Toutes féministes ?

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Le combat féministe ? Dépassé pour 39% des Français affirme en 2014 une étude IPSOS. Tellement dépassé que les écarts de salaire à postes et diplômes égaux entre les sexes tournent (toujours !) autour de 10%. Comment continuer la lutte pour plus d’égalité ? Comment être féministe aujourd’hui ? Voici quelques clés !

Etre féministe, ce n’est pas un tabou !

« On peut ne pas se définir comme féministe mais pourtant, à travers ses actions, sa trajectoire, s’inscrire dans la lutte pour la cause des femmes. » Pour Marion Charpenel, chercheure à Sciences Po Paris, ne sont pas uniquement féministes celles qui se définissent comme telles, la notion véhiculant malheureusement une connotation négative dans l’opinion publique : « dans le monde entrepreneurial par exemple, les femmes sont en général plus réticentes que d’autres à se dire féministes, ne se reconnaissant pas dans la posture militante post soixante-huitarde. Mais cela ne les empêche pas d’œuvrer à leurs façons pour les droits des femmes. » Avant de résumer : « être féministe, c’est lutter au nom des femmes et pour les femmes ». Bref, être féministe « ce n’est pas un gros mot que je sache », comme le dit si bien Florence Foresti.

A méditer, cette phrase de la journaliste américaine, grande promotrice des droits des femmes, Gloria Steineim : « au fond de moi, je crois que les femmes n’ont qu’un seul choix : être féministe ou être masochiste. »

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 Halte au « do it yourself »

 « Toutes les femmes en couple ont déjà vécu cette situation : considérer que son compagnon ne participe pas assez aux tâches ménagères mais, dès qu’il touche l’aspirateur, estimer qu’il ne sait pas s’y prendre et finir par le passer soi-même. » Pour Titiou Lecoq, blogueuse féministe et auteure, les femmes doivent lutter contre ce qu’elles ont intériorisé : « il faut les laisser passer l’aspirateur et arrêter de vouloir tout récupérer ! Les femmes doivent réfléchir sur elles-mêmes, sur leurs attentes. » Marion Charpenel renchérit : « nous avons été modelées pour correspondre à un rôle social qui nous incite à penser que nous saurons mieux faire telle tâche ménagère. » Luttons donc contre nos pulsions, non pas naturelles mais sociales donc et surtout, rappelle Titiou Lecoq : «  le partage des tâches ménagères ne repose pas sur une aide que les hommes apporteraient aux femmes mais bien sur une répartition équitable ! »

Et Marion Charpenel de conclure : « il est très bien d’interdire la tenue de réunions après 18 heures, mais les inégalités professionnelles ne seront pas abolies tant que les femmes devront assumer les tâches ménagères, l’éducation des enfants et parfois les soins portés aux parents. Tout cela est trop et la carrière en pâtit directement ! »

 A méditer, cette phrase de la journaliste américaine Evelyn Cunningham : « les femmes sont sans doute la seule minorité qui vit en étroite intimité avec son oppresseur. »

S’imposer au dîner au lieu de le préparer

« Il faut oser faire les choses. » Un peu bateau le conseil de Titiou Lecoq ? Pas temps que cela lorsque l’on sait que face à une promotion, près d’une femme sur deux, selon IPSOS, se demande si elle est capable d’assumer ses nouvelles responsabilités. Et notre blogueuse d’insister : « ce manque de confiance en soi peut se manifester sur des trucs bêtes ! Prenez un dîner où des amis parlent politique : très souvent, les femmes prennent moins la parole que les hommes. Elles sont polies, ne veulent pas interrompre. Résultat : leurs idées ne portent pas. » Un crédo à suivre : oser s’imposer, arrêter de s’excuser !

A méditer, cette phrase de Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d’Orange France : « Quand vous proposez un poste à un homme, c’est juste assez bien pour lui, quand vous le proposez à une femme, elle se demande si elle sera capable de le tenir. »

 L’entrée sur le monde du travail : la fin des illusions

06aae5cfcc5a4e7930db4d28aaa90f57Etudiantes, vous êtes nombreuses à vous croire à l’abri des inégalités professionnelles. Et pourtant, vous risquez de ne plus tenir le même discours d’ici quelques années. Pour preuve, cette étude d’HEC au féminin: au sein d’une même promotion, seules 17% des diplômées ont accès à des postes de dirigeantes contre 32% de leurs camarades masculins. « Nos mères et nos grands-mères ont lutté pour l’égalité de droit, commente Titiou Lecoq. A nous de conquérir l’égalité sociale. » Il reste du pain sur la planche…

