Anna Percy Davis nous apprend à devenir la « meilleure version de nous-même »

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Rencontre avec Anna Percy-Davis, coach et formatrice en entreprise, passionnée par le bien-être au travail, la diversité et l’inclusion.

Parlez-nous un peu plus de votre parcours professionnel. Comment êtes-vous devenue coach ?

Mon premier diplôme était en psychologie de l’économie. Quand j’ai commencé à travailler, j’étais dans la finance mais je me suis rapidement rendue compte que je m’intéressais bien plus aux gens qu’aux chiffres. J’ai donc ensuite travaillé dans le recrutement pendant plusieurs années mais cela ne me suffisait pas, je voulais me tourner entièrement vers la psychologie. Alors, quand mon premier enfant est né, j’ai abandonné le recrutement et j’ai suivi une formation en psychothérapie, puis une formation en coaching. Je suis donc passée de la finance pure vers la gestion de carrière, puis au coaching.  

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Je pensais que je travaillerais toujours dans de grandes institutions et je n’envisageais pas vraiment de créer ma propre entreprise. Mais finalement, cela m’a attiré. Être entrepreneure peut être très bénéfique surtout pour les femmes car cela vous donne de la flexibilité et beaucoup de liberté. Cela demande de travailler dur tout le temps, mais c’est formidable de pouvoir fixer ses propres règles et de pouvoir faire ce en quoi on croit vraiment. Devenir entrepreneure m’a permis de faire un travail qui peut aider les gens, ce qui est vraiment important pour moi.

Comment décririez-vous ce que vous faites aujourd’hui ?

Mon objectif est d’aider les individus, et donc les entreprises, à s’épanouir, de les soutenir pour qu’ils puissent devenir la meilleure version d’eux-mêmes, en particulier dans leur vie professionnelle. Cependant, je crois que les gens peuvent appliquer mes conseils à leur vie en général, car en tant que coach, vous soutenez une personne dans son ensemble, vous ne soutenez pas seulement la personne qui travaille, surtout maintenant que le travail et la vie privée ont fusionné à cause de la crise actuelle.

Donc vous pensez qu’en aidant les employés vous aidez également l’entreprise à devenir plus productive parallèlement ?

Des études de psychologie positive montrent que vous ne pourriez jamais avoir une organisation florissante si les individus ne le sont pas aussi. Les individus ont besoin d’être heureux, de se sentir bien dans leur peau si vous voulez qu’ils soient productifs. Ainsi, des individus épanouis auront un impact direct sur les résultats d’une entreprise et une entreprise ne sera pas rentable ou capable de survivre sur le long terme si les employés n’y sont pas épanouis. Anna Percy Davis 

Je soutiens personnellement les organisations de trois manières différentes : Tout d’abord par le biais d’un coaching individuel avec des programmes de formation pour les diplômés venant d’être embauchés, ensuite à travers un travail stratégique avec les PDG et les directeurs et enfin par le biais de formation dans les organisations sur les compétences relationnelles, également connues sous le nom de bien-être de l’entreprise (aider les gens à être plus confiants, à communiquer plus efficacement, à gérer leur carrière, à être motivés, à gérer le stress) par le biais de séminaires ou d’ateliers.

Quel est votre point de vue sur la crise actuelle et comment pensez-vous que les entreprises devraient réagir ?

Les entreprises ont réagi de différentes manières. Certaines organisations se sont réinventées, elles ont vu que la crise actuelle a changé notre façon de nous comporter et elles se sont adaptées à cela, par exemple en créant de nouveaux produits qu’elles pouvaient proposer pendant le confinement. D’autres ont tout mis en ligne et sont passées en télétravail à plein temps. La plupart des entreprises ont travaillé très dur pour apporter le plus de soutien possible à leurs employés travaillant à domicile. Elles ont réussi à mettre en place des structures de soutien, qu’il s’agisse de réunions ou de séminaires, ou d’activités amusantes comme des quizz, du yoga en ligne, pour aider les gens à créer des liens et à rester en contact. Pour moi, les business qui vont prospérer sont donc ceux qui utilisent cette opportunité pour accroître le bien-être de leurs équipes.  

Selon vous, quel est le principal problème actuellement dans le monde de l’entreprise ?

Le grand problème avec les entreprises est qu’elles ont toujours encouragé les employés à être compétitifs afin de prospérer. Le capitalisme dans sa globalité est basé sur le concept de concurrence. Je suis totalement favorable à une compétitivité saine, mais le problème est que cela peut donner aux gens un sentiment d’insécurité. À court terme, cela pourrait fonctionner, mais à long terme, la compétitivité crée toutes sortes de conséquences négatives : les gens sont épuisés, stressés, ils ont l’impression de ne pas être compris ou écoutés.

Dans quelques années, les gens vont se rendre compte que la concurrence n’aide pas vraiment les entreprises à prospérer sur le long terme. C’est donc ce que nous devons changer. Nous devons donner au capitalisme un visage beaucoup plus doux. Nous devons trouver des moyens d’être beaucoup plus inclusifs, assidus et solidaires et de faire en sorte que les gens apprécient et croient en ce qu’ils font.

