Dépasser ses peurs et oser se montrer : la méthode Lucie Lebaz

dépasser ses peurs

Dans son livre « J’ai peur, mais j’y vais » aux éditions Dunod, Lucie Lebaz partage son parcours d’émancipation personnelle et professionnelle à travers le personal branding. De l’invisibilité au rayonnement, elle explique comment dépasser ses peurs et ses croyances limitantes pour s’affirmer et incarner pleinement sa singularité. Un témoignage inspirant pour toutes celles qui hésitent encore à oser se montrer, en restant fidèles à elles-mêmes.

Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire « J’ai peur, mais j’y vais » ?

Lucie Lebaz : Parce que j’ai longtemps été cette femme compétente, au beau cv… mais invisible. Cette invisibilité, j’en étais moi-même responsable. J’avais eu des expériences malheureuses en tant que salariée et j’avais construit la croyance que le problème venait de ma personnalité, que je n’arrivais pas rentrer dans le moule, alors j’ai tenté de la lisser. 

J’ai compris en me mettant à mon compte, que c’était, en vrai, mon plus grand atout. J’ai aussi vu et je vois encore trop de talents s’excuser d’exister, et parmi eux beaucoup de femmes. Depuis le début de cette aventure dans le personal branding, je l’ai toujours considéré comme un outil d’émancipation, pas “juste” de promotion.

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Comment faire taire cette petite voix intérieure qui nous sabote en permanence, le fameux « Gérard », comme vous le nommez !

Lucie Lebaz : En acceptant qu’une partie de nous ne cherche pas à nous voir changer, évoluer. On ne la fait pas taire. On apprend à ne plus lui donner le micro et à lui obéir. Gérard est là pour nous protéger de ce qu’il pense être un danger, comme un bon parent… mais il finit souvent par nous saboter et nous entraver exactement là où le tremplin est situé pour nous faire passer un niveau. 

Il faut lui parler comme à un parent dont on s’émancipe : “Merci pour ton avis, mais je gère.” 

Si notre cerveau a pu créer Gérard, il peut créer son antidote. Dans le livre, je parle d’avoir “une mère juive de poche” ou de se l’inventer. Cette mama qui croit en vous inconditionnellement, parce que c’est le meilleur des coachs pour croire en soi quand votre mental vous dit que vous n’êtes pas à votre place !

Vous dites que « tout le monde peut rayonner », impacter à son échelle. C’est-à-dire ?

Lucie Lebaz : Rayonner, ce n’est pas briller plus fort que les autres. C’est éclairer autour de soi en restant alignée avec qui on est. Et ça, c’est à la portée de toutes, même (et surtout) des discrètes.

Faut-il être une personne extravertie pour réussir à se rendre visible ?

Lucie Lebaz : Pas du tout. Dans mon livre je cite plusieurs exemples d’entrepreneurs et d’experts connus et reconnus et qui se définissent comme introvertis ou “réservés” (Alexandre Pachulski, Assaël Adary, Fanny Nusbaum, etc…). 

Ce n’est pas une question de volume, mais de vérité. L’extravertie va peut-être oser plus vite pour s’exprimer et se montrer. Pour autant, l’introvertie s’exprimera si elle ressent de fortes convictions et quand l’envie et le besoin d’exprimer une conviction est plus forte que la peur de mal la dire. 

Le personal branding, ce n’est pas du bruit : c’est de l’empreinte.

Vous insistez sur l’idée que « vous n’êtes pas un produit, vous êtes une marque ». Qu’est-ce que cela change concrètement dans sa manière de communiquer ?

Lucie Lebaz : Un produit se vend, et ça n’a rien d’unique. Allez au rayon pâtes, vous avez des marques, mais le produit ce sont des pâtes. Une marque, elle se choisit. Donc quand on se considère comme une marque et non un produit, on se place une voix distincte sur son secteur et pas un énième. Ça change tout : on ne se “vend” plus, on incarne. On n’essaie pas de plaire à tout le monde, on attire les bonnes personnes pour les bonnes raisons. Et évident, on crée de la rareté là où le produit est massif.

Comment construire une communication qui reflète à la fois sa personnalité, sa vision et son expertise ? Vous évoquez le 4C.