A méditer, cette pointe d’ironie signée Charlotte Whitton, femme politique canadienne, mairesse d’Ottawa à deux reprises : « Quoiqu’elle fasse, la femme doit le faire deux fois mieux qu’un homme pour qu’on en pense autant de bien. Heureusement, cela n’est pas difficile. »

De l’importance de la place de parking

Pour celles qui parviennent à percer ce fameux plafond de verre, comment se comporter une fois dans les hautes sphères ? Une problématique abordée par Sheryl Sandberg, dans son livre Lean In : « elle raconte, qu’enceinte, elle ne peut pas se garer à côté de son bureau, relate Titiou Lecoq. Elle doit traverser tout le parking alors qu’elle est énorme. » Avant de se retrouver dans cette situation, la directrice des opérations de Facebook ne s’était jamais penchée sur cette situation à laquelle avaient déjà été confrontées certaines de ses employées enceintes. « Elle s’est rendue compte avoir agi comme un homme, avant d’admettre, en tant que femme attendant un enfant, qu’il y avait un problème d’organisation du parking. »

Le prochain défi des patronnes, actuelles ou futures ? Se comporter comme l’équivalent d’un homme ou bien tenir compte de certaines problématiques afin de les intégrer au monde du travail et donc modifier sensiblement l’univers de l’entreprise ? Sheryl a la réponse.

A méditer, cette réflexion de la spationaute Claudie Haigneré : « je n’ai jamais essayé de faire comme les hommes. »

Simone forever

Alors que les inégalités hommes-femmes persistent, certaines voudraient revenir en arrière. Qui sont-elles ? Des Antigones : un groupe de jeunes femmes prônant un retour des valeurs traditionnelles, la nature de la femme tournée vers la vie et bien sûr la détestation du genre. « Le Mariage pour Tous a donné l’occasion à des forces réactionnaires de se réaffirmer, analyse Marion Charpenel. Les Antigones font la promotion d’une vision essentialiste des femmes : elles laissent entendre qu’il existerait une sorte d’éternel féminin fondé sur des caractéristiques biologiques. Or,  les études de genre ont montré qu’il n’y a pas d’essence de la féminité mais un apprentissage, tout au long de la vie, de comportements socialement attendus d’un homme ou d’une femme. »

Rien de tel que de ressortir les classiques afin de se remettre les idées en place : « la dispute durera tant que les hommes et les femmes ne se reconnaîtront pas comme des semblables, c’est-à-dire tant que se perpétuera la féminité en tant que telle. » Dixit Simone de Beauvoir

Unissons-nous !

Applis, réseaux sociaux… A l’heure du tout numérique, la féministe 3.0 peut-elle se passer du collectif ? Rien n’est moins sûr. Car vivre dans une société individualiste ne signifie pas pour autant que l’on peut se passer d’un mouvement. C’est en tous les cas ce que pense Marion Charpenel : « le collectif féministe a du sens. La domination des hommes repose sur le fait de rompre la solidarité entre les femmes. Donc, se soutenir, se réunir est important. De même, il est crucial de se confronter à d’autres femmes qui vivent les mêmes choses, les mêmes difficultés. Cela permet de se rendre compte que la condition des femmes est une question politique. » 

Faisons mentir la marquise de Maintenon : « Groupez des hommes, ils s’écouteront ; groupez des femmes : elles s’épieront. »

Pop ou pas pop ?

Pop féminisme : le terme alimente les articles des magazines depuis quelques temps. « L’un des reproches que l’on pourrait faire aux féministes classiques est qu’elles ne se caractérisaient pas par l’humour, commente Titiou Lecoq. Maintenant, des artistes comme l’humoriste américaine Tina Fey, jouent sur leur féminisme. » Des prises de positions salutaires dans cette société de l’image et de la communication.

Seul problème ? Une utilisation parfois excessive et fourre-tout du concept de pop féministe : « Beyoncé pop féministe, je trouve ça plus compliqué, » s’amuse Titiou Lecoq. En 2014, la chanteuse, surtout connue pour ses tenues hypersexuées et ses déhanchés provocateurs, a posé devant le mot “feminist” projeté en lettres flurorescentes sur la scène des MTV Awards alors qu’elle interprétait l’un de ces titres.

On préfère les discours, plus constructifs, d’Emma Watson à l’ONU ou de Patricia Arquette aux Oscars, popularisant la cause des femmes, la rendant glamour, sans en faire un produit marketing.

Pour conclure sur une note enthousiaste, retenons cette phrase de Marylin Monroe : « je ne me soucie pas de vivre dans un monde d’hommes si je peux y être une femme. »

Claire Bauchart

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