Camille Rumani : avec Viz Eat, voyagez le temps d’un repas

Camille Rumani 

Avis à toutes celles et ceux qui rêveraient de faire une expérience à la « J’irai dormir chez vous »… version food. Viz Eat est une platerforme collaborative vous proposant de vous restaurer chez l’habitant aux quatre coins du monde. Rencontre.

Fraîche et enjouée, Camille Rumani peut se targuer d’être à la tête d’une entreprise fleurissante à seulement 26 ans. Il y a trois ans, tout juste sortie de Sup de Co Reims, elle co-fondait Viz Eat en tandem avec Jean-Michel Petit, 53 ans. Un duo peu commun qui tire sa réussite de sa complémentarité. « Jean-Michel a toujours été en contact avec les start-ups, et a lui-même fondé sa propre boîte par le passé. Il travaillait dans un fond d’investissement à Londres, et a donc mis toute son expérience au profit de la société.

Quant à moi, je lui apporte mes connaissances dans le monde digital. Et puis 66% de nos utilisateurs sont des femmes, et 50% ont entre 20 et 35 ans », explique-t-elle. Il faut dire que les résultats semblent effectivement avoir été rapidement au rendez-vous : tout juste lancé en juillet 2014, Viz Eat effectuait une première levée de fonds un mois plus tard… d’un million d’euros ! Aujourd’hui, l’horizon s’avère radieux, puisque l’entreprise a racheté en février 2015 Cookening, une autre plateforme proposant des repas chez l’habitant.

Mini Guide Entrepreneuriat

Des voyageurs en quête d’authenticité

brunch_01 Credits Joel Schillio
Crédits photo : Joel Schillio, Ludivine Nakedcat

Mais comment l’histoire a-t-elle commencé ? Camille Rumani est une véritable passionnée de cuisine et de voyage. Son rêve était ainsi de pouvoir créer une entreprise alliant ses deux centres d’intérêt. Le déclic est venu lors d’un stage à Pékin. « J’ai la chance de parler le Mandarin car j’ai pris cette langue en LV2. De ce fait, j’ai été invitée par des amis Chinois à des fêtes comme le Nouvel An. Autour d’un bon repas, j’ai vraiment pu poser toutes les questions que je désirais sur la culture chinoise », se souvient-elle.

De son côté, Jean-Michel Petit revenait lui-aussi d’un séjour en Amérique Latine où il avait eu la chance de partager un repas avec des habitants du Lac Titicaca. En rentrant, tous deux se sont rendus compte que ces moments de partage les avaient davantage marqués que la traversée de paysages grandioses. Des moments uniques que tous les touristes ne peuvent pas vivre. « Un nombre grandissant de voyageurs regrettent que leur séjour soit trop aseptisé », poursuit Camille. C’est ainsi que Viz Eat naissait, offrant l’opportunité aux voyageurs d’aller se restaurer chez l’hôte d’un soir, à la découverte de nouvelles saveurs.

Un développement international immédiat

Aujourd’hui, le site compte pas moins de 19 000 hôtes répartis dans 115 pays, et revendique une base de 100 000 utilisateurs. La croissance de Viz Eat est exponentielle puisqu’en juillet dernier, on ne comptait que 1500 hôtes sur la plateforme. La grande force du site ? S’être axé directement sur un développement international. Une stratégie essentielle puisque l’entreprise se doit de réaliser un grand nombre de transactions pour dégager des bénéfices. Viz Eat prend une commission de 15% sur chaque réservation. Il faut savoir que le prix moyen d’un repas complet (boissons comprises) tourne autour de 25€.

Le site existe déjà en quatre langues (français, anglais, espagnol et italien), et Viz Eat ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Outre les bureaux parisiens, il existe aussi une antenne à Barcelone, et dans bien d’autres pays prochainement si l’aventure se poursuit sur cette belle lancée. Ce positionnement international permet surtout au site de se détacher d’autres plateformes collaboratives, comme Monvoisincuisine ou encore Menunextdoor, qui visent le marché local.

Mais cette stratégie suppose aussi de mener une vraie réflexion, car les pratiques varient énormément d’un pays à l’autre. « Dans des pays comme l’Angleterre ou le Japon, les gens ne se reçoivent jamais chez eux, ce n’est pas dans leurs habitudes. Nous essayons de surcroît d’harmoniser notre communauté en véhiculant une certaine culture de l’hospitalité », affirme Camille Rumani.

De nombreuses rencontres avec les hôtes

Un défi qui suppose donc de nombreux échanges avec les hôtes. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une market place online nécessite en fait un grand investissement dans le réel », insiste la jeune femme. Il existe ainsi différents systèmes de vérification, de quality control. Des personnes sont missionnées pour aller prendre des photos des hôtes et rendre leur annonce plus attractive, mais aussi vérifier que l’hôte est dans le même état d’esprit que la communauté.

Prochainement, Viz Eat lancera un programme permettant aux hôtes confirmés d’aller dîner chez les petits nouveaux afin de partager leur retour d’expérience. Aussi, le site a mis en place un système d’assurance couvrant les hôtes et leurs invités jusqu’à 250 000 euros. Bien entendu, un système de notation existe pour faire remonter les profils les plus appréciés.

 

Quelles perspectives de développement ?

Alors que l’ubérisation de l’économie inquiète les professionnels du tourisme, les restaurateurs doivent-ils craindre l’avènement de sites tels que Viz Eat ? Pour Camille Rumani, il est important de rappeler que 98% des hôtes sont avant tout des cuisiniers amateurs, désireux de faire partager leur passion, mais aussi leurs bons plans dans la ville. « Nous pouvons aussi bien avoir des menus très élaborés que des petits goûters à 5€ permettant de prétexter une rencontre. En général, les hôtes désirent seulement rentrer dans leurs frais », explique-t-elle. Quant au géant de la sharing economy, il semble voir d’un bon œil l’arrivée de ce nouvel acteur. En novembre dernier, 1000 hôtes Airbnb dînainet chez 200 hôtes Viz Eat. Le site prépare aussi sa seconde levée de fonds, et sortira bientôt son application sur IOS puis Android, tout en poursuivant son internationalisation. De quoi mettre l’eau à la bouche de tous les startupers en herbe !

@Paojdo

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