Lucie Lebaz : Oui c’est l’analogie avec le diamant et sa rareté. Il est important de sortir de son mental, Gérard comme je le nomme dans le livre et de prendre un pas de recul pour évaluer et auditer ce qu’il y a à construire et/ou à faire évoluer. Voici la matrice que je donne dans le livre pour mesurer l’état de son “diamant”.

  • Carat : poids en présence, engagement, fréquence de prise parole, alliances, nombre de contacts ou d’abonnés.
  • Clarté : storytelling, ligne éditoriale, message, valeurs, positionnement, singularité et lisibilité.
  • Couleur : univers de marque, style et codes visuels, totem et griffe distinctive.
  • Coupe : expérience proposée, posture, énergie, ton de voix. 

Vous répétez que « trop de réflexion tue l’action ». Comment passer du « je réfléchis » à « je me lance » ?

J'ai peur mais j'y vais - Lucie Lebaz (Ed. Dunod)
J’ai peur mais j’y vais – Lucie Lebaz (Ed. Dunod)

Lucie Lebaz : En réduisant la pression du “parfait”. Je le dis dans le livre “quand c’est parfait, c’est trop tard”. À force d’attendre, on finit par ne rien proposer ou quand le moment n’est plus pertinent. Prendre le train quand il se présente et améliorer en continu sa prise de parole, sa communication et donc le lien avec sa communauté sera toujours plus efficace à long terme. 

Avancer, ce n’est pas s’exposer à la honte, c’est s’exercer au réel. La meilleure façon de gagner en légitimité, c’est d’oser se confronter au terrain.

Quels conseils donneriez-vous à celles qui n’osent pas encore se montrer, s’exposer ou prendre la parole ?

Lucie Lebaz : Commencez petit, mais commencez. Puis répétez et amplifiez ces mêmes actions. Osez un commentaire, un post, une prise de parole en réunion, passer une tête en story sur Instagram pour se présenter. Et posez-vous cette question : qu’est-ce qui est plus inconfortable… être visible ou rester invisible encore 5 ans et devenir amer, frustré et triste de voir passer le train devant son nez et ne rien tenter ?

Vous accompagnez de nombreuses entrepreneures. Quelles sont les croyances limitantes qui reviennent le plus souvent ?

Lucie Lebaz : “Je vais souler les gens”, “je ne veux pas ressembler à ceux qui publient n’importe quoi sur LinkedIn”, “Ils vont penser que je me la raconte”, “Je ne suis pas assez experte”, “Je vais déranger” ou encore “je n’ai rien à dire d’intéressant”…

On confond souvent visibilité et vanité. Pourtant, c’est un acte de responsabilité : vos messages peuvent changer des trajectoires. Oubliez qu’on vous regarde, essayez plutôt d’etre utile et vous deviendrez inspirant.

Selon vous, en quoi le personal branding peut-il être un outil de réappropriation du pouvoir pour les femmes dans leur vie pro ?

Lucie Lebaz : Parce qu’il permet de se positionner sans permission. D’être choisie, sans se justifier. Et de ne plus dépendre uniquement du regard d’un manager, d’un client, d’un compagnon ou d’un algorithme pour exister. Assumer son identité, son positionnement, son point de vue pour les exprimer c’est un beau pied de nez aux personnes qui nous ont fait sentir “pas assez” et surtout à la partie de nous qui a osé les croire. On remet les pendules à l’heure pour être aligné non plus sur un ego fragile qui veut prouver mais sur une identité solide.

Comment rester fidèle à soi-même tout en étant percutante ?

Lucie Lebaz : En arrêtant de jouer un rôle. L’authenticité n’empêche pas la stratégie. Elle la rend plus forte. Ce qu’on dit avec sincérité a plus d’impact que ce qu’on essaie de formuler “comme il faut”.

Et vous, aujourd’hui, de quoi avez-vous encore peur… mais vous y allez quand même ?

Lucie Lebaz : De ne pas être à la hauteur de mes ambitions. La différence, c’est qu’à présent, j’y vais malgré la peur. J’y vais, parce qu’on n’est jamais totalement prête et que la peur ne constitue pas une raison suffisante de s’empêcher de vivre et de faire vivre ses rêves. C’est dans l’action imparfaite que se joue l’audace. Et puis à présent, je sais identifier quand c’est Gérard qui me parle ou lorsque c’est mon cœur, et cela change tout. 

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