Réussir son entretien d’embauche en 10 questions

Réussir un entretien d’embauche, ça se prépare ! Gilles Payet*, journaliste, formateur et coach spécialiste de l’emploi, répond à toutes nos questions pour briller le jour J.

On peut se préparer de manière classique à un entretien, mais comment faire face à l’imprévu ?

Gilles Payet : On n’y arrive jamais tout à fait, mais le fait de travailler un entretien en amont vous permet d’être davantage en confiance le jour J. Vous pouvez aussi jeter un œil à la rubrique « les 125 questions posées en entretien », sans préparer une réponse, juste pour les lire (rendez-vous sur le blog de Gilles Payet, ndlr). Cela vous permettra de définir le champ des possibles.

Gilles Payet Si l’on est de nature très stressée, quelles astuces peut-on utiliser ?

Gilles Payet : Là encore, on travaille cela avant l’entretien et notamment en insistant sur le paramètre de la confiance en soi. Le jour de l’entretien, vous pouvez utiliser la respiration complète pour abaisser les tensions au niveau du plexus solaire. Ce n’est pas psychologique, c’est physiologique ! Quand les poumons se vident, cela fait un massage interne et enlève 80% des tensions dans le ventre.

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Vous pouvez aussi vous aider de la respiration chiffrée. Lorsque vous êtes dans la salle d’attente, vous pouvez également avoir recours à la méthode de la visualisation positive : vous voir en train d’échanger une poignée de main souriante avec votre interlocuteur. Car quand on est anxieux au contraire, on imagine de mauvais scénarios… il faut rééquilibrer la balance émotionnelle.

On lit souvent que pour réussir un entretien, il faut aussi savoir écouter…

Gilles Payet : Oui, c’est déjà écouter les questions pour pouvoir donner les bonnes réponses. Plus généralement, c’est la nécessité de ne pas axer le discours sur soi : avoir l’obsession de l’autre durant l’entretien ne peut qu’être une stratégie payante. La première qualité d’un commercial, c’est l’écoute pour pouvoir cerner les besoins de l’autre. Un conseil : évitez le monologue de 5 à 10 minutes lorsque vous vous présentez ! A moins d’être un conteur né, nos propres histoires n’intéressent personne.

Ce qui mobilise le recruteur, c’est aujourd’hui et demain, comment vous allez booster les ventes de l’entreprise par exemple, pas votre passé. Venir avec des idées est aussi plus que pertinent pour montrer ce que vous pouvez apporter à la société. Après, les idées seront intéressantes ou non, mais vous aurez su capter l’attention de votre interlocuteur. Enfin, lorsque l’on vous demande si vous avez des questions, il est essentiel d’en poser. Autrement, cela montrera un manque de vivacité d’esprit ou d’intérêt pour le job.

En clair, pour être percutant, il faut avoir l’esprit de synthèse et illustrer ses propos ?

Gilles Payet : Oui, il est très difficile d’être bon quand on se lance dans un long discours. Mieux vaut être concis, mais avec une densité de mots importante. Une bonne présentation ne dure que 30 secondes. Il s’agit de donner les mots clefs sur lesquels le recruteur pourra rebondir. L’autre conseil, c’est de citer un maximum de cas concrets dans vos réponses. On peut même faire le récit d’un échec, mais montrer que l’année suivante, on n’a pas reproduit le même schéma. Pour ce faire, n’hésitez pas à venir avec des exemples de vos réalisations pendant l’entretien. Parler des concurrents, raconter une anecdote dans son business, bref, faire du storytelling est une bonne stratégie.

Comment ne pas donner l’impression de nous « survendre » quand on parle de nos qualités ?

Gilles Payet : Parler de ses qualités et talents est intéressant et important. Bien entendu, la réponse ne doit pas être exagérée comme pourrait le faire un junior qui prétendrait avoir fait le tour du métier. Pour vendre ses talents, il faut, là encore, être factuel. J’invite tout le monde à tenir un « carnet de réussites », qu’elles soient dans la vie quotidienne (faire sourire un voisin ronchon), ou dans le monde professionnel (gérer son stress lors d’une présentation orale). Avant de convaincre les autres, encore faut-il nous convaincre nous-mêmes de nos talents.

Réussir ses entretiens d'embaucheLorsque l’on nous pose la fameuse question des défauts, on a souvent tendance à donner des réponses stéréotypées, y a t-il une bonne attitude à avoir ?

Gilles Payet : Cette question n’a plus trop de sens pour moi, mais elle est toujours posée et demeure anxiogène. On a tendance effectivement à donner des réponses toutes faites comme « je suis perfectionniste ». Ce que je conseille, c’est de répondre à l’envers avec une qualité que l’on maîtrise moins dans certaines situations. Par exemple « à la fin de la semaine, il m’arrive de manquer de patience avec les clients ». On ne s’auto-flagelle pas, mais on reste sincère en prenant un exemple tiré de notre vie professionnelle.

La communication corporelle compterait pour 50% dans le jugement du recruteur, quels sont les gestes à éviter ?

Gilles Payet : On dit qu’avoir les bras croisés par exemple n’est pas bon ou que tenir un stylo est mauvais… Je trouve que c’est un peu du blabla, ou du moins, croiser les bras c’est perdre une chance d’appuyer notre discours avec les mains. En revanche, ce qui est fondamental pour moi, c’est de regarder les gens dans les yeux lorsque vous leur parlez, car il n’y a rien de plus agaçant et déstabilisant qu’une personne qui regarde ailleurs.

Une bonne technique à adopter est aussi de caler vos gestes sur ceux de l’autre, cela crée une connexion inconsciente supplémentaire. Enfin, souriez ! C’est un sésame extraordinaire, même quand on aborde des sujets sérieux.

Quand on nous pose une question à laquelle on ne sait pas répondre, faut-il tenter de « broder » ?

Gilles Payet : Non, clairement, il vaut mieux dire « je ne sais pas ». En revanche, s’il s’agit d’une question un peu provoc’, d’une mise en situation, faîtes-vous plaisir en improvisant, votre interlocuteur le sentira.

Faut-il aborder la question de la rémunération durant l’entretien ?

Gilles Payet : Non, ce n’est pas à vous d’en parler, il faut en discuter le plus loin possible dans le processus de recrutement, comme au troisième entretien dans une procédure classique. Vous serez moins nombreux et saurez que le recruteur vous veut vraiment. Vous négocierez toujours dans une fourchette pré-établie et tenterez d’atteindre la fourchette haute.

Après l’entretien, quels sont vos conseils pour bien relancer ?

Gilles Payet : Si c’est une candidature spontanée, inutile de vous dire qu’il faut relancer sinon cela ne sert à rien. La relance se fait alors par téléphone. Autrement, lors de votre entretien, il faut demander à quel moment vous pourrez vous permettre de relancer votre interlocuteur. Si vous n’avez pas posé la question, relancez au bout de 15 jours par mail.  Si vous n’avez pas de réponse, vous pouvez relancer une seconde et dernière fois 15 jours plus tard.

*Gilles Payet est l’auteur du livre Réussir ses entretiens d’embauche aux éditions Prat. Il anime quotidiennement une rubrique sur France Bleu et répond aux questions des auditeurs sur leur recherche d’emploi. Vous pouvez aussi le retrouver sur son blog, Questions d’emploi.

Photo : ©20 minutes.fr

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