Comment ce projet fait écho à votre trajectoire personnelle ?
Valérie Falala : Yapuka, c’est le mot que l’on se dit lorsque l’on est prêt à passer son entretien à l’oral ! D’un point de vue personnel, j’ai été beaucoup sollicitée en tant que DRH pour préparer les jeunes aux entretiens oraux. Au fur et à mesure, j’ai développé ma méthode qui prépare aussi bien un bachelier à son entretien d’admission dans une école qu’un élève-avocat au passage du barreau. Je suis amie avec Sandra depuis de nombreuses années, et c’est avec elle que l’idée de cette plateforme a émergé afin que ce ne soit pas que les jeunes avec du réseau qui puisse accéder à ces conseils. C’est un point qui me tient à cœur car je suis aussi animatrice pour Eloquentia, un programme éducatif qui permet aux jeunes issus de milieux défavorisés de se former à la prise de parole en public.
Sandra Le Grand : De mon côté, j’étais davantage sur l’aspect entrepreneurial puisque j’ai monté CanalCE/Kalidea en 2000. J’entraînais aussi beaucoup de jeunes entrepreneurs au pitch. Avec Valérie, nous sommes parties du constat que les soft skills sont de plus en plus demandées par les recruteurs, et l’oral est l’une de ces compétences fondamentales.
D’après vous, l’oral et l’éloquence sont le nouvel ascenseur social…
Valérie Falala : Oui, et je l’observe clairement à travers les concours de lecture à voix haute qui vont permettre aux jeunes d’être tous égaux, peu importe leur milieu d’origine. L’oral, c’est aussi une manière de se différencier. Notre méthode encourage les jeunes à faire un gros travail d’introspection. Le but n’est surtout pas d’en faire des clones : chacun doit trouver sa singularité.
Sandra Le Grand : Que ce soit à travers le grand oral du bac ou encore les épreuves d’admission des écoles, on se rend compte que l’oral a pris une place très importante. Qu’il s’agisse d’une école ou d’une entreprise, désormais, on achète avant tout une personnalité.
Pensez-vous que les jeunes n’y sont pas encore assez préparés, ou les choses changent ?
Valérie Falala : Les choses changent, notamment grâce au découpage des classes qui permet aux élèves de prendre plus facilement la parole. De la même façon, la multiplication des expériences comme le rapport de stage à l’oral en troisième permettent aux jeunes de muscler leur confiance en eux.
Vous évoquiez tout à l’heure l’importance de proposer aussi vos services aux étudiants les plus modestes, comment y parvenez-vous ?
Sandra Le Grand : Yapuka fonctionne sous forme de packages individuels qui démarrent à 90€ pour une séance d’1H30. Après, les tarifs varient selon l’expérience du coach sélectionné. Nous travaillons aussi avec des écoles (ingénieur, commerce, mode…) ce qui nous permet de couvrir plus de profils. Pour ouvrir nos services aux personnes issues de milieux plus défavorisés et qui ne sont pas dans ces écoles, nous travaillons avec des fondations comme Un avenir ensemble. Nous sommes justement en recherche de fondations d’entreprise qui sont dans les domaines de l’emploi ou encore de l’insertion. Et nous nous internationalisons avec la mise en place de bootcamps sur la prise de parole. Prochainement, nous allons au Maroc !
Quelles sont les plus grandes difficultés que rencontrent les jeunes en entretien ?
Valérie Falala : Ce sont finalement celles que nous avons tous ! Avoir le cœur qui bat la chamade et surtout, ne pas avoir suffisamment structuré son discours avant l’entretien. Dès lors, il devient difficile d’établir en direct le lien entre son parcours et son projet scolaire ou professionnel. Donc il ne s’agit pas que de travailler la forme (non verbal, respiration, regard, voix), mais aussi le fond. Il ne suffit pas d’être à l’aise pour réussir un entretien !
Concrètement, comment se passe un training avec Yapuka ?
Valérie Falala : Notre méthode repose sur 3 fois 1H30 d’entretien en face à face avec du travail personnel entre les rendez-vous, soit 10H au global. Nous avons aussi des entretiens « SOS » d’1H30 pour se préparer en urgence ou encore pour dénouer un point bloquant.
Sandra Le Grand : La première séance repose sur la connaissance de soi, la seconde sur l’identification des leviers personnels et la troisième est une simulation d’entretien. C’est une méthode très accessible qui génère 98% de réussite ! Nous ciblons aussi bien les bacheliers que les étudiants ou même les jeunes actifs. Nous voulons être des accompagnateurs de talents à toutes les étapes de vie et permettre à chacun de prendre confiance en soi à l’oral, même sans objectif précis. Pour cela nous nous appuyons sur plus de 130 entraîneurs et coachs aux profils très variés, qui évoluent dans des univers différents. A ce jour, Yapuka a accompagné plus de 10 000 jeunes depuis la fin 2017.
Vous avez lancé l’entretien vidéo différé, de quoi s’agit-il ?
Valérie Falala : C’est une méthode très pragmatique venue des pays anglo-saxons qui consiste à présélectionner les candidats non pas sur leur CV mais sur des vidéos de 5 minutes. De grandes entreprises comme LVMH, Canal + ou Chanel l’utilisent. Les candidats ne peuvent pas revenir en arrière et doivent donc être en mesure de répondre spontanément aux questions, et de façon structurée. Nous permettons aux jeunes de tester gratuitement ce format sur notre plateforme.
Sandra Le Grand : Cette offre gratuite n’est pas suivie d’une analyse. Nous avons aussi un test de personnalité gratuit pour les jeunes. C’est une porte d’entrée pour leur donner envie de s’entraîner !
Propos recueillis par Paulina Jonquères d’Oriola
>Faire fructifier son réseau : les conseils de Sandra Le Grand
