Awa Girard a toujours baigné dans l’univers de la musique et c’est cette passion qui l’a menée à donner naissance en octobre dernier à Deedo, une plateforme de streaming musical dédiée à la musique panafricaine.
De quel constat est partie la création de Deedo ?
Awa Girard : Aujourd’hui certains artistes restent peu visibles sur les grandes plateformes, même s’ils sont référencés, sans connaître leurs noms ou leurs morceaux il est très difficile de les découvrir, il faut forcément faire un effort de recherche. Et même si le processus devient plus fluide au fur et à mesure, il n’est jamais vraiment favorable à un artiste peu streamé. J’ai toujours évolué dans le milieu de la musique et ayant des amis musiciens, j’ai très souvent eu ce retour de leur part. Il faut savoir qu’un artiste qui remplit des stades au Sénégal par exemple n’est streamé qu’à 1% de ses vues sur YouTube !
Quelle est l’offre que vous proposez aux utilisateurs ?
Awa Girard : Tout le monde peut avoir accès à Deedo gratuitement comme sur toutes les autres plateformes grâce à la publicité, puis nous avons un abonnement mensuel de 6€ par mois avec un accès illimité à toutes nos fonctionnalités. Nous nous sommes également adaptés aux pays africains au niveau des possibilités de paiement, et en plus des moyens que l’on connait nous avons ajouté les paiements par mobiles car le paiement par CB est très peu répandu en Afrique.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la musique panafricaine ?
Awa Girard : Le panafricanisme c’est l’ensemble de tous les peuples d’Afrique et issus de la diaspora. La musique panafricaine englobe aussi toute personne ayant une sensibilité pour la musique africaine. Ainsi vous pouvez retrouver sur Deedo des artistes comme Jaine ou Mathieu Chedid dont le dernier album, qui est sublime, célèbre le Mali.
Au-delà des découvertes musicales, Deedo c’est aussi l’opportunité de faire une bonne action avec One Song, One Soul, pouvez-vous nous en dire plus ?
Awa Girard : Nous sommes en partenariat avec Janghi Onlus qui finance l’accès à l’enseignement d’un programme laïque sénégalais, mais aussi Tostan qui aide les femmes africaines à s’auto-gérer et Speak Up Africa qui œuvre entre autre au niveau de la santé. Nous allons également très prochainement travailler avec une association qui aide les artistes qui n’ont pas les moyens d’enregistrer en studio par exemple. Pour chaque abonnement nous reversons 5% de la somme à l’association qu’aura choisi l’utilisateur. Ce dernier pourra d’ailleurs suivre sur la plateforme l’avancée des projets de son choix.
Vous avez été invitée au festival South by Southwest au Texas, le début d’une présence aux Etats-Unis ?
Awa Girard : En effet, j’ai rencontré l’organisateur de South by Southwest qui a eu un coup de cœur pour Deedo et qui nous a donné l’opportunité de faire jouer certains de nos artistes. Et c’est effectivement le début de notre présence aux Etats-Unis et au Canada !
Vous serez présente au Midem ?
Awa Girard : Oui ! J’interviens mardi dans un panel autour du sujet « You Gotta fight for your rights to be visible » qui abordera notamment le fait que les plateformes de streaming vont de plus en plus se spécialiser par genre.
La plateforme a été lancée le 20 octobre dernier, 7 mois plus tard comment se porte Deedo ?
Awa Girard : Deedo se porte bien, nous avons fait un soft launch et amélioré la plateforme et nous travaillons sur de prochaines fonctionnalités, plus axées réseaux sociaux et vidéo.
Et si vous nous conseilliez 3 morceaux à écouter impérativement sur Deedo ?
Awa Girard : Difficile de n’en choisir que trois mais je dirais tout d’abord « Afrikavalse » de Lamine Konte, « Oya Dance » de Ruby Gyang et « Tambulaya » de Pongo. Bon ça va faire quatre mais j’ai envie d’ajouter « Soar » de Catrin Finch et Seckou Keita ! Mais sachez que sur Deedo tous les styles sont représentés, de la pop au métal !
Caroline Lanau