Quels sont les défis auxquels les femmes doivent encore faire face aujourd’hui au travail ? Anna Percy Davis 

L’un des plus grands défis auxquels les femmes doivent faire face au travail est le syndrome de l’imposteur. La plupart des femmes ne croient pas en elles-mêmes et, par conséquent, elles font trop d’efforts et sont très peu sûres d’elles. Dans l’ensemble, les femmes n’ont pas très bien supporté le système capitaliste dominé par les hommes, très agressif et très compétitif. Je pense donc qu’elles ont un rôle de plus en plus important à jouer, car si elles trouvent leurs propres forces, elles peuvent réellement changer la façon dont le monde des entreprises fonctionne. Je pense qu’elles sont probablement plus ouvertes au bien-être des entreprises et à la compréhension de ce qu’il faut aux individus pour s’épanouir.

Qu’espérez-vous que les femmes retiennent de votre masterclass pour la How To Academy ? 

Ma masterclass se focalise sur trois concepts : la confiance, la communication et la carrière. Je propose des conseils pour se sentir plus en confiance dans le monde du travail et comment modifier notre perspective pour la rendre plus positive. J’enseigne aux femmes comment communiquer de manière plus percutante et plus confiante, et elles apprennent ensuite à gérer leur carrière de manière à s’épanouir. Tous ces éléments sont directement liés à la volonté d’aider les femmes à s’épanouir dans le monde du travail. Et si elles commencent à se comporter de cette manière, elles pousseront les gens à faire de même. 

Pourquoi pensez-vous que l’inclusion et la diversité sont des éléments importants dans les entreprises ?

C’est important sur le plan humanitaire parce que je pense qu’il est important que tout le monde soit considéré comme égal, mais aussi sur le plan économique parce que les organisations qui prospèrent vraiment sont celles qui intègrent la diversité. Plus votre personnel est diversifié, plus vous avez de chances de réussir. Il est vraiment sain de travailler et d’être entouré de personnes différentes, avec des perspectives et des points de vue différents. 

Je pense qu’il y a encore des cas où les entreprises n’intègrent pas la diversité. Nous pouvons toujours en faire plus, même au niveau individuel. Nous avons l’habitude de nous entourer de clones, de personnes qui sont comme nous, mais je pense que nous devrions être plus ouverts. Notre réseau devrait être diversifié, car c’est là que l’on grandit et c’est ainsi que l’on peut trouver des idées et des solutions différentes.

Quels sont les nouveaux défis que posent le digital pour les employés et les managers ?  

Sur le plan individuel, vous devez travailler plus dur, vous devez être d’autant plus dynamique que vous êtes à l’écran. Il faut aussi être honnête sur son environnement de travail à la maison pour que les managers sachent comment s’y adapter. Les managers doivent faire le point, s’engager davantage auprès des employés, s’impliquer. Les réunions doivent être très structurées, il faut être plus inclusif : l’utilisation de questions est vraiment utile pour s’assurer que vous intégrez tout le monde, même si une personne est particulièrement discrète dans une réunion, vous la faites participer avec une question. Veillez également à vérifier que tout le monde est bien présent, car les gens se cachent derrière leur écran. 

Un article du New York Times a souligné que lors des réunions virtuelles, qui ont été multipliées durant le confinement, les femmes avaient encore plus de mal à se faire entendre. Pensez-vous qu’il est encore plus difficile pour les femmes de s’affirmer et d’avoir confiance en elles sur les plateformes numériques ?

Je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Je pense que cela donne aussi aux femmes l’occasion d’être vraiment courageuses, d’oser réseauter parce qu’il est presque plus facile de contacter quelqu’un en ligne que de le faire face à face. En ce moment, j’incite les femmes que je coache à envoyer des emails à des personnes auxquelles elles n’auraient normalement pas osé en envoyer. Même en visio-conférence, je pense qu’elles peuvent être plus courageuses. Et si elles ne se sentent pas à l’aise, elles peuvent trouver un allié (collègue, manager, quelqu’un de confiance) qui les introduira dans la conversation. Il faut être bien préparées, activer sa caméra et paraitre dynamique et engagée pour que les gens aient envie de vous écouter parler.

Quels conseils pourriez-vous donner à une femme qui souhaite devenir entrepreneure ?

La première chose serait de le faire simplement parce que souvent on passe beaucoup de temps à faire des études de marché, à mettre en place le site web, on se cache derrière tout cela mais on doit simplement passer à l’action. Vous n’avez pas besoin de grosses sommes d’argent au début, vous pouvez commencer avec peu et ensuite si vous pensez vraiment que ça va marcher, alors investissez. Alors oui, faites-le et commencez modestement. Soyez également prudente dans la recherche de partenaires. Je pense qu’il vaut mieux commencer seule. Beaucoup de projets ont échoué parce que des gens se sont associés avec des amis à eux mais en fait ils ou elles ne travaillaient pas bien ensemble. 

De quel type de leadership avons-nous besoin actuellement selon vous ?

Je pense que nous avons besoin d’un leadership plus humain. Les dirigeants doivent être beaucoup plus honnêtes et plus vulnérables. Ils doivent se consacrer entièrement à leur travail et au bien-être de leurs employés. C’est une merveilleuse occasion pour les dirigeants de valoriser réellement les compétences non-techniques dites « douces ». Je pense que les dirigeants devraient se comporter de plus en plus comme des coaches. Ils doivent également mettre en avant la joie, l’humour dans les équipes et célébrer les réussites. 

Toutes ces choses seraient vraiment appréciées dans la situation actuelle. Si nous pouvons développer un environnement bienveillant dans les entreprises, la quantité de stress et de jours perdus à cause de la dépression et des maladies mentales diminuerait. Nous sommes beaucoup plus productives si nous nous sentons motivées et heureuses dans notre travail. 

Propos recueillis par Amélie Tresfels

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