Peu connues du grand public, des femmes ont pourtant changé le cours de choses en matière informatique et technologique. Programmation, jeux vidéos, fréquences, cryptage… Les innovations sont souvent le fruit d’une rencontre et d’une concertation d’idées, mais leur contribution a joué un rôle capital. Éclairage sur ces pionnières de la Tech trop longtemps restées dans l’ombre.
5 femmes qui ont marqué l’histoire de la Tech
Ada Lovelace et le premier programme informatique
Passionnée par les mathématiques depuis sa plus tendre enfance, Ada Lovelace a consacré une majeure partie de son travail aux calculs. Ses rencontres nourriront ses recherches, et elle se trouvera au premier rang de la création de l’une des premières calculatrices, aux côtés de Charles Babbage, lui-même mathématicien et professeur. Leur célèbre correspondance a par ailleurs longtemps semé le doute sur la participation d’Ada Lovelace au projet de la machine analytique. Il en ressort pourtant qu’elle est à l’origine des analyses et des instructions relatives à ce qui est aujourd’hui considéré comme l’ancêtre de la programmation informatique et algorithmique. Ses idées visionnaires formeront les fondements de l’informatique et inspireront de nombreux travaux.
C’est également de cette figure du 19ème siècle dont Chloé Hermery s’est inspirée en 2019, pour incarner l’apprentissage des métiers de l’informatique sous un nouveau genre et participer à la valorisation des femmes dans l’environnement Tech : l’Ada Tech School.
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Hedy Lemarr et les prémices de la connexion wifi
Hedwig Kiesler alias Hedy Lemarr, est une actrice autrichienne surtout connue pour son succès à Hollywood. Déclarée comme l’une des plus belles femmes de son temps, sa passion pour les sciences et la technique l’ont rattrapé lors de la seconde guerre mondiale. Alors qu’elle rencontre George Antheil, compositeur et pianiste, ils imaginent ensemble un système de brouillage des informations émises par les torpilles radioguidées. Grâce à ce système, la transmission des fréquences est protégée et empêche le détournement de ces armes. Cette technique ne représentera pas moins que les prémices de nos technologies actuelles de transmission comme la connexion wifi, le GPS ou encore les téléphones portables.
Si l’actrice et le pianiste ont déposé la demande de brevet américain au début des années 40, c’est seulement en 1962 que le brevet est reconnu. En 1997, ils reçoivent tous deux le prix de l’Electronic Frontier Foundation, qui vaudra la reconnaissance de la qualité d’inventrice à Hedy Lemarr.
Margaret Hamilton, une pionnière dans les programmes de vols spatiaux
Le monde entier connait le nom de Neil Armstrong, mais celui de Margaret Hamilton est bien moins célèbre. Pourtant, sans elle, il n’aurait sans doute pas pu devenir le premier homme à marcher sur la Lune. Après des études de mathématiques, alors qu’elle enseigne au MIT et continue de faire des recherches sur les premiers systèmes informatiques de défense, Margaret Hamilton est recrutée pour la gestion des logiciels du programme Apollo mené par la NASA. En 1969, avec son équipe, elle développe un système permettant de détecter les problèmes de priorisation des tâches. Il est aujourd’hui reconnu que ce système a permis d’éviter un accident et de réaliser correctement l’atterrissage sur la Lune.
Grâce à sa programmation, Margaret Hamilton est devenue pionnière dans l’innovation des processus de construction des programmes de vols spatiaux. C’est seulement en 2003 qu’elle se verra remettre le prix d’Exceptional Space Act Award par la NASA pour ses contributions scientifiques.
Draper Laboratory; photo restaurée par Adam Cuerden
Jean Bartik et le premier ordinateur électronique
Comme de nombreuses femmes du monde informatique, Jean Bartik (née Betty Jean Jennings) a œuvré dans l’ombre. Aux cotés de cinq autres femmes, elle a révolutionné le premier ordinateur électronique, plus connu sous l’acronyme ENIAC (Electronic Numerical Integrator And Computer). Lors de la deuxième guerre mondiale, l’armée américaine avait recruté ces femmes pour réaliser des tâches d’assemblage et de programmation relatives à une machine dont elles ne connaissaient pas l’utilité. Alors qu’elles travaillaient sur le projet à l’aveugle, elles mettront sur pied un programme capable de calculer rapidement les trajectoires des missiles.
Leur contribution à ce projet leur vaudra le surnom des « ENIAC Girls » et une mise en lumière seulement 50 ans plus tard. C’est en 1997 que le Women in Technology International Hall of Fame rend hommage à Jean Bartik et l’intègre à son palmarès des femmes qui ont contribué aux avancées technologiques.
Roberta Williams et la création de jeux vidéos graphiques
La passion première de Roberta Williams n’était initialement pas tant le jeu vidéo, que les histoires fantastiques. Mais grâce à son imagination et à ses talents visionnaires, elle se démarquera pourtant par la création du premier jeu vidéo d’aventure graphique, Mystery House, dans les années 80. Aidée de son mari programmeur, son succès a été immédiat. Il marquera le début d’une lignée de jeux vidéos graphiques et colorés, dont celui de King’s Quest qui innove dans la perception des personnages. Le couple fondera aussi sa propre startup : On-Line Systems, qui deviendra Sierra On-Line, une société de développement et d’édition de jeux vidéos très populaire.
En mars 2020, Roberta Williams recevait un « Pioneer Award », une récompense des Game Developers Choice Awards. Une façon de rendre hommage à cette créatrice pionnière dans l’univers des jeux vidéos et l’avancée technologique à travers la narration graphique.
On pourrait également citer Grace Hopper (le premier compilateur), Joan Clarke (le décryptage d’Enigma avec Alain Turing), Katherine Johnson (chercheuse à la NASA sur le calcul des trajectoires de vols spatiaux), et plus récemment Megan Whitman (Présidente de Ebay puis CEO de HP), Marissa Mayer (ingénieure chez Google puis PDG de Yahoo), Mitchell Baker (CEO de Mozilla Foundation) et bien d’autres encore…
Noémie Meulan
