Comment communiquer avec quelqu’un que l’on ne connaît pas ?

Comment communiquer avec quelqu'un que l'on ne connait pas ?

L’auteur Malcolm Gladwell nous donne des réponses dans son livre “Talking to Strangers : What we should know about people we don’t know”

Pourquoi sommes-nous si peu habiles lorsqu’il s’agit de communiquer avec une personne que l’on ne connaît pas ? Pourquoi avons-nous autant de mal à appréhender l’autre et ses intentions lors d’une première rencontre ? Que ce soit dans une relation amoureuse, en politique ou durant un procès, les gens, et même les spécialistes, se trompent souvent sur la personne qu’ils ont en face d’eux. Il s’avère que nous faisons très souvent le choix de croire même si nous savons que les inconnus peuvent facilement nous mentir ou nous induire en erreur. Mais pourquoi ? 

Guide Dev Persot

Dans son  livre « Talking to strangers : What we should know about people we don’t know », Malcom Gladwell analyse les préjugés et les erreurs que nous faisons lorsque nous avons affaire à des personnes que nous ne connaissons pas. Pour appuyer ses propos, l’auteur nous parle aussi bien du procès d’Amanda Knox en Italie, du suicide de Sylvia Plath que d’Hitler et de la série Friends

Comment communiquer avec quelqu’un que l’on ne connait pas ?

Nous choisissons de « croire par défaut »

Malcolm Gladwell explique que nous avons une propension à croire automatiquement à ce que les autres nous disent. À travers une série d’anecdotes historiques et judiciaires, l’auteur prouve que nous sommes mal équipés pour détecter les mensonges et ce, malgré les progrès et les avancés des dernières années. Même les spécialistes du domaine ne sont pas très doués pour cela. Dans le livre, on trouve par exemple une étude qui révèle que des juges de New York ont obtenu à peu près le même score qu’une machine lorsqu’il s’agissait de decider qui devrait ou ne devrait pas être libéré sous caution. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, nous commençons donc toujours par croire l’inconnu que nous rencontrons.

On doit cette analyse au psychologue Tim Levine, qui a créé la « truth-default theory ». Tim Levine a mené une série d’expériences sur des étudiants (que Malcom Gladwell détaille dans son livre) qui a permis de prouver que nous sommes beaucoup plus susceptibles de croire que les gens disent la vérité plutôt que de penser qu’ils mentent. Pour sortir du mode de “vérité par défaut”, il faut ce que Levine appelle un “déclencheur”. Un déclencheur n’est pas la même chose qu’un soupçon, ou qu’un doute. Nous ne sortons du mode “vérité par défaut” que lorsque les arguments contre notre hypothèse initiale deviennent définitifs et irréfutables.

Nous nous fions (un peu trop) aux apparences

De plus, lorsque nous ne connaissons pas quelqu’un, que nous ne pouvons pas communiquer avec lui, Malcolm Gladwell souligne le fait que nous pensons pouvoir le comprendre grâce à son comportement et à son attitude. Les personnes qui parlent bien, qui sont confiantes, qui ont une poignée de main ferme, qui sont amicales et engageantes sont considérées comme crédibles. Les personnes nerveuses, sournoises, mal à l’aise et qui donnent des explications alambiquées ne le sont pas.

Malcolm Gladwell montre que lorsqu’un menteur se comporte comme une personne honnête, ou lorsqu’une personne honnête se comporte comme un menteur, nous sommes perdus. En d’autres termes, l’être humain n’est pas un mauvais détecteur de mensonges. Il l’est seulement dans les situations où la personne qu’il juge n’a pas un comportement qui correspond à sa conception du menteur-type.

Pourtant on le sait bien, les gens ne se comportent pas comme dans les séries. Quelqu’un qui ment ne va pas forcement transpirer à grosses gouttes ou se gratter le visage et quelqu’un qui dit la vérité ne sera peut être pas forcément éloquent ou sûr de lui. C’est pourquoi, pour l’auteur, “apprendre à connaître quelqu’un c’est en partie comprendre à quel point ses expressions émotionnelles peuvent être uniques.”

Si nous doutions constamment de l’autre, il n’y aurait pas de contrat social

Mais si nous n’adoptions pas ce mode de « vérité par défaut », nous aurions du mal à fonctionner dans le monde. En effet, nous ne pouvons pas traiter chaque rencontre comme un affrontement. Supposer que les autres disent vrai devient une nécessité pour maintenir la vie en société. “Accepter d’être trompé par moment semble être le prix à payer pour assurer une entente sociale durable”, conclut l’auteur.

Il existe de nombreuses raisons qui nous font préférer  la confiance à la suspicion. Si la suspicion était à la base de toute interaction entre étrangers, nous n’aurions jamais appris à coopérer à une échelle aussi vaste et complexe que celle du monde dans lequel nous vivons.  Nos stratégies pour aborder les inconnus sont profondément imparfaites, mais elles sont également nécessaires sur le plan social. Nous avons besoin que le système et les institutions soient humaines. Cependant, “cette volonté d’humanité signifie que nous devons tolérer une grande marge d’erreur”, nous rappelle Malcolm Gladwell.

Nous devons faire preuve de patience et d’humilité lorsque nous faisons face à un inconnu

Une chose est sûre, l’auteur souhaite que nous reconnaissions tous et toutes à quel point il est difficile de nous comprendre les uns les autres. Pour y arriver, “il faut de l’humilité et de la réflexion, et la volonté de regarder au-delà de la personne étrangère, afin de tenir compte du moment, du lieu et du contexte”. 

L’inconnu en face de nous est quelqu’un de complexe, comme nous. Il ne faut pas le réduire à certaines idées préconçues que nous avons. Il ne peut pas devenir quelqu’un de familier en un clin d’oeil non plus. Cela demande de la patience, de la réflexion mais nous nous devons de faire cet effort et de ne pas juger ou communiquer de manière trop hâtive avec l’autre.  Cependant, nous devons accepter que cette quête de la compréhension de l’autre a de réelles limites et que nous ne connaîtrons jamais toute la vérité à son propos. 

 Amélie Tresfels

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