Anne Delleur, la PDG d’Arcancil Paris depuis 2008 nous reçoit dans sa salle de conférence remplie de produits de maquillage en tout genre. Elle vient justement de passer sous les mains expertes d’une maquilleuse pour répondre à nos questions.
En quelques années, cette jeune femme, qui n’a pas peur des challenges, a su redonner une seconde vie à la marque mythique du maquillage français jusqu’alors en perte de vitesse.
Arcancil Paris a ainsi su reconquérir sa clientèle et surtout s’implanter de manière durable avec une image de marque plus qualitative sur presque tous les continents. Elle est aujourd’hui présente dans plus de 30 pays.
Depuis quand existe Arcancil Paris et quelle est votre marque de fabrique ?
Arcancil Paris est née en 1935 dans un petit atelier à Paris et nous devons sa création aux frères Havlick, chimistes et coloristes qui ont connu un rapide succès grâce à leurs créations de mascaras et d’eyeliners. Aujourd’hui l’ADN d’Arcancil Paris, ce sont les yeux. Quand nous avons repris la marque avec mon associé Romain Solal il y a 7 ans, j’ai choisi de mettre l’accent sur deux produits phares ; d’une part une innovation : le Khôl Kajal et d’autre part le produit emblématique d’Arcancil Paris : le mascara compact dont nous fêterons les 80 ans en 2015.
Justement, pourquoi avoir décidé de reprendre cette marque ?
Je réfléchissais à des business plans quand j’ai découvert un jour que la marque Arcancil Paris était à vendre. J’ai décidé de m’associer avec un ami et sa société familiale pour remettre sur les rails cette marque très connue du grand public. Je voulais faire du luxe « made in France » à des prix plus doux que nombre de marques sur le marché. Nous nous y sommes attelés et sommes parvenus à relever le défi grâce à une notre stratégie gagnante d’innovation et de relancement de la gamme étape par étape, et grâce à une bonne mesure des risques financiers à chaque étape de ce relancement.
Depuis avril 2012 vous êtes seule à la tête d’Arcancil, comment voyez vous son développement dans les 10 prochaines années ?
Je veux qu’Arcancil Paris devienne la première marque des 30-45 ans en circuit semi sélectif. Nous proposons une large gamme de 350 à 400 produits de maquillage pour les yeux, le teint, les lèvres, les ongles et le corps et notre force est de savoir décliner notre savoir-faire selon les besoins du pays où nous nous implantons.
Les besoins des femmes au Moyen-Orient ou en Afrique de l’Ouest, en terme de teintes et de choix de produits, sont très différents des femmes d’origines caucasiennes. La force d’Arcancil Paris, c’est sa flexibilité et sa capacité et sa rapidité d’innovation. Nous sommes capable de fabriquer des gammes de produits spécifiques en fonction de la carnation et des habitudes de nos clientes dans le monde entier et ce en 18 mois.
Quelle est la répartition de votre chiffre d’affaire entre la France et l’International ?
Nous réalisons 65% de notre chiffre d’affaires à l’export. Dès le début de mon aventure entrepreneuriale j’ai voulu privilégier l’international afin de croître rapidement notamment sur certains marchés peu matures et travailler avec des partenaires de qualité. Nous avons pour objectif de multiplier par deux le chiffre d’affaires à l’international d’ici 3 ans.
Et en France, comment avez-vous reconquis votre clientèle ?
Nous avons retissé notre réseau de distributeurs traditionnels dans les parfumeries et les magasins partout en France. Nous nous sommes fait redécouvrir auprès de nos clients et à partir de mai 2010 nos produits ont été vendus en exclusivité aux Galeries Lafayette. Nous sommes aujourd’hui la 4ème marque de maquillage la plus vendue chez eux. Cette expérience nous a permis de consolider durablement notre image et la marque en France et de tisser de nouveaux partenariats avec deux nouvelles enseignes Françaises : Beauty Success et Une Heure pour Soi. Mon ambition est de retravailler avec nos grandes enseignes historiques d’ici 2015.
Sur Internet, comment avez-vous déployé votre force de frappe ?
Relancer une marque comme Arcancil Paris ne pouvait pas se faire sans le digital. Cela fait partie intégrante du redéploiement de la marque et de la stratégie de « buzz » que nous mettons en place lors des lancements de produits. Sur certains marchés, nous pensons d’ailleurs lancer la marque uniquement sur internet. La vie d’aujourd’hui c’est internet, c’est une force de frappe qui ne connaît pas les frontières et qui est notre priorité.
Propos recueillis par Caroline Forge
