Avec Nu ! Aude Camus investit la tech for good

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Avec son concept de frigo connecté zéro déchet qui s’invite dans la cuisine des entreprises, Aude Camus évolue dans la tech impact. Elle propose aux salariés de manger mieux et responsable grâce un frigo rempli par des traiteurs qui cuisinent dans des bocaux en verre consignés.

À l’origine de Nu !, une rencontre en Asie il y a dix ans entre trois ingénieurs dotés d’une farouche envie de créer quelque chose qui a du sens. Pour Aude Camus, le retour en France en 2012 est rude après sept ans passés aux commandes de la filiale chinoise du groupe Legris Industries qu’elle a elle-même montée et où elle gérait 200 personnes. « Après ce genre d’expérience, j’ai mal supporté le fait d’être hiérarchiquement bridée sur mon audace. C’est ce qui m’a finalement décidé à me lancer à mon compte ». Un Executive MBA effectué au sein de la prestigieuse China Europe International Business School à Shanghai la conforte dans son idée de lancer un projet à impact.

Les trois acolytes, Mayeul Nicolas, Antoine Asfar et Aude Camus veulent apporter leur pierre à l’édifice de l’alimentation en travaillant sur les usages, tout en ayant un impact sur la planète. Au départ, ils imaginent un supermarché sans emballages : « Les gens auraient apporté leurs propres contenants pour se servir de produits en vrac disposés sur des étagères connectées qui détectent le poids des aliments ». Ils créent finalement NU !, un frigo connecté qui facilite l’usage du zéro-déchet auquel les salariés d’entreprise accèdent avec leur badge entreprise ou pass Navigo pour choisir leur repas. Un système d’étagère intelligente permet de savoir quel produit a été retiré.

L’entreprise a déposé un brevet en France, qui sera bientôt déployé en Europe pour cette technologie de détection et de reconnaissance utilisateur qu’elle a mise au point. Au sein de Willa, ex incubateur Paris Premières de la ville de Paris, ils lancent le concept en janvier 2016. En février, la start-up remporte le concours mondial de l’innovation. La subvention de 200k€ octroyée par la Bpi lui permet de développer le proof of concept et la technologie.

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Un soutien complété par l’investissement d’un business angel industriel et financier et par un nouveau prix de l’innovation numérique de la Bpi de 400k€ en avril 2017. Actuellement en closing d’une 2e levée de fonds, la start-up a fait le choix du crowd equity sur la plateforme Sowefund. « Le fait d’être dans la tech environnemental et de ne pas répondre aux KPI attendus par des fonds classiques peut poser problème pour d’éventuels investisseurs. Les industriels sont encore très frileux sur l’iOt, alors que le projet parle fortement en B to C » justifie Aude Camus, DG de Nu !

Passer à la scalabilité industrielle

Concrètement, la start-up propose un abonnement annuel avec un engagement minimum pour louer son frigo aux entreprises qui est approvisionné via un partenariat avec des restaurateurs : groupes de la restauration collective ou pépites de la food tech soucieuses de passer au zéro déchet et d’optimiser la logistique du dernier kilomètre. « C’est une offre dans la tendance qui correspond aux attentes des salariés qui veulent manger mieux et avoir un impact sur la planète ». La start-up sélectionne des traiteurs qui pratiquent le fait maison, comme Api restauration, ou de plus petits acteurs comme Mam’Ayoka.

Pour l’heure, elle vient de remporter le challenge Sodexo à Vivatech et a déployé une dizaine de frigos connectés sur le marché parisien, à la BNP, la Française des Jeux, une société de renom dans le luxe, la Ruche Paris, Cap Gemini dans les prochains jours et via les distributeurs de Nespresso qui fournissent des kiosques connectés aux entreprises. L’objectif est d’en installer 30 dans les prochains mois, de se déployer dans d’autres villes de province et d’ouvrir sur un pays limitrophe d’ici la fin de l’année. « On doit passer à la phase supérieure, soit du proof of concept à la scalabilité commerciale et industrielle » estime Aude Camus. Si pour le moment la start-up propose son concept exclusivement à des entreprises, elle espère le proposer au retail dans un futur proche. « Notre technologie peut se développer pour d’autres usages et notamment être déployé dans les linéaires des supermarchés » s’enthousiasme Aude Camus qui se montre optimiste sur le projet et ses débouchés.

« La mixité dans une boîte tech est une force »

Pour l’entrepreneure de 42 ans, être une femme dans la tech n’est pas un problème. De par sa formation d’ingénieur généraliste à l’Insa de Lyon, c’est un milieu qu’elle connaît bien. « J’ai côtoyé des gens de la tech toute ma carrière. Si l’environnement est resté relativement masculin avec des entreprises majoritairement portées par des développeurs, il tend à se féminiser, même si l’évolution n’est pas très rapide. » Naturellement, elle s’est tournée vers les fonctions de coordination et de pilotage des projets, tandis que ses deux associés assurent la direction commerciale et la partie tech. « Je pitche une entreprise tech mais je n’en fais pas au jour le jour ! Ce n’est pas toujours simple car les interlocuteurs restent majoritairement des hommes » confie Aude Camus.

L’entrepreneure assure qu’elle ne se serait jamais vu monter une boîte sans ses associés. Même s’ils sont tous les trois ingénieurs, le trio se complète bien. « La mixité dans l’entreprise est une vraie force. Et l’on sait que le retour sur investissement des entreprises gérées par les femmes est bon car elles vont plus dans la structuration des choses » conclut Aude Camus.

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