Si la ménopause est un passage incontournable dans la vie d’une femme, elle peut aussi être une épreuve tant sur le plan personnel que professionnel. Voici quelques clés pour adoucir cette période souvent ignorée : la péri-ménopause.
En France, 17,2 millions de femmes sont ménopausées et 500 000 le deviennent chaque année. Une étape naturelle mais qui peut poser quelques tracas. La ménopause s’accompagne, en effet, de symptômes d’intensité variable d’une personne à une autre : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, sécheresse vulvo-vaginale, prise de poids, douleurs musculaires, maux de tête, arthralgie, troubles du sommeil, irritabilité, perte d’attention, manque de motivation, perte de mémoire, dépression nerveuse… Ces symptômes peuvent altérer la qualité de vie au niveau personnel mais avoir également des répercussions au travail, notamment dès la péri-ménopause.
Mal connue et peu abordée, la péri-ménopause mérite pourtant une meilleure reconnaissance dans les débats sur la santé au féminin.
La ménopause, un sujet encore tabou
Ainsi, près de 9 femmes ménopausées sur 10 (87%) déclarent avoir ressenti une gêne au travail en raison de leurs symptômes. Et 1 femme sur 4 les dissimule de peur d’être discriminée au travail. D’ailleurs 52 % ont déjà entendu des commentaires négatifs, des « blagues » sexistes, des moqueries dans le cadre personnel et/ou professionnel. C’est ce que révèle une enquête OpinionWay pour Astellas Pharma France, réalisée en mai 2025 auprès d’un millier de femmes ménopausées de 50 ans et plus. « Les femmes peuvent se réveiller fatiguées le matin à cause des bouffées de chaleur et des suées nocturnes. La journée va alors être difficile », constate le Dr Véronique Laveix-Echallier, médecin gynécologue présente lors de la conférence de presse dévoilant l’étude.
Le fait de ne pas pouvoir en parler librement et de craindre pour sa carrière accentue la pénibilité et le stress lié à cette période. « Ces symptômes peuvent être incapacitants et il peut y avoir aussi un phénomène d’isolement qui ajoute de la difficulté à la difficulté », confirme Magali Gourdon, responsable de pôle, département médical Astellas Pharma France.
Des initiatives pour améliorer la vie au travail des femmes ménopausées
Le travail est synonyme de performance, de productivité surtout à l’ère de l’IA générative. Dans ce contexte, difficile de se montrer vulnérable, plus fatiguée que ses collègues. Et même lorsque des idées émergent pour tenter de soulager les femmes ménopausées, elles peuvent être rejetées de peur de stigmatiser et desservir la cause féminine. « Je me rappelle d’une entreprise qui avait proposé de poser des jours en cas de symptômes liés à la ménopause mais les femmes des RH s’y étaient opposées. En raison de leur éducation, les femmes se disent parfois : c’est une problème féminin, on ne va pas embêter les hommes avec ça », et elles supportent.
Et puis Caroline Loisel, sociologue experte QVT/RH, souligne que « les symptômes ne concernent pas toutes les femmes». Elle suggère donc de trouver des moyens qui pourraient servir d’autres sujets, par exemple une salle de repos utilisable aussi après un congé maternité ou après le décès d’un parent. Cette initiative serait moins stigmatisante et ciblerait un public plus large. Côté employeur, « il faudrait aussi pouvoir donner plus de souplesse aux horaires de travail pour décaler la journée de travail de ces femmes afin de récupérer si elles ont mal dormi », suggère la gynécologue.
Certaines entreprises mettent déjà en place des projets pour sensibiliser leurs employés, à l’instar d’Astellas qui déploie un programme sur le sujet depuis 2024. L’entreprise propose, entre autres, à ses managers et collaborateurs des ressources sur la ménopause et fait appel à des experts externes pour former ses managers, favoriser le dialogue et briser les tabous.
Soulager les symptômes de la ménopause
Enfin, il est aussi possible d’agir à son échelle pour mieux vivre la péri-ménopause et ses symptômes. Le Dr Véronique Laveix-Echallier recommande, par exemple, de porter plusieurs couches de vêtements. En cas de bouffée de chaleur, il sera alors plus simple de se découvrir.
On évite aussi les matières chaudes comme la laine et on privilégie les celles plus légères comme le lin par exemple. Mieux vaut également avoir toujours à portée de main une bouteille d’eau pour se rafraîchir. Comme souvent, l’activité physique régulière participe à une bonne hygiène de vie et reste importante pendant la ménopause pour rester active et limiter la prise de poids.
Certains facteurs favorisent le déclenchement des bouffées de chaleur, c’est le cas par exemple des aliments épicés, de la consommation d’excitants (café, thé, tabac, alcool), d’une température ambiante élevée ou bien encore du stress. L’hypnose, l’acupuncture, le recours aux compléments alimentaires sont des approches naturelles qui peuvent aider à mieux supporter ces symptômes ou à les canaliser. Des exercices de relaxation pour réduire son stress peuvent également être bénéfiques et favoriser le sommeil. « Si on diminue ainsi les bouffées de chaleur nocturnes, le sommeil sera meilleur et il y aura moins de problèmes de concentration le lendemain au travail ; c’est un tout », commente le Dr Laveix-Echallier. Enfin, si les symptômes sont envahissants, parlez-en à votre médecin qui pourra faire un point avec vous et éventuellement envisager un traitement.
Dorothée Blancheton