Comment guérir du syndrome de la bonne élève ?

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Si vous êtes de celles qui pensent que pour être reconnue, il faut réussir brillamment, c’est que vous êtes sûrement assise à la rangée des bonnes élèves. Un goût prononcé pour le perfectionnisme qui risque fort de vous jouer des tours en entreprise, à commencer par servir l’ambition de quelqu’un d’autre. Les explications avec Sylvia Lecardronnel, coach et auteure de “Propulsez votre carrière au féminin“.

Statistiquement, les filles surpassent les garçons à l’école : en 2014, 92% d’entre elles étaient bachelières contre 89% de leurs comparses masculins. 31% décrochaient même une mention « bien » ou « très bien » contre 28% des garçons. Un constat encore plus prononcé dans les filières scientifiques avec 38% de filles à obtenir ces mentions contre 33% des garçons d’après des chiffres avancés par le Ministère de l’Education. Si elles réussissent mieux, c’est tout simplement car les filles ont davantage intégré les codes de l’école.

Du savoir-faire, mais peu de faire-savoir

Parce qu’elles cherchent à faire plaisir et à se faire aimer, les bonnes élèves sont parfois submergées par la peur de mal faire, de décevoir ou d’échouer. « Cela est lié au poids de notre histoire. Je discutais avec une femme ingénieure diplômée dans les années 80 qui me racontait qu’à l’époque, on imposait des quotas parmi les femmes afin de ne pas « décrédibiliser » le diplôme.

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Les femmes ont donc gardé cet héritage en essayant d’exceller chaque jour pour prouver qu’elles ont bien leur place », introduit Sylvia Lecardronnel. Dans un monde du travail conçu par et pour les hommes, et dont elles ne maîtrisent pas bien les règles, les femmes sont en constante quête de reconnaissance.

Arrivées dans le monde de l’entreprise, ces jeunes femmes bardées de diplômes pensent à nouveau être récompensées pour leur perfectionnisme. « Le problème est qu’elles se noient dans les détails pour essayer de « très bien faire », alors que dans ce terme, il y a déjà le « bien faire ». L’entreprise ne demande pas un tel surinvestissement », analyse Sylvia Lecardronnel.

Car au delà du savoir-faire, le faire-savoir est sans doute encore plus important pour progresser dans leur carrière en entreprise. « Parce qu’elles travaillent bien, les bonnes élèves pensent qu’on va les repérer. Mais l’entreprise cherche avant tout une personne qui va être capable de porter une vision, d’innover, de fédérer, de s’adapter à une équipe, d’évoluer. Lorsque l’on recrute un junior sorti des études, on se fiche bien qu’il ait été major de promo », souligne la coach.

Une difficulté à sortir du cadre

Bien souvent, les bonnes élèves sont étonnées que des gens qu’elles considèrent comme moins excellents qu’elles parviennent à évoluer plus rapidement. Ceci s’explique la majeure partie du temps par la capacité de ces individus à valoriser leurs actions. « Les bonnes élèves ont tendance à ne pas comprendre que certaines personnes ont une manière d’être, qui, indépendamment de la qualité de leur travail, leur permet de se faire connaître et repérer en entreprise », soutient l‘auteure.

Un goût pour le respect des règles qui les empêche de surcroit de penser « out of the box », parce qu’elles vont avoir peur de sortir du cadre de référence. « Typiquement, ce sont des femmes qui vont demander l’autorisation pour tout, qui vont peiner à proposer une présentation innovante. Le côté scolaire a pu porter ses fruits à l’école, mais ne s’exporte pas dans le monde professionnel », poursuit la coach.

Un risque d’épuisement

Parce qu’elle ne dit jamais non, parce qu’elle est toujours très efficace, parce qu’elle va accepter tous les dossiers à gérer en urgence, la bonne élève est une perle pour l’entreprise, mais cela ne lui assure pas d’obtenir des postes à responsabilité. « Tout le monde la veut dans son équipe, mais en réalité, la bonne élève sert l’ambition de quelqu’un d’autre », martèle Sylvia Lecardronnel.

Ce perfectionnisme peut conduire la bonne élève à s’épuiser à la tâche – le fameux burn-out- ou encore à s’écrouler d’ennui – le bore-out. « Du jour au lendemain, ces femmes n’ont plus cette petite flamme qui les anime le matin avant d’aller travailler parce qu’elles ont peut-être obtenu une certaine forme de reconnaissance, mais qui n’est pas à la hauteur de leur ambition », explique la spécialiste.

Quelques pistes pour sortir du syndrome de la bonne élève

  • Il convient déjà de comprendre pourquoi vous êtes dans ce modèle de perfectionnisme : à quoi cela vous sert-il ? Avez-vous peur de ne pas être reconnue ? Que l’on vous dise que vous avez mal fait notre travail ?  Peut-être que cette ultra-exigence provient de parents intransigeants qui visaient toujours l’excellence. « Dans ce cas typique, il faut se dire que ces demandes répondaient à leurs valeurs, pas forcément aux vôtres », affirme l’experte.

 

  • Le problème inhérent au syndrome de la bonne élève est que cette dernière suppose que sa valeur repose sur l’excellence de son travail. « La confiance est liée à l’éducation que l’on a reçue. Certaines personnes engrangent plus de crédits de confiance durant leur enfance et leur adolescence. Pour les autres, il faudra qu’elles apprennent à objectiver leur confiance par rapport à leurs réalisations. Cela demande de sortir de sa zone de confiance pour se rendre compte que l’on est capable d’exceller ailleurs », conseille la coach.

 

  • Pour se faire repérer au sein de l’entreprise, la bonne élève devra développer sa capacité à réseauter afin de récupérer les informations nécessaires pour mettre en place une stratégie de positionnement. « Plutôt que d’être à 100% sur l’exécution d’un dossier, consacrez 20% de votre temps à travailler sur votre image », conseille l’experte.

 

  • Passer du savoir-faire au faire-savoir peut donner à certaines l’impression de se compromettre, mais il est important de comprendre que ce n’est pas vous que vous mettez en avant en tant que personne, mais avant tout vos actions au sein du groupe. « Il faut insister sur votre capacité à co-créer, à collaborer, à comprendre les enjeux de l’entreprise et être dans une dynamique qui sert les intérêts de l’entreprise », insiste Sylvia Lecardronnel. L’un des moments clefs pour se mettre en avant est sans conteste l’entretien annuel. C’est le temps idéal pour faire le point sur vos réalisations, sur les formations auxquelles vous pouvez prétendre, et ce que vous pouvez co-construire pour l’entreprise.

 

  • La bonne élève devra aussi apprendre à dire non. « Le principe de solidarité est important au sein d’une équipe, mais il faut aussi savoir doser. C’est nécessaire pour prioriser les dossiers et gérer les urgences », affirme Sylvia Lecardronnel.

 

  • Savoir déléguer est un autre point clef, que l’on soit entrepreneur ou que l’on occupe un poste à responsabilités. Pourquoi ? Car votre valeur ajoutée ne repose pas sur l’exécution des tâches qui incombent aux membres de votre équipe. L’important est que la tâche soit exécutée, peu importe la manière. « Il est essentiel de laisser à son collaborateur une marge de manœuvre. Autrement, il risque à la longue de bâcler son travail car il sait pertinemment que vous allez repasser dessus et tout changer », illustre la coach.

Se débarrasser du syndrome de la bonne élève n’est pas aisé, et cela prendra du temps. Mais souvenez-vous que ce n’est pas parce que vous ferez les choses différemment que vous les ferez mal !

@Paojdo

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