eu l’occasion de les réaliser.


La fatigue de la fin de journée qui pousse à rester chez soi pour se reposer est également due, selon l’experte, à l’auto-jugement. On essaye alors d’être gentille envers soi et on cesse de penser que les autres nous critiquent. Si on tire trop sur la corde, on imagine ce qu’on conseillerait à sa meilleure amie si elle était à notre place. On se parle en se confrontant à sa petite voix interne. Et on s’ouvre aux autres petit à petit. On commence, par exemple, par boire un verre en terrasse seule sans téléphone portable et la fois d’après avec une amie. On peut se motiver en se récompensant à chaque fois qu’on relève un défi. Chaque petite victoire augmentera sa confiance en soi et sa capacité à renouer sereinement avec une vie sociale.

Dorothée Blancheton

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