Alors que la norme devient rapidement obsolète, la pensée marginale s’impose comme un levier puissant pour quiconque aspire à se distinguer. Bien plus qu’une simple technique, c’est une philosophie d’action qui transcende les attentes, repousse les limites et permet de se hisser au-dessus de la mêlée. La pensée marginale n’est pas une question de quantité d’effort supplémentaire, mais de qualité : elle consiste à identifier et à exploiter ces petites différences qui, cumulées, produisent des résultats extraordinaires.
Patrick Boëdec, auteur de “Penser marginal”, nous explique comment cette approche peut transformer notre quotidien professionnel.
Quelle est votre définition de la pensée marginale ?
Patrick Boëdec : C’est savoir faire le petit effort supplémentaire qui n’est pas primordial par rapport à votre investissement de temps ou aux ressources déjà engagés mais qui donne un impact phénoménal sur le résultat final. “Penser marginal”, nécessite d’être généreux dans son implication, pour dépasser les normes existantes, les attentes, et franchir un niveau supérieur. C’est une question, d’ambition, de détermination, d’altitude ; une fois, ce degré d’exigence atteint, il n’y a plus de retour possible. “Penser marginal” est une manière exaltante de faire toujours mieux et de prendre une longueur d’avance sur les autres.
En quoi peut-elle nous aider dans notre quotidien professionnel ?
Patrick Boëdec : Cela change une multitude de facettes au quotidien.
C’est augmenter son degré de rigueur aussi bien dans à la qualité de ce que vous faites que dans celle que les autres réalisent pour vous. Cela consiste à tirer vos collaborateurs ou collègues vers le haut ; les aider à raisonner de manière plus structurée, plus systématique, plus approfondie. Élever votre niveau d’attentes, challenger vos interlocuteurs sur leurs convictions, leurs décisions dans le but de les
faire progresser.
Cela implique de travailler plus vite en traquant toutes les pertes de temps inutiles, et de manière plus efficaces en gérant mieux ses priorités. Les gains de temps obtenus permettront de prendre du recul pour mieux observer votre entourage ; repérer les signaux faibles, comprendre le non-verbal, leur accorder du temps. Non seulement vous serez la personne la mieux renseignée, mais les gens iront spontanément vers vous, vous imposerez votre tempo plutôt que subir celui des autres.
Votre livre est une invitation à se concentrer sur le résultat plutôt que sur le processus, quel est le rôle de cette pensée marginale dans ce résultat ?
Patrick Boëdec : Que l’on le veuille ou non, seul le résultat compte, personne ne se contentera de justifications pour expliquer une contre-performance.
Être focalisé sur l’accomplissement implique de visualiser avec précision le but recherché, ce qui sera différentiant sur le marché ou en interne. C’est ensuite choisir le chemin le plus court, le plus direct, le plus rapide pour y parvenir. La “marginalité” c’est privilégier la simplicité à la complexité, c’est aller droit au but sans détour, c’est dire ce que l’on a à dire, c’est écrire que l’on pense, c’est traiter les problèmes dès qu’ils apparaissent avec pragmatisme.
Vous dites que le marginal, c’est savoir communiquer, qu’entendez-vous par là ?
Patrick Boëdec : Vous êtes jugé sur la manière dont vous vous exprimez, cela détermine votre maîtrise, donc la confiance que les gens vous accordent.
N’oubliez pas qu’il s’agit de l’empreinte que vous laissez dans la mémoire de vos interlocuteurs. Les gens doivent se souvenir de vous avec un “Waouh“dans la tête et cela ne s’improvise pas, c’st le fruit d’un processus et d’un niveau de préparation élevé.
Communiquer, c’est transmettre, convaincre, mobiliser, influencer mais c’est aussi construire son réseaux interne et externe.
Dans le monde anglo-saxon il est courant de dire qu’un manager doit consacrer 20% de son temps à construire son carnet d’adresse et à renforcer son niveau d’introduction parce que la qualité du réseau est directement liée à sa capacité à réaliser.
En communiquant de manière plus pertinente, les personnes qui pensent “marginal“; progressent plus rapidement parce qu’elles consentent ces efforts de communication qui, à la fin, font la différence en termes de crédibilité.
Selon vous, quels sont les attributs du leader de demain ?
Patrick Boëdec : Le premier attribut consiste à prendre le temps de séparer l’important du superflu, du général du spécifique, c’est faire preuve d’une capacité exceptionnelle de synthèse, à mon avis, c’est le summum de l’excellence. C’est en rendant les choses simples et accessibles que vous devenez convaincant et charismatique, les gens n’aiment pas ce qui est dur et compliqué. Ils suivent les gens qu’ils comprennent facilement.
Le second attribut est sans aucun doute la capacité à voir loin ; nous sommes constamment immergés de données, de rapports divers et variés… Toutes ces pièces de puzzle prises individuellement sont parcellaires, mais le leader saura les agréger pour les transformer en opportunités bien avant tout le monde.
Enfin le leader a un devoir impérieux de faire monter en compétence les membres de ses équipes, ceci est d’autant plus important si l’on considère le tsunami technologique dont on voit l’ampleur quotidiennement. Votre meilleur KPI sera lorsque vos collaborateurs vous diront, “je n’ai jamais autant appris qu’avec vous“; vous saurez que le temps et les conseils, cette partie marginale que vous leur aurez consacrée a été fructueuse.
Ces trois attributs de leadership découlent d’une bonne maîtrise de la méthode “Penser marginal”